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La cour et l'étage

Maison A 10.Maison A VI 5.Maison A VII 4. Quant à l'étage, que l'état de conservation du site rend difficile à concevoir dans ses détails, les fouilles attestent son existence dans nombre d'habitations au dessus du corps de bâtiment Nord, si ce n'est des ailes Est ou Ouest. On y accède par un escalier1 qui prend une certaine place dans la cour et n'est pas abrité (A VI 5). Plus astucieux est le parti adopté en A VII 4 : l'accès à l'escalier se faisait en plein air, il est vrai, mais, en revanche, rien ne le gênait et la volée, en s'enfonçant dans la pastas, était à la fois abritée et peu encombrante. Une autre solution consistait à l'installer dans la pastas (A 10) où, bien qu'entièrement abrité, l'escalier reste embarrassant et son accès peu commode. L'étage protège la cour des vents froids du Nord ; sa galerie répond à la pastas du rez-de-chaussée (PI. XIII) : elle est orientée au midi et, du fait de l'absence d'étage du côté Sud, reçoit pleinement la lumière et la chaleur du soleil. C'était très appréciable en hiver, et nous retrouvons les préceptes énoncés par Socrate dans les Mémorables. Pendant les mois chauds de l'été, nous pouvons penser que l'on s'en protégeait par des rideaux ou en trouvant refuge dans les salles plus fraîches.

Dans l'organisation de la maison grecque, la cour, par sa situation dans le plan, remplit des fonctions essentielles. A Olynthe, bien que l'espace découvert ne la pourvoie guère en eau potable, c'est par lui que l'habitation reçoit air et lumière. Il l'en protège aussi : il sert à l'évacuation des eaux usées, et les aménagements supplémentaires de la cour, s'ils la réduisent, visent aussi à y ménager des zones où la lumière et la chaleur sont plus nuancées.Centre de la vie familiale, la cour donne à la maisonnée la possibilité de vaquer à ses occupations en plein air pendant une grande partie de l'année. S'y déroulent aussi des cérémonies du culte domestique ; nous devons voir là un indice du rôle primordial de la cour à des époques antérieures à la construction d'Olynthe. On y reçoit encore les visiteurs. La cour constitue ainsi une transition entre l'extérieur et des salles fortement définies qui la relaient pour des besoins particuliers.Son rôle dans la circulation de la maison, clairement exprimé dans les habitations modestes, est plus complexe dans le plan à pastas : cour et pastas se partagent la distribution des pièces sans que semble avoir prévalu de règle véritable. La cour à péristyle rassemble les éléments dissociés de la cour à pastas, et commande à nouveau tous les ensembles de salles. Tributaire lui aussi de ces diverses dispositions, l'étage bénéficie des avantages qu'offrent la situation de la cour et son orientation, et la protège des vents froids l'hiver et d'une chaleur excessive l'été. Le texte de Xénophon prend ainsi tout son sens à Olynthe, alors que plus tard, à Délos par exemple, il le perdra en partie.Le plan de la maison à pastas est caractéristique de l'habitat olynthien et forme le module de base à partir duquel différentes variantes sont possibles ; elles se traduisent surtout dans les aménagements de la cour. Ce plan était nouveau, comme l'était l'organisation de l'espace urbain selon les prescriptions hippodamiennes dont il constitue une solution de détail. D'autres étaient envisageables, ainsi qu'on peut s'en rendre compte à Priène ou au Pirée. La cour à pastas subsistera, de façon moins systématique qu'à Olynthe : à Délos, aux lle et le siècles avant J.C., la cour associe parfois la pastas au péristyle (Maison de la Colline), comme c'est déjà le cas dans certaines habitations d'Olynthe, ou à une cour découverte (Théâtre VI M).

  • 1. Les escaliers étaient en bois. Le limon prenait appui sur une marche de départ en pierre qui est tout ce qui subsiste du dispositif.

Référence à citer

Marc Heilig, Les fonctions de la cour dans les habitations d'Olynthe, archeographe, 2006. http://archeographe.net/Les-fonctions-de-la-cour-dans-les