Vous êtes ici

Le château de Frankenbourg

Auteur(s): 

Sur la crête gréseuse du Schlossberg, à une altitude de 703 mètres, se dressent les ruines du château de Frankenbourg. Bien qu'il soit peu représentatif, ni par sa conception ni par sa construction, son ancienneté et sa longévité, environ 5 siècles, en font tout l'intérêt. Il offre aux randonneurs un panorama de 360° sur la plaine d'Alsace.

 Historique Le château fut probablement édifié au début du XIIe siècle car le nom des Frankenburg est mentionné pour la première fois en 1123 dans une charte de l'empereur Conrad III. Ils s'établissent à Werde vers 1185 et prennent le nom de Frankenbourg-Werde. Le château du Frankenbourg n'est plus dès lors qu'une résidence secondaire. La famille devient rapidement très puissante. Vers 1196, l'empereur Henri IV leur octroie la charge du landgraviat de la Basse Alsace. Mais un siècle plus tard, les revers financiers contraignent les Frankenbourg à vendre le château et la charge, qui échoient en 1359 à l'évêque de Strasbourg. Celui-ci, à cause des guerres qu'il mène avec la ville de Strasbourg, doit engager le château à plusieurs reprises. Il finit par le vendre en 1411 à Burcard de Lützelstein, dont les fils commettent tant d'exactions qu'ils sont forcés à l'exil. Le château revient alors au Grand Chapitre de la Cathédrale, qui l'administre jusqu'en 1789.

Description du château Les ruines témoignent de plusieurs périodes de construction. Les parties édifiées au XIIe siècle sont en pierres à bossage mal taillées et mal assemblées, de même que les ajouts du XIIIe s., sur lesquels apparaissent cependant les trous de pinces de levage. L'appareil de la seconde moitié du XIIIe s. est de bien meilleure qualité, en petits blocs à bossage. Dans les phases suivantes, on a préféré des blocs équarris à la fin XIIIe - début XIVe et de petits moellons à la fin du XIVe et au XVe s.

Le sentier d'accès nous mène à une esplanade. Elle est commandée par une porte qui daterait du Xe s., dont les montants de grès ont été qualifiés à tort de menhirs. L'enceinte basse (H) est très mal conservée ; elle fut peut-être construite en plusieurs fois car la partie est semble de meilleur qualité que la partie ouest. Elle est précédée au nord et à l'ouest par un fossé. Elle suit le pied de l'enceinte du château, sauf à l'est où elle enferme une vaste cour (I). La porte en chicane (A), au nord-ouest, donnait accès à une seconde porte (B). On gagnait ainsi une porte simplement percée dans le mur est de l'enceinte. Cette porte date de la première phase de construction et dut être renforcée à l'époque moderne par un ouvrage triangulaire à deux étages (D) muni de couleuvrières. 

L'enceinte du château suit le rebord du Schlossberg, ce qui lui donne une forme polygonale, plus irrégulière au nord. La seule tour est au sud (C). De tous côtés, la vue est dégagée : sur la vallé du Giessen au nord, sur celle de la Liévrette au sud, mais aussi sur les sommets environnant du massif de l'Altenberg. Du système défensif subsistent deux meurtrières dans l'angle sud-est de l'enceinte.

Le donjon cylindrique (G) n'appartient pas à la conception primitive. Il fut construit dans la 1e moitié du XIIIe s. Il est d'un bel appareil, le meilleur du site : pierres bien taillées et assemblées, lisses à l'intérieur et à bossage à liserés minces à l'extérieur ; les marques lapidaires y sont nombreuses. Une voûte d'arêtes en briques remplace vraisemblablement le plafond originel. A l'étage, une passerelle reliait le donjon au logis seigneurial (E) accolé au mur est de l'enceinte. La partie principale du château était la salle des chevaliers (F) qui s'appuie sur le mur ouest. Contrairement à ce qu'on observe dans la plupart des châteaux, elle se situe au rez-de-chaussée.1 Tous ces locaux d'habitation ont quasiment disparu. Le site du Frankenbourg comprend aussi des enceintes préhistoriques

  • 1. La même disposition se retrouve au Lutzelbourg, où elle peut être datée de la 1e moitié du XIIe s.