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La conduite souterraine jusqu'au bassin de sortie

Le début de la conduite1 de l'aqueduc de Metz nous est donc inconnu, mais elle est souterraine 2 jusqu'au bassin de réception, soit sur 12,7 km. Elle traverse Gorze dans sa longueur3, et se dirige vers le sud-est. Elle contourne le Mont St Belin4, dont elle récupérait les eaux par une gargouille placée à 1,30 m en hauteur5. L'aqueduc fait ensuite un détour pour passer près du hameau Sainte-Catherine, sur la rive gauche du ruisseau, et suit la gorge de Parfondval6. Dans le village de Novéant, après 5 km environ, la conduite fait un coude vers le nord, en direction de Metz. Elle passe en contrebas des Rochers de la Fraze et au pied de Dornot7, longeant la Moselle dont elle s'éloigne un peu à Ancy pour former une boucle qui enferme le hameau de Rongueville8. A mi-chemin entre Ancy et Ars-sur-Moselle, l'aqueduc oblique vers l'est pour traverser la rivière. C'est, ou peu s'en faut, le tracé qui est reporté sur la gravure de Dupin-Triel.

Les opérations archéologiques ont maintes fois permis d'observer cet aqueduc. On peut le faire aujourd'hui encore à l'endroit où la D 12 l'a coupé entre Gorze et Novéant9. Il est construit comme la plupart des ouvrages de ce genre et, malgré certaines adaptations aux terrain, ses caractéristiques sont les mêmes sur tout son cours10.

On remarque d'abord qu'il n'est pas enterré profondément. Le radier11 est un massif de grosses pierres posées de chant dans du mortier ; son épaisseur varie selon la solidité du terrain. Un mortier de chaux et de briques concassées12 rend le canal bien étanche. A Augny, où V. Simon l'a mis au jour en trois endroits en 1839, l'aqueduc repose sur un soubassement de pierres taillées en tronc de cône dont la pointe est prise dans du sable ; cette base est elle-même recouverte de mortier.

Les deux murs, en calcaire gris13, sont d'un petit appareil soigné, revêtu, sur 1 m de haut environ14, d'un mortier de terrazzo de 4 à 6 cm d'épaisseur15.

Le mur de bas de pente a 0,35 m de large. L'autre est plus épais car il doit résister à la poussée des terres. On l'avait même renforcé par endroits16. A Ancy, au lieu-dit Mottes où la conduite est à flanc de coteau, ce bouclier est une maçonnerie de pierres sèches. Ce dispositif se retrouve plus loin : on a pu l'observer à Augny, des deux côtés de la conduite cette fois, avec une épaisseur de 0,75 m.

La conduite est couverte d'une voûte en plein cintre17 dont les claveaux sont assez grossièrement taillés. La hauteur du conduit, de 1,80 m entre radier et intrados, permettait le passage d'un homme pour l'entretien18. A cet effet, on avait ménagé des regards d'accès19 carrés tous les 20 ou 30 m20.

  • 1. Specus.
  • 2. Forma.
  • 3. Les Bénédictins l'avaient déjà étudiée près de Gorze. On a pu la suivre sur environ 300 m sous les maisons de la Grand Rue, où elle sert d'égoût.
  • 4. La colline Saint-Blin chez A. Grenier.
  • 5. Quatre pieds. Les publications anciennes donnent souvent des mesures en pied. Nous les avons converties en prenant pour équivalence : 1 pied = 12 pouces = 0,32484 m. 1 pouce = 2,707 cm.
  • 6. C'est le nom de la vallée de la vallée de la Gorzie. Il ne figure pas sur la carte IGN.
  • 7. Elle a été reconnue au Chemin de Belle-Vue.
  • 8. Ancy-sur-Moselle se compose de trois hameaux, Le Chêne, Narien et Rongueville (et non pas Rougeville comme on le lit dans la Carte Archéologique de la Gaule).
  • 9. Cet endroit est au bord de la route, du côté droit lorsqu'on vient de Novéant. La conduite fait alors un coude à l'intérieur des champs.
  • 10. Ce qui suit concerne l'ensemble de la conduite souterraine, aussi bien avant le pont qu'après.
  • 11. Il fait 1m de large à Augny.
  • 12. Ce mortier est épais de 6 cm sur les bords et de 8 cm au fond.
  • 13. La pierre provient sans doute de Gravelotte.
  • 14. Trois pieds.
    En 1858, V. Simon observait que les parties supérieures des murs sont assemblées à joint sec dans la gorge de Parfondval afin, pensait-il, d'en récupérer les eaux d'infiltration. C. Lefebvre en doute fortement.
    Le long de la D 12, entre Gorze et Novéant, l'appareil comprend des assises de briques. Il s'agit peut-être d'une réfection.
  • 15. Ce ciment a été observé sur 0,92 m de haut à Gorze, et sur 1,06 m à Novéant. Dans cette commune, les observations de V. Simon en 1838 donnent une épaisseur de 6 cm, chiffre que l'on retrouve le long de la D 12. A Ancy, aux lieux-dits Pornottes et Fermes, l'enduit ne monte qu'à 0,55 m de haut mais a 8 cm d'épaisseur.
  • 16. Une précaution qui pouvait suffire à contenir la poussée des terres, mais pas à empêcher les glissements de terrain.
  • 17. Elle a entre 0,15 et 0,20 m d'épaisseur. V. Simon donne 0,40 m à Novéant.
  • 18. Les mesures de cette hauteur varient selon les endroits où elles ont été faites : 1,80 m et 1,75 m en deux endroits différents de Novéant. Les 2,60 m mentionnés à Ancy correspondent sans doute à la hauteur totale de l'ensemble. Mais il semble qu'à Augny, la hauteur totale n'excède pas 1,60 m, ne laissant qu'un mètre pour le conduit. Un ouvrier s'y serait introduit difficilement et n'aurait guère pu y travailler.
  • 19. Puteus.
  • 20. Les Bénédictins en ont observé un pour lesquels ils donnent 2 m de côté. Victor Simon en a repéré quatre autres de 1,20 m de côté. La CAG présente une photo aérienne prise par D. Jacquemot sur laquelle trois de ces regards sont bien visibles dans les champs le long de la D 12. Cf CAG 57/1 s. v. Novéant.