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Les collections anciennes

Le musée Georges de La Tour reprend les collections de l'Hôtel de la Monnaie. Enrichies d'acquisitions récentes, elles sont exposées en sous-sol. Le Trésor de Vic-sur-Seille date du IIe s. : une plaque votive en argent, figurant Apollon, Mercure et Minerve, et deux œnochoés de bronze en sont les pièces maîtresses. Les œuvres médiévales et modernes viennent de l'église des Carmes et du couvent des Dominicaines ; avec les documents civils, elles retracent l'histoire de la ville. Le musée réunit encore un bel ensemble de statues de la Vierge et de Saints. Notre Dame de Bon-Renom, une Vierge ouvrante en bois polychrome du XIVe s, provient du Rhin supérieur. Le Saint Livier en bois du XVIIes.1 et le Saint Christophe2 sont d'un art savoureux qui témoigne de la dévotion populaire.

Saint Christophe.

 

 Saint Livier. Notre Dame de Bon Renom.

Nouvelles acquisitions3.

La vocation d'un véritable musée n'est pas seulement de proposer une collection à ses visiteurs. Aussi le Musée Départemental Georges de La Tour poursuit-il une politique culturelle active en organisant fréquemment des conférences et des expositions4, et en faisant entrer de nouvelles œuvres. Il a pu récemment acheter une deuxième toile de Georges de La Tour : la Tête de femme est un fragment de tableau qui offre à lui seul un condensé de l'art du maître. 

Le musée a encore acquis cette année, par achat ou par don, plusieurs toiles d'artistes du XIXe siTête de femme. Georges de La Tour.ècle.

Edmond Louyot (1861-1920), fils de cultivateur, est né le 15 novembre 1861 à La Lobe, en Lorraine5. Après 1870 et l'annexion allemande, il quitte le petit séminaire de Montigny-lès-Metz pour poursuivre des études secondaires au lycée de Metz. Il se destine à la carrière de peintre et entre en formation à Karlsruhe, puis à Munich. Peu après, grâce à une bourse, il entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Dusseldorf en 1884 puis à celle de Munich en 1885.
En 1889 il expose au Kunstverein de Strasbourg et obtient sa première commande officielle. De retour à Munich, il peint des scènes de genre à la Meissonier. Il revient en Lorraine de 1892 à 1894 pour se ressourcer. Il retourne ensuite à Munich où il s'installe définitivement en automne 1894. Il fait un voyage d'études en Hollande et un autre en Italie et, à partir de 1911, organise des expositions dans les grandes villes industrielles allemandes.
Edmond Louyot tombe malade en 1915. Cela ne l'empêche pas d'organiser six expositions en 1916. En 1917, il séjourne au Schliersee pour raisons de santé mais revient définitivement en Lorraine française en février 1919. Il meurt à La Lobe en 1920.
Le musée présente désormais quatre toiles d'Edmond Louyot. Elles ont fait partie de la Collection Michel Louyot, qui les a offertes au Musée Départemental Georges de La Tour en juin 2004.

Les Moissonneuses est une charmante scène de genre où le souvenir des impressionnistes français est très présent. La facture et le format suggèrent une étude de plein air exécutée vers 1892, lors du retour du peintre à La Lobe. Le séjour dans cet univers familial, simple et paysan, contribuera à lui faire entrevoir de nouvelles perspectives. La composition est resserrée et construite avec soin. La touche nerveuse, vigoureuse et colorée, est soignée et sûre. Le réalisme du sujet, assez éloigné du romantisme tardif qui avait fait le succès de ses premières œuvres, représente les deux sœurs du peintre, Marie et Rose, dans un décor champêtre.

Les Moissonneuses. Edmond Louyot.

Comme l'œuvre précédente, Lorraine date du séjour qu'Edmond Louyot passa dans son pays natal en 1892-1893 pour essayer de donner à sa peinture un nouveau souffle. La composition d'après nature est simple, les contrastes d'ombres et de lumières sont francs, parfaitement évocateurs de ce morceau de la Lorraine rurale paisible et silencieuse non loin d'Arry. La touche ample mais toujours mesurée, la juxtaposition des couleurs d'une palette restreinte et la simplicité de la construction effacent ici toute présence humaine et montrent l'intérêt qu'Edmond Louyot porte aux solutions proposées par l'impressionnisme pour le renouvellement du genre.

Lorraine. Edmond Louyot.

Le Mouton à la porte rouge ressemble d'avantage à une étude. L'œuvre fut exécutée lors d'un séjour d'Edmond Louyot dans les Alpes, probablement après son retour à Munich en 1895. Elle témoigne de l'intérêt réel du peintre pour les scènes intimistes et la campagne, alors que le portrait prendra une place grandissante dans son œuvre avec la naissance de sa fille Rita. Il existe une autre version de ce sujet, le Mouton de profil, de la même période, ainsi qu'une esquisse de petit format intitulée Transhumance. L'intérêt du Mouton à la porte rouge réside dans le cadrage qui exclue pratiquement tout espace paysagé et dans l'opposition très forte des matières et des couleurs.

Le Mouton à la porte rouge. Edmond Louyot.

Garmisch est une peinture de modestes dimensions, réalisée lors d'un séjour que le peintre effectua à Garmisch en 1906. La correspondance de l'artiste permettent de confirmer la date. La touche, toujours contenue, gagne en épaisseur mais la palette des couleurs est encore fort éloignée de celles, beaucoup plus crues, des œuvres plus tardives, comme Schliersee ou Le lac.

Garmisch. Edmond Louyot.

