Vous êtes ici

La légende

Les ruines du pont à arcades ont profondément marqué les esprits d'autrefois. Au Moyen-Age, elles ne manquèrent pas de faire naître une légende. On dit qu'un seigneur de Jouy1était fort épris d'une demoiselle qui vivait de l'autre côté de la Moselle. Un jour, la crue de la rivière l'empêcha d'aller retrouver sa belle. Le Diable, profitant de son dépit, lui proposa un marché : il se faisait fort, prétendait-il, de construire en une nuit un pont qui joindrait les deux rives. Le Malin ne demandait que l'âme du jeune homme pour tout règlement. Un prix dérisoire et lointain pour un esprit aveuglé par l'amour ! Le seigneur accepta donc, et le Diable se mit au travail. Il se faisait sans doute aider par ses diablotins et son ouvrage avançait rapidement. Cependant, le jeune seigneur se prit à réfléchir, la nuit venue. N'avait-il pas agi à la légère ? Le sommeil le fuyait, si bien qu'il se leva et se mit à marcher dans la basse cour. Son agitation finit par réveiller le coq, qui se mit à chanter et salua la venue de l'aube bien avant l'heure. Le Diable crut que le jour se levait, mais il n'avait pas terminé son travail. Il avait perdu le marché. De colère, il donna un grand coup de pied dans la construction. Voilà pourquoi ce pont du Diable nous est resté inachevé et brisé. Quant au jeune homme, il s'était libéré de l'emprise du Démon et, bien que l'histoire n'en dise mot, son amour pouvait se poursuivre sous les meilleurs auspices !

Le pont à Jouy.La dernière pile de la rive gauche.

  • 1. On lit parfois qu'il s'agissait d'un seigneur romain du nom de Metius. C'est confondre deux légendes distinctes. Le cycle de Metius se rapporte à la conquête de Metz et à sa reconstruction par les Romains. Cf Auguste PROST, Les légendes de Metz, 1865, p. 163 et suiv.