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TARQUIMPOL
De Marsal, rejoindre la D 38 et gagner Dieuze. Dans la ville, tourner à droite et suivre la D 999. Un peu avant Gelucourt, prendre à droite la D 199, puis la route qui, sur la gauche, mène à Tarquimpol et à sa presqu'île.
La voie de Reims à Strasbourg traversait Decempagi, l'actuelle Tarquimpol1 d'est en ouest, mais son cours exact n'est pas encore assuré. D'autres routes arrivaient à cette localité.
On a trouvé à Tarquimpol des monnaies jusqu'au début du V e s. Elle résista donc longtemps derrières ses fortifications du Bas-Empire. La fin de Decempagi se situe vraisemblablement pendant la grande invasion de la fin de 406, mais Francs semblent s'y être installés car on a trouvé une grande nécropole près et en dessous de l'église. Le nom de Decempagi resurgit au VIIIe siècle, lorsque Paul Diacre, dans son histoire des évêques de Metz, parle de l'arrivée des Huns devant la localité. Pendant des siècles, le site a servi de carrière pour le village et ceux des environs.
De tout temps, le village fut le lieu de trouvailles.Les substructions gallo-romaines montrent que la bourgade était orientée différemment du village actuel. A l'entrée de l'agglomération, on a trouvé le dépôt d'outils et d'ustensiles d'un paysan vigneron ; il date du IIIe siècle et correspond sans doutes aux troubles de 275. Non loin de là apparurent les vestiges d'un grand monument de la fin de l'époque julio-claudienne ou du début de la période flavienne (éléments d'architecture sculptés, bases de colonnes) et le dépotoir d'une officine de céramique. Partout, une couche d'incendie suggère la fin tragique du vicus. Les archéologues ont aussi reconnu l'élévation du rempart de terre.
Une partie du site antique gît aujourd'hui sous les eaux de l'étang de Lindre : plusieurs lieux d'occupation gallo-romaine, dont une tuilerie, une forge et un vaste ensemble de type résidentiel, ont été relevés en 1976, alors que l'étang était à sec2. Tarquimpol réserve donc encore bien des découvertes. En 1981, une photo aérienne révéla au sommet de la presqu'île, au lieu-dit Le Vieux Château, un théâtre orienté est-ouest. Le grand axe fait entre 125 et 130 m. La cavea, les gradins, l'orchestre et le mur de scène sont bien visibles. Un bâtiment imposant, plus ancien que le théâtre, se trouve à l'ouest. Il est composé de trois murs rectilignes et parallèles qui aboutissent à une construction trapézoïdale, peut-être un temple. La cavea du théâtre empiète sur la partie nord de cet édifice.Les sculptures qui proviennent de Tarquimpol sont assez peu nombreuses dans les musées. Le Musée de la Cour d'Or, à Metz, possède une stèle funéraire de grès rouge, représentant le buste d'une femme, avec l'inscription en dessous3. Au Musée Lorrain de Nancy, une tête d'homme barbu pourrait être un fragment d'un groupe du cavalier à l'anguipède, attestant la présence de ce monument à Decempagi4.
Deux éléments de stèles funéraires sont pris dans la maçonnerie de l'église. En plusieurs endroits du village, on peut voir des chapiteaux composites de grande taille et de bonne facture. Le mieux conservé de ces chapiteaux se trouve dans l'église de Lindre-Haute.
- 1. le nom de Tarquimpol, malgré sa consonance gréco-latine, est une déformation du germanique Teich im Pfuhl. Le nom antique, que mentionnent l'itinéraire d'Antonin et la carte de Peutinger, était Decempagi. Ammien Marcellin mentionne la localité dans son récit d'une bataille entre Romains et Alamans en 356. Cf. Res Gestae XVI, 2
- 2. L'étang de Lindre est sous eau pendant deux ans, et asséché et mis en culture la troisième année.
- 3. Esp. VI, 4506. Inscription : D M SOLIDIA(E) MINUT(A)E.
- 4. Esp. VI, 4511.