Fils d'un garde champêtre et d'une couturière, François Bonvin (1817-1887)6 est né à Vaugirard en 1817. C'est un artiste autodidacte, qui excelle dans la peinture de genre et les natures mortes. Il est l'une des figures clés du Réalisme français du XIXe. siècle et sa peinture est très justement remise à l'honneur.
Ami de Courbet, Daumier, Corot, Fromentin et du photographe Nadar, il fonde son travail sur l'observation, qu'il juge être la seule méthode permettant de peindre le réel. Si sa rencontre avec Granet fut déterminante pour sa carrière, il ne faut cependant pas mésestimer son admiration pour Le Nain, Vermeer et plus particulièrement pour Chardin auquel il voua, selon Pierre Rosenberg, « un véritable culte ». Il meurt à Saint-Germain en Laye en 1887.

La Religieuse tricotant a figuré au catalogue de la Galerie La Scala, à Paris ; elle fut acheté par le Conseil Général de la Moselle pour le Musée Départemental Georges de La Tour en 2004. L'œuvre témoigne de l'organisation sociale de l'époque, où les ordres religieux jouaient un rôle déterminant dans des domaines aussi divers que l'éducation des pauvres et des orphelins ou la santé. Elle est à rapprocher d'une série de tableaux inspirés par la vie d'une communauté de religieuses qui vivaient à Saint-Germain en Laye non loin du domicile du peintre : on peut citer de cette série La lettre de réception et Religieuse se préparant pour le repas, toutes deux de 1867. Bonvin avait par ailleurs déjà traité le sujet de la tricoteuse en 1855 et en 1861 ; il le reprend en 1869 dans Religieuse tricotant, intérieur d'hôpital, que Paul Lefort qualifie, lorsqu'il voit le tableau au Salon, « d'un sentiment admirable ». Notre œuvre date de la même période, soit probablement peu de temps avant le départ de François Bonvin pour Londres.
Le tableau est d'un format restreint pour mieux rendre le caractère intime du sujet. La finesse de touche et la précision du trait sont remarquables. François Bonvin fixe sur une diagonale allant du linge blanc posé sur la table à la croix qui se détache sur le mur du fond, une scène familière empreinte de sérénité. Il la complète par une petite nature morte posée sur une nappe rouge qui semble traitée pour elle-même. Religieuse tricotant. François Bonvin.

Né à Paris en 1806 dans une famille d'artistes7, Alexandre Jean-Baptiste Hesse (1806-1879) débute sa formation par un court passage dans l'atelier du paysagiste Victor Bertin, qui fut le maître de Corot. Il entre à l'école des Beaux-Arts en 1821, suit les cours de Gros et se forme à la peinture d'histoire en s'exerçant à copier des œuvres de Titien et de Véronèse. Cet attrait pour l'Italie le conduit à s'y rendre à trois reprises en 1830, en 1833 et de 1843 à 1847. Les œuvres de Gozzoli, Ghirlandaio, Botticelli et Raphaël retiennent son attention, mais ce sont les Vénitiens de la grande époque qu'il admire le plus : lors de son second voyage, il conçoit Les honneurs funèbres rendus à Titien8, ce qui lui vaut une médaille d'or de première classe au Salon de 1833. Encouragé par le succès, Alexandre Hesse s'oriente alors résolument vers une peinture d'histoire qui associe le tragique et le souci du détail dans le but de mieux servir l'exactitude historique. Un bon exemple de cette période est le Henri IV rapporté au Louvre après son assassinat, au Musée du Château de Versailles.

A partir de 1850, et jusqu'à sa mort à Paris en 1879, le peintre se consacre plus particulièrement aux décors des églises parisiennes Saint-Séverin, Saint-Sulpice, Saint-Gervais-Saint-Protais et Saint-Germain-des-Prés, selon une formule aux effets pathétiques qui fut abondamment commentée à l'époque.

Jeune pâtre romain. Alexandre Hesse.Le Jeune pâtre romain faisait aussi partie du catalogue de la Galerie La Scala à Paris ; l'ouvre a été acheté par l'Association des Amis du Musée Georges de La Tour en mai 2004, et offerte au Musée Départemental Georges de La Tour trois mois plus tard. Il s'agit d'une scène de genre, dont le dessin est d'une correction irréprochable. Elle fut peinte lors du premier séjour en Italie d'Alexandre Hesse, quand il rejoignit Horace Vernet, directeur de l'Académie de France à Rome depuis 1828. Plusieurs dessins datés de 1831 présentent le même thème de musiciens en costume traditionnel savamment arrangé dans lesquels le peintre associe histoire et anecdote avec une aimable familiarité.

  • 1. St Livier naquit au Ve s. Il fut martyrisé en 451 lors de l'invasion des Huns. Il aurait créé une milice pour défendre Metz contre Attila.
  • 2. Ce St Christophe domine l'escalier.
  • 3. Nous sommes reconnaissants au Musée Départemental Georges de La Tour et au Conseil Général de la Moselle qui nous ont autorisé à publier cette mise à jour et nous ont fort aimablement fourni des photos pour l'illustrer.
  • 4. archeographe s'en fait régulièrement l'écho dans la rubrique Agenda.
  • 5. Commune d'Arry.
  • 6. Cf. Anisabelle Berès, Michel Arveiller et all, François Bonvin, Galerie Berès, Paris, 1998, N° 69, ill.
  • 7. Son père Henri Joseph et son oncle Nicolas Auguste étaient également peintres.
  • 8. Acheté par le musée du Louvre en 1985.

Référence à citer

Marc Heilig, Le Musée Georges de La Tour à Vic-sur-Seille, archeographe, 2004. http://archeographe.net/Le-Musee-Georges-de-La-Tour-a-Vic