Vous êtes ici

Les colonnes du château Rohan de Saverne

Le 8 septembre 1779, un incendie ravagea le château Rohan de Saverne. On commença à le reconstruire, mais la Révolution interrompit les travaux. Lezay-Marnésia, en remployant des éléments architecturaux, pouvait faire avancer son projet tout en réalisant une belle économie. L'état de frais daté du 30 octobre 1812 concerne le transport de onze colonnes récupérées au château et nous renseigne sur le lieu de leur implantation1.Cinq de ces colonnes sont parvenues jusqu'à nous. Une sixième, à Obersoultzbach, fait sans doute partie de ce lot car ses caractéristiques sont identiques.
Le nombre exact des colonnes qui viennent du château de Saverne reste difficile à déterminer. Selon Yves Bonnel, « le grand vestibule, qui faisait suite au grand salon, était une sorte d'immense péristyle dont le plafond était soutenu par deux rangées de six colonnes »2. L'état de frais n'en cite que onze. Celle d'Obersoultzbach, commune qui ne figure pas dans le document, pourrait être la douzième. Il se peut aussi qu'elle soit une de celles du document dont nous avons perdu la trace : dans ce cas, elle aurait été déplacée, ce que semblent montrer les restes d'une première inscription. Toutefois, Henri Heitz, dans le fascicule qu'il consacre au château, affirme que le plan de l'édifice ne porte que dix colonnes3.

Toutes ces colonnes sont en grès et d'ordre toscan. Initialement, elles avaient une hauteur totale de 6 m et une hauteur de fût de 5 m. Chacune repose sur un dé surmonté d'une plinthe en léger retrait. La base est attique4. Le fût est composé de tambours qui, sauf exception, sont de hauteurs sensiblement égales sur chaque monument. Le tambour de faîte est partout plus épais. La pièce de la base amorce le cylindre du fût, tout comme celle du chapiteau le termine. Les chapiteaux diffèrent légèrement5. Le tailloir est toujours très plat. Les inscriptions sont soignées. Celles qui subsistent sont gravées dans la pierre, souvent dans un cartouche. Sur certaines colonnes, le cartouche est vide de toute gravure : sans doute une plaque de bronze qui portait les indications y était-elle insérée.
Telles sont les caractéristiques de ces colonnes. Un revêtement de stuc rattrapait vraisemblablement leurs légères différences lorsqu'elles ornaient le château. En particulier, on avait dû effacer ainsi les joints des tambours, toujours très apparents sur nos monuments. Il a fallu toutefois adapter quelque peu ceux-ci à leur nouvelle destination. Sur les colonnes d'Eckartswiller et de Wolschheim, par exemple, on a inséré un tambour supplémentaire pour les inscriptions : il est moins épais que les autres et, à Wolschheim, il rompt franchement la ligne du fût.

  • 1. Etat des frais occasionnés par les transport de onze colonnes placées à différents points, ou croisements des Routes Impériale et Départementales dans le Département du Bas Rhin, par le Directeur des travaux cantonaux du cercle de Saverne ; à Saverne le 30 8bre 1812, Ruetschmann. Le document est cité ci-après sous la référence : Ruetschmann. Nous le donnons en entier, mais en le divisant selon la rubrique consacrée à chaque colonne. La lecture de ce document dit assez comment on a transporté et placé ces monuments.
  • 2. BONNEL Yves, op. cit..
  • 3. HEITZ Henri, Le château de Saverne, Guide SHASE, 1996, p. 47.
  • 4. Deux tores encadrant une scotie.
  • 5. Le chapiteau de la colonne de Saverne est sans doute dû à la réfection.

Référence à citer

Marc Heilig, Colonnes indicatives du Premier Empire dans le Bas-Rhin, archeographe, 2018. http://archeographe.net/Colonnes-indicatives-du-Ie-Empire