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Productions particulières - Les figurines de Cyfflé
Les figurines, parfois de bonne taille, ont toujours fait partie des objets de décoration que proposait la faïencerie de Bellevue. Celles de Cyfflé tiennent toutefois une place particulière par leur style et leur technique.
Paul Louis Cyfflé est né à Bruges le 6 janvier 1724, dans une famille de ciseleurs. Après des études à l'académie de sa ville natale, il se rend à Paris en 1741 pour parfaire ses études de dessin et de sculpture. Il gagne péniblement sa vie et quitte Paris en 1746 lorsque Stanislas réunit des artistes pour ses constructions en Lorraine. Cyfflé travaille dans l'atelier du sculpteur Barthélémy Guibal à Lunéville. Devenu modeleur-sculpteur du roi, il participe avec son maître aux travaux d'aménagement de la Place Royale à Nancy et à la fabrication de la statue de Louis XV qui doit l'orner. A la mort de Guibal, le duc Stanislas accorde à Cyfflé le titre de sculpteur ordinaire en 1757. On lui doit les statues qui ornent la fontaine de la Place d'Alliance de Nancy16.
En 1758, ayant obtenu un privilège pour fonder sa propre manufacture à Lunéville, il se consacre avec Charles Gabriel Sauvage à la production de faïences fines à pâte très blanche dite terre de Lorraine, un matériau dont l'aspect ressemble à la porcelaine.
En 1763, Cyfflé acquiert la faïencerie de Saint-Clément avec Mique et Loyal. Il s'emploie à percer le secret de la porcelaine et créée ses premiers modèles de petite sculpture en biscuit. Il se retire toutefois très vite de l'affaire.
A la mort de Stanislas, en 1766, les artistes lorrains manquent de commandes. Malgré son talent, Cyfflé, en 1770, doit vendre ses moules à Lanfrey, le directeur de la faïencerie de Niderviller. Cyfflé quitte Lunéville en 177717.
La manufacture de Bellevue avait acquis des moules de Cyfflé et en tira profit à son tour18. Ces figurines connurent un grand succès, qui traversa tout le XIXe siècle. Ce sont essentiellement des statuettes et des scènes de genre, qui prennent pour thèmes la mythologie, l'allégorie et le pittoresque, mais on trouve aussi des bustes, des médailles, des portraits... La blancheur du matériau leur donne l'apparence du marbre. Elles sont réalisées avec beaucoup de grâce, les visages en particulier, sans jamais glisser dans la mièvrerie.
Ces figurines pouvaient aussi être peintes.
- 16. Ce monument, en style rocaille, célèbre le rapprochement, en 1756, des Maisons de France et d'Autriche.
- 17. Il tente alors de s'établir à nouveau en Belgique, mais l'invasion française, lors de la Révolution, fait péricliter ses affaires. Il meurt à Ixelles, le 24 août 1806, oublié de tous.
- 18. On peut en voir, ainsi que les œuvres qui en ont été tirées, au Musée Lorrain de Nancy.