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L'hébergement en ville.
À eux seuls, le Vieil Hôpital et les couvents ne pouvaient naturellement pas loger tous les pèlerins de passage. Ces édifices ne pouvaient suffire et restaient inadaptés à l'accueil des hôtes de haut rang. Beaucoup de pèlerins devaient loger en ville. Les moines et les prêtres du Moyen Age ont répandu parmi les fidèles les textes des Saintes Ecritures relatifs à l'hospitalité. Recevoir l'un de ces voyageurs, qui réservait toujours la possibilité que son identité ne fût humble qu'apparemment, était un devoir. « Derrière son visage humain pouvait se cacher les traits d'un ange ou se dérober temporairement aux regards la face ineffable du Christ lui-même. » Les maisons disposées à recevoir les pèlerins de passage arboraient alors le signe de reconnaissance de la coquille. La tourelle de la maison médiévale des Fleckenstein1, ajoutée 1544, en porte une. Est-elle en rapport avec saint Jacques, étant donné que la majeure partie de cette famille est passée au protestantisme en 15432 ? Il est certain que Jacques de Fleckenstein, sous-bailli provincial et prévôt3 de Haguenau de 1485 à 1487, était un fervent catholique : en témoigne la chapelle qu'il fit construire à l'église Saint-Georges, où se trouve le monument funéraire de sa femme Véronique d'Andlau. Cette coquille, qui n'est donc pas purement décorative, est la seule qui ait survécu à la destruction de la ville en 1677.
Une fresque4 de 1465 montrant saint Jacques avec sa coquille dans le chœur de l'abbatiale de Walbourg rappelle peut-être le passage des pèlerins, sur le chemin vers Haguenau.
Les coquilles disparaissent avec Louis XIV. Sur ordre du Roi, Louvois fait appliquer la stratégie de la terre brûlée5 et l'étend tout le long du Rhin. « Brulez le Palatinat ! ». Plus de quatre cents villes et villages y sont détruits, dont Heidelberg, Spire et Worms. Haguenau n'a pas été épargnée. Dans sa dépêche du 22 décembre Louis XIV dit6 :
Ayant résolu de faire razer la ville de Haguenau, (…) qu'il n'en reste aucun vestige, non plus que des écluses, et tout autre chose servant à la fortification. (…) En conservant seulement les redoutes pour les faire sauter le jour que l'on partira, ou de razer en même temps les redoutes et les dehors de terre… A la suite de quoi le baron de Montclar procède à la « destruction de quarante tours, huit rondelles et du château ». Le Roi-très-Chrétien avait cependant donné les instructions de ménager les églises et les couvents, ce qui fut fait. Après ce massacre, il ne restait plus d'intact que les deux églises paroissiales, les couvents et quelques maisons.
- 1. Maison acquise en 1480.
- 2. Ce qui est contesté. Voir l'Encyclopédie d'Alsace et les « Saisons d'Alsace » N°59, p 44.
- 3. Schultheiss.
- 4. Les fresques murales ont malheureusement été fortement endommagées lors des combats de la Libération début 1945.
- 5. Die Festungen an der Queich und Lauter, K&K Verlagsanstalt D-76863 Herxheim P. 65.
- 6. J. Klélé, Die Reichsstadt Hagenau, 1913 P. 210.