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La porte senufo, une porte qui s'ouvre sur l'éternité.
Ouvrir une porte, c'est s'ouvrir soi-même à un espace différent. Suivant le style de la porte on s'attend aussi à entrer dans une ambiance différente. Alors ouvrons une porte senufo...
La porte senufo
Elle est sculptée d'animaux aquatiques, tortue, crocodile, serpent. Elle peut représenter un troupeau d'animaux, antilopes ou vaches, et des hommes occupés à leurs tâches artisanales et agricoles. Elle peut aussi représenter un calao qui symbolise la mémoire traditionnelle, ou le masque kpéli qui, avec le même sens, est le seul à avoir visage humain chez les Senufo. Cette porte protège la demeure d'un chef ou celle des ancêtres. Ecoutons ce qu'elle veut nous dire... à travers le drôle d'écusson carré, barré d'une croix de St. André que l'on trouve représenté en son milieu.
Une forêt sacrée de forgerons senufo près de Sinématiali1.
Un chant du bois sacré dit que le jour où il y eut le premier mort dans le village, personne ne savait ce qu'était la mort. Alors « Klotiolo » (Dieu) envoya successivement et sans succès, les masques kagba et nasolo, pour expliquer la mort. Il envoya aussi wabou qui, comme les autres masques, brisa tout sur son passage et fit fuir les habitants, tant ils avaient peur. Alors il envoya l'araignée en compagnie de nangpelege, un masque encapuchonné qui parle à travers un mirliton et porte un fusil factice pour chasser le mal. Tous deux se fabriquent alors un village spécial conçu comme une toile d'araignée, avec quatre cases et quatre chemins. Les hommes ont alors accepté de venir dans ce village où on explique la mort. Cette disposition correspond à celle des bois sacrés où l'on enseigne dans le secret de l'initiation, le respect des traditions. Cet enseignement donne le moyen de réaliser au mieux le destin de l'homme. Cela part justement de l'initiation reçue au bois sacré pour s'accomplir au moment de la mort dans l'accession à la condition d'ancêtre. Cette condition est éternelle.
Le croquis du P. Knops, daté de 1926-36, décrit le bois sacré où on apprend à n'être rien, pour devenir sexuellement, socialement, humainement, un homme2. 1 : Zinzange : enclos fait de rondins superposés.
2 : Bagu : case du surveillant.
3 : Kahakolgo ; sentier vers le village.
4 : Siegkolgo : sentier vers les plantations.
5 : Lohogkolgo : sentier vers le ruisseau.
6 : Gpahawele : portique d'entrée.
7 : Kangolo : bois intouchables.
8 : Podiali : idem.
9 : Tiokaha : enclos des initiés (village de femmes, pas encore hommes).
10 : Niong : entrée (bouche) de l'enclos.
11 : Tegpaha ; case dite de la panthère.
12 : Tiélégpaha : case dite de l'arachide.
13 : Zandia : linteau du niong.
14 : Kurlolo : maillet de bois placé près du zandia (sonnette).
15 : Zolo : tas de cendre pour uriner.
16 : Ponon : lieu de sacrifice des chiens errants.
17 : Tiergué : fagots surélevés pour les effets et ustensiles.
18 : Polo : case pour des surveillants en sur nombre.
19 : Lohotio : cône de terre portant un pot d'eau pour les ablutions.
20 : Pongpaha : case pour le tambour pongbwé.
21 : Péré : Phallus de terre recouvert d'un abri où l'on dépose les balais.
22 :rondins servant de sièges.Dans le quatrième enclos rien ne concerne l'initiation.
23 : trois petites cases devant lesquelles il y a un récipient d'eau et une statue d'ancêtre pour les sacrifices.
24 : socle de terre où repose le masque Korunbla, lors du décès d'un forgeron. 1 : case du surveillant.
2 : bois posés en rond pour les initiés.
3 : cases de l'arachide.
4 : case de la panthère.
5 : Péré et son abri à balais.
Au premier plan des bois intouchables.