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L'œuvre sociale et sanitaire d'Oberlin
Au Ban-de-la-Roche, le pasteur Oberlin découvre des conditions de vie misérables. Sa formation va lui être très utile : il a des connaissances en médecine et en pharmacie, qu'il tient de son séjour chez le docteur Ziegenhagen, ses études lui ont appris à raisonner scientifiquement, il a le goût de la botanique…
Le pays est loin de tout, en particulier des soins médicaux. Aussi Oberlin prend-il à cœur d'améliorer l'hygiène et la santé de ses paroissiens. Il répertorie leurs maux dans un registre, le Livre des Bourgeois. Au presbytère, sa « pharmacie de charité » distribue gratuitement les remèdes qu'il confectionne à base de plantes. Il encourage la formation de sages-femmes, forme ses maîtres d'écoles aux premiers soins. Lui-même n'hésite pas à se faire médecin, vétérinaire, voire chirurgien.
Pour lutter contre la pauvreté, il faut sortir la contrée de son isolement. Oberlin recommande d'aménager un réseau de voies carrossables, lance une souscription pour construire le « Pont de la Charité » à la place d'une passerelle dangereuse. Les réformes qu'il propose pour développer ce monde rural sont celles des physiocrates, qui sont alors à la pointe du progrès : emploi du fumier, culture de la pomme de terre et de plantes nouvelles pour la région, plantation d'arbres fruitiers le long des chemins…
L'artisanat est pour lui le complément indispensable de la vie paysanne ; il fait donc former menuisiers, forgerons, maçons… Grâce à l'industriel Reber, Oberlin développe vers 1785 le filage et le tissage du coton à domicile. En 1813, l'industriel suisse Legrand installe dans la paroisse une fabrique de rubans de soie ; trois ans plus tard, elle emploie 200 ouvriers.
Oberlin s'attaque encore aux difficultés financières de ses paroissiens. On pourrait le considérer comme un initiateur du micro-crédit car il crée en 1782 une caisse d'emprunt et une caisse d'amortissement pour enrayer l'endettement. Il distribue des aumônes, récompense les plus méritants. Partout, son action vise à ce que les paysans puissent prendre leur vie et leurs projets en mains : le paresseux ne saurait prétendre à rien.