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Datations

On place généralement la construction de l'aqueduc durant le règne de Trajan (98-117). On sait que cet empereur a veillé à la construction d'aqueducs dans les provinces. Cette datation concorde avec l'absence de briques dans l'appareil des piliers et des arcades1 et avec la sobriété du décor du pont, mais aussi avec la construction des thermes et la romanisation complète de l'ancien Divodurum. Les thermes et nymphées, principaux destinataires de l'adduction des eaux, ont été construits dans le premier tiers du IIe s. Toutefois, les thermes St-Jacques ont succédé à un établissement du Ie s. Il faudrait donc adopter l'extrême fin du Ie ou le début du IIe s. pour la construction de l'aqueduc. Les travaux prirent plusieurs années2.

La durée d'utilisation est plus difficile à déterminer. Jusqu'à récemment, on attribuait une durée assez courte à ces édifices, mais les travaux d'A. Guillermé3 ont montré que certains fonctionnaient encore sous les Mérovingiens. L'aqueduc de Gorze ne semble pas avoir été utilisé si tard. On a trouvé dans la maçonnerie des monnaies des empereurs Constant (337-350) et Valens (364-378), ce qui prouve que des réparations ont encore été faites au IVe s. Par ailleurs, le bâtiment de l'Esplanade fouillé par J.-J. Hatt paraît abandonné au cours du IIIe s. et la conduite de l'aqueduc inutilisable au début du IVe. Vers la même époque, on constate la désaffectation partielle des thermes du Carmel. Tous ces éléments tendent à situer l'arrêt du fonctionnement de l'aqueduc dans le courant du IVe s.En ces temps agités, les moyens financiers manquaient pour entretenir convenablement un tel ouvrage. De plus, d'importants mouvements de terrain détériorèrent la conduite souterraine entre Dornot et Ars4 et firent basculer le bassin de Bonne Fontaine à 3 m en dessous du niveau du pont-aqueduc. Il faut encore ajouter l'effondrement des piles du lit du fleuve. On ignore la date de ces catastrophes5, mais les dommages étaient irréparables avec les moyens de l'époque.

  • 1. Il est vrai que le petit mur qui sépare les deux conduites sur le pont aqueduc, du réservoir d'Ars à celui de Jouy, est construit de briques triangulaires mais on a pu en fabriquer dès le premier siècle av. J.-C.
  • 2. A Rome, il fallut 12 ans pour construire l'Aqua Claudia, 5 ans pour l'Anio Vetus. A Lyon, on estime que les travaux de l'aqueduc du Gier durèrent 7 ou 8 ans, ceux de l'aqueduc du Mont d'Or 2 ans. Cf LEVEAU (P.), La construction des aqueducs, in Aqueducs romains, Dossiers de l'archéologie n° 39, octobre-novembre 1979, p. 15.
  • 3. Cf GUILLERME (A.), La destruction des aqueducs dans le Nord de la France, in Aqueducs romains, Dossiers de l'archéologie n° 39, octobre-novembre 1979, p. 94-97 et, du même auteur, La destruction des aqueducs romains, in Journées d'études sur les aqueducs romains, Lyon, mai 1977, Paris 1983, p. 167-173.
  • 4. Les précautions qu'on avait prises pour renforcer les parois ne suffirent pas à l'empêcher
  • 5. Les piles du fleuve se sont toutefois effondrées avant le IXe s. puisque Sigisbert de Gembloux en mentionne les ruines dans son Eloge en vers de la cité de Metz.