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L'Ortenberg, un exemple remarquable de l'architecture militaire du XIIIe s.

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Ce type de château apparaît vers 1200 en Alsace. Comme le Landsberg (commune de Heiligenstein) ou le Bernstein (Dambach-la-Ville), le plan diverge radicalement des époques précédentes et annonce un nouveau type de châteaux, véritables forteresses, capables de résister au travail de destruction des machines de guerre. L'Ortenberg est érigé sur un rocher saillant dominant l'abrupt sur trois côtés. Le quatrième, séparé de la montagne par un large fossé, présente un donjon pentagonal servant de bouclier à l'habitat enserré étroitement derrière lui entre deux murs qui sont à la fois façades, remparts et gouttereaux.

L'entrée est au nord. Une porte gothique surmontée d'une [?archère] cruciforme donne dans la vaste basse cour qui occupe le côté le plus abrupt. L'habitat seigneurial 1 domine entièrement la [#basse-cour] ; il est réaménagé vers 1425 par l'adjonction d'une tour de flanquement à laquelle on accède par un pont mobile depuis une rampe d'accès. Le donjon pentagonal, placé du côté de l'attaque, est muni de fentes de tir vers l'arrière, au cas où le haut château serait investi ; il fait 32 m de haut et comprend 5 étages, l'épaisseur de ses murs atteint 3,50 m. On y accède à partir du logis seigneurial, par une ouverture située à 7 mètres du sol. Tout participe à défendre le côté le plus exposé, mais les réfections des années 1300 rendent cette face quasi indestructible grâce à la surélévation du mur d'enceinte. Ce « mur bouclier » protège le donjon d'un éventuel travail de sape et augmente les postes de tir. Les remparts sud, qui datent du milieu XIIIe s., sont partout au même niveau ; cela facilite les déplacements sur le chemin de ronde. Les premières meurtrières à niche connues en Alsace permettent un maniement efficace de l'arc et de l'arbalète.

La mention d'un sire Werner d'Ortenberg possesionné à Scherwiller en 1167 atteste l'existence d'un château à cette date. Rien ne prouve cependant que ce premier château soit à l'emplacement de l'actuel Ortenberg. Celui-ci est érigé par Rodolphe de Habsbourg, alors en conflit avec l'évêque de Strasbourg Walter de Geroldseck. Lors de négociations de paix le 9 juillet 1262, l'évêque s'engage à ne plus troubler le chantier de construction. Après la mort de Rodolphe de Habsbourg, devenu roi de Germanie en 1273, une lutte de succession s'engage entre le nouveau roi Adolphe de Nassau et Albert le fils de Rodolphe de Habsbourg. Otton d'Ochsenstein, bailli impérial d'Adolphe de Nassau, assiège le château en 1293.
Il édifie pour cela le château du Ramstein, un peu en contrebas, et installe un camp de siège à Scherwiller. L'Ortenberg est ruiné après un blocus de plusieurs semaines.  Vers 1440, de nombreux associés se partagent la propriété. L'un d'eux, Hans von Wiger, rassemble une bande de pillards et rançonne les voyageurs, dont des marchands de Bâle en 1454. En 1461, l'évêque de Strasbourg investit la place et force Hans von Wiger à relâcher les otages. Mais les exactions continuent. En 1469, deux sujets du duc de Bourgogne sont séquestrés. En représailles, Pierre de Hagenbach, grand bailli de Bourgogne, lève ses troupes contre l'Ortenberg. Le château est investit en 1470 et Charles le Téméraire, satisfait, le confie à Pierre de Hagenbach, qui le transforme pour recevoir des arquebuses. L'Ortenberg est incendié et ruiné par les Suédois en 1632. En 1681, Louis XIV le donne au baron de Zurlauben. Il est restauré en 1806. 

Bibliographie
D. Ray, Encyclopédie de l'Alsace, 9, 1984, s.v. Ortenberg.
R. Recht, Dictionnaire des châteaux de France, Alsace, 1980.
C.-L. Salch, Dictionnaire des châteaux de l'Alsace médiévale, 1976.
B. Schnitzler, Le guide des châteaux de France, Bas-Rhin, 1986.

  • 1. Les cuisines sont éclairées par deux meurtrières, et comprennent un évier et une cheminée encore visible de nos jours.