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Le Musée Français de la Brasserie à Saint Nicolas-de-Port

À Saint-Nicolas-de-Port, l'industrie de la brasserie existe au moins depuis 1786 : la brasserie du Vaisseau, dirigée par les frères Bertrand, connaîtra plusieurs propriétaires. Au début du XXe s., Jules-Léon Schwab la cède à la famille Moreau, depuis longtemps brasseurs à Vézelise. Il existait au moins une autre brasserie dans la commune : elle fut acquise en 1886 par des brasseurs de Remiremont, les Frères Courtois. Ces deux brasseries se réunirent en 1907 sous le noms des Grandes Brasseries de Saint Nicolas. En 1931-32, l'usine sera fortement modernisée. Elle absorbera les brasseries de Dombasle, de Baccarat et de Vaucouleurs, avant de fusionner avec celle de Vézelise en 1959 et de s'associer à celle de Sedan, créant ainsi un géant de la bière.

Ce fut un véritable drame régional lorsque la brasserie fut fermée en 1985. Une association, qui comprenait d'anciens ouvriers et la municipalité, empêcha que l'usine ne soit démantelée. La ville acquit le site et confia à l'association la création d'un musée autour de la prestigieuse tour de brassage, construite lors de la dernière rénovation dans le style Art-déco. Le Musée Français de la Brasserie complète ainsi fort heureusement le musée de Stenay puisqu'il a sauvegardé ce second élément majeur de cette industrie.

Achats et dons ont rapidement étoffé la collection. La salle Moreau, meublée dans ce style Art nouveau qui connut un grand succès dans la région de Nancy, présente deux vitraux que Jacques Gruber avait créés pour la salle de dégustation de Vézelise. Dans une autre pièce, des vitrines relatent l'aventure de la brasserie de Champigneulles, dernier fleuron de l'industrie de la bière en Lorraine. Le musée présente en outre les bustes de personnalitée importantes dans l'univers de la brasserie : Paul Petit (1862-1936), dont nous avons déjà parlé, Émile Dillon (1872-1931), qui fut Président de l'Union Générale des Syndicats de la Brasserie Française, du Syndicat des Brasseurs de l'Est et du Conseil d'Administration des Brasseries de Maxéville, Edmond Urion, qui dirigea l'École de brasserie et de malterie de Nancy…

La visite se poursuit par la tour de brassage. Aujourd'hui classé, le bâtiment est un remarquable exemple de l'architecture industrielle Art-déco. On y a restitué une malterie-brasserie du XVIIIe s. ainsi qu'un laboratoire de brasserie, où les paillasses et le matériel sont d'origine, qui marque pour ainsi dire l'aboutissement de l'évolution de la brasserie. On se souviendra que Pasteur a poursuivi ses travaux sur les levures non loin de là. La salle de brassage est particulièrement spectaculaire, avec ses immenses verrières et ses trois grandes cuves en cuivre flamboyant.

Le musée de St-Nicolas s'est aussi diversifié en créant une brasserie de démonstration. Son École d'été du brasseur amateur rassemble ceux qui, maintenant que les grandes brasseries industrielles ont disparu, travaillent à faire revivre l'art de la bière. L'association du musée organise aussi le Marché de la bière, où des brasseurs artisanaux peuvent faire connaître leur production au grand public. Enfin, le Salon du brasseur est le seul en France qui s'adresse aux professionnels de la profession.

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Référence à citer

Marc Heilig, Musées de la bière en Lorraine, archeographe, 2016. http://archeographe.net/musee_biere_Stenay_musee_brasserie_Saint-Nicolas-de-Port