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Le fanum d'Oisseau-le-Petit (Sarthe)

L'état final de ce fanum date de l'occupation romaine. Si son état premier reste inconnu, il est intéressant de constater la persistance d'une forme de bâtiment celte dans un milieu romanisé.

 Les fouilles, entre 1991 et 1997, ont surtout porté sur un fanum, qui a été entièrement étudié et que l'on a restauré et couvert pour le protéger et en donner une image proche du volume initial. Toutefois, le site d'Oisseau-le-Petit, vraisemblablement une agglomération secondaire, comprend aussi un tissu de rues orthogonal (A) qui délimitent des îlots d'habitation et de boutiques. Dans ce réseau s'insèrent des bâtiments publics et religieux : temple, thermes, théâtre etc.

Le fanum est bordé à l'est et à l'ouest par des rues nord-sud. Au delà de ces deux rues, les fouilles ont révélé d'autres édifices qui n'ont pas encore été fouillés. Au nord du fanum subsistent les vestiges des murs d'autres bâtiments (B) ; au sud, un édicule (C), de 4 m de côté environ, enferme un puits profond qui fut comblé dans la 2nde moitié du II e s. ap. J.-C.

Le plan du fanum qu'ont révélé les fouilles se compose de quatre enceintes quadrangulaires imbriquées les unes dans les autres. Les deux plus grandes appartiennent au portique qui entoure le sanctuaire (D). Le mur extérieur forme un trapèze rectangle d'un vingtaine de mètres de côté. Il est doublé par le soubassement des supports d'un portique péristyle ; la largeur différente des quatre ailes permet de rattraper la forme plus régulière d'un trapèze isocèle. L'entrée se trouve à l'est, sur la rue (E). C'est de ce côté que le portique est le plus étroit. On pénétrait dans une cour de 15 m ce côté environ (F).

Le fanum s'élevait au milieu de la cour, légèrement décentré vers le sud. Il présente un plan en deux carrés concentriques (G). On peut sans doute le reconstituer comme une galerie entourant un bâtiment central plus élevé constitué d'une seule salle. La galerie avait 9 m de côté, la salle 4 m. L'entrée de cet ensemble correspondait à peu près à celle du péribole. On accédait au niveau de la galerie par un escalier bordé de deux murets (H).

Ce fanum est intéressant à plus d'un titre. Ce type de bâtiment appartient à la civilisation des Celtes. On le rencontre dans différentes régions, en particulier dans l'Est de la France et en Allemagne. Nous ne connaissons pas l'état originel de celui d'Oisseau-le-Petit. L'état que nous ont révélé les fouilles est visiblement un aménagement à la mode romaine, comme l'est sans doute le réseau orthogonal des rues. L'insertion dans un milieu gallo-romain d'une forme celte montre la persistance des cultes antérieurs sous l'occupation romaine. Elle traduit ainsi la manière dont les populations gauloises se sont approprié des formes romaines et les ont adaptées à leurs besoins particuliers. On sait que les Romains n'ont pas cherché à imposer leurs cultes. Bien au contraire, en laissant toute liberté dans ce domaine aux peuples qu'ils avaient conquis, il favorisaient la fusion entre les autres cultures et la leur.