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Les objets en os et en ivoire

En Amérique du Nord, des formes géométriques ont également été incisées sur des baguettes en os ou en ivoire. La cache d’East Wenatchee, dans l’Etat de Washington, renfermaient ainsi deux épaisses baguettes en os, présentant des motifs ramiformes. Les caches paléoindiennes ont été découvertes dans diverses régions de l’Amérique du Nord, et sont principalement associées à la culture Clovis. D’après David Kilby, qui leur consacra une thèse en 2008 à l’Université du Nouveau-Mexique, elles ont pu servir de réserves de matériel, de lieux de stockage d’outils qui n’étaient pas utilisés tout au long de l’année, de dépôts pour les excédents de matériel, mais encore, d’espaces rituels.

Les os pouvaient aussi être peints, comme le montre, notamment, un crâne de bison découvert en fouille à Cooper, dans les grandes plaines de l’Oklahoma. Ce site a révélé les restes de dizaines de grands bisons du Pléistocène, tués et équarris par des porteurs de la culture Folsom. D’après Leland C. Bement, de l’Universite de l’Oklahoma, le crâne de bison précité, couvert de lignes brisées rouges, pourrait donc constituer un témoignage d’un rituel de chasse.

Mais d’autres objets ont été collectés en dehors de toute opération archéologique, rendant leur interprétation particulièrement difficile. C’est le cas d’un fragment d’os fossilisé trouvé à Vero Beach, en Floride, par un « chasseur de fossiles » ; on peut y voir les contours incisés d’un proboscidien (mammouth ou mastodonte). Les analyses effectuées sur ce fragment accréditent l’idée que son iconographie remonte au Pléistocène. Il s’agirait, par conséquent, de la première représentation d’un proboscidien datée de cette période en Amérique ; mais comme nous le verrons, l’art rupestre pourrait considérablement agrandir ce corpus.

Fig. 3 : Fragment d’os gravé de la représentation d’un mammouth ou d’un mastodonte, trouvé à Vero Beach (Floride, Etats-Unis).
Photo : Chip Clark, Smithsonian National Museum of Natural History.

A Tequixquiac, dans le Mexique central, c’est une œuvre d’un autre genre qui a été portée à la connaissance des cercles savants, en 1870 : un sacrum de camélidé du Pléistocène, sculpté en forme de tête d’animal (de chien, de loup ou de coyote, semble-t-il). La question de l’authenticité de cette pièce a alimenté bien des controverses; mais les fouilles réalisées sur le site, dans les années 1950, par Luis Aveleyra Arroyo de Anda, ont mis au jour des restes de mammifères de la dernière grande glaciation, associés à des artefacts, ce qui rend pour le moins vraisemblable une origine paléoindienne de la sculpture de Tequixquiac.

Parmi les vestiges dont le contexte archéologique a été perdu, il convient de mentionner également la défense de mammouth gravée de formes géométriques, provenant du bassin de Bighorn, dans le Wyoming. Notons que dans la même région, le site de Colby a montré des restes de mammouths en relation directe avec des outils de l’industrie Clovis.

 



Référence à citer

Sébastien Perrot-Minnot, Les débuts de l’art en Amérique, archeographe, 2013. http://archeographe.net/debuts_art_amerique