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Ce qu'en disent les historiens aujourd'hui.

Arbogast, d'origine franque, évêque de la seconde moitié du VIe siècle, serait issu d'une famille noble d'Aquitaine bien introduite à la cour. Il est probablement venu en Alsace avec le titre d'évêque pour christianiser les Alamans, que les Francs, convertis depuis le baptême de Clovis, avaient vaincus.

A l'époque mérovingienne, l'évêque Arbogast reprend des tuileries romaines et les traditions de l'artisanat romain qui n'étaient pas encore complètement effacées par les envahisseurs alamans. Il remplace les lieux de culte païens par des sanctuaires chrétiens : l'un à l'intérieur du castellum des légions, avec une église dédiée à la Vierge, à l'emplacement de la cathédrale de Strasbourg ; l'autre extra-muros, dans le cimetière gallo-romain. Il met la première église paroissiale de la ville sous le patronage de Saint-Martin1 et élève sa résidence et celle des élèves qui l'entouraient à côté de la cathédrale.

La chapelle St Michel de Strasbourg.Saint Arbogast est décédé vers 590. Il désirait être enseveli parmi les malfaiteurs exécutés au mont Saint-Michel, à la sortie de la ville de Strasbourg. Selon la légende, la chapelle St-Michel aurait été construite en 668 sur le tombeau du saint. La Vita, écrite au Xe siècle et légendaire par ailleurs, confirme l'existence de cette sépulture. Le sarcophage est encore attestée dans la chapelle aux XVe et XVIe siècles. La plupart des ossements furent translatés à l'abbaye bénédictine de Surbourg, où les reliques furent volées en 1449.
Les chroniques disent que la chapelle s'élevait sur une butte qui avait servi de lieu de sépulture à l'époque romaine et, plus tard, aux exécutions ; l'endroit portait le nom de Henckersbuckel. L'édifice, sans fondations, fut détruit en 1766 et le tertre fut arasé. La lithographie de Silbermann et le plan-relief de 1725 montrent des contreforts et des fenêtres romanes et gothiques. Le chœur, sans transition avec la nef, était surmonté d'un clocheton. La toiture était vraisemblablement en tuiles canal. Sur le plan de Blondel figure une petite adjonction, peut-être une sacristie2.Arbogast tient le sixième rang dans les plus anciens catalogues des évêques de Strasbourg ; il y est le premier de nom germanique. Son œuvre consistait à convertir au christianisme les Alamans, qui étaient hostiles à la religion des vainqueurs. Dans ce but, la monarchie franque, avec son aide et celui de moines d'origine franque, implanta une cellule monacale sur les ruines du fortin gallo-romain de Surbourg, près de l'ancienne civitas3 romaine, probablement vers 570. Ce couvent, le premier établissement monastique d'Alsace, fut placé sous le patronage de Sainte-Marie et de Saint-Martin. Il reçut de généreuses donations du roi Dagobert vers 676 ; les moines y construisent alors une église baptismale dédiée à Saint-Jean Baptiste.

  • 1. Saint-Martin était le grand saint des Mérovingiens.
  • 2. Selon d'autres sources, un premier sanctuaire à cet emplacement apparaitrait dans les documents écrits dès 728 comme église dédiée à Marie. Une chapelle y aurait été construite en 1069. Les Luthériens l'auraient détruite en 1530. Le sarcophage-reliquaire aurait servi d'abreuvoir jusqu'en 1610 ; il aurait alors été racheté et porté à Saverne. Toutefois, le plan-relief, la lithographie de Silbermann et le plan Blondel sont des témoins bien plus solides.
  • 3. Petite ville.

Référence à citer

André Wagner, Saint Arbogast sous le Gros-Chêne en forêt de Haguenau., archeographe, 2007. http://archeographe.net/Saint-Arbogast-sous-le-Gros-Chene