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L'Éclat du blanc

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Le Musée du Pays de Sarrebourg propose une ravissante exposition sur les biscuits de porcelaine lorrains du XVIIIe s. Elle réunit des statuettes choisies dans ses collections et dans celles du Palais des ducs de Lorraine-Musée Lorrain de Nancy.

L’Europe du XVIIIe s. est fascinée par la porcelaine, dont de nombreuses recherches tentent de percer les secrets. Les figurines, en particulier, sont fort appréciées. En Saxe, Meissen en produit dès 1710 à partir d’un kaolin local. En France, un privilège royal accorde en 1745 le monopole de la fabrication de la porcelaine à la manufacture de Sèvres. Les ateliers de Lorraine, alors la première région faïencière de France, se voient ainsi cantonnés à la faïence (terre à pipe, ou terre de Lorraine) ; ils s’engagent dans la production de sujets en biscuit, une terre cuite à l’aspect blanc et mat. Les pièces sont produites en série à partir de moules. Vers 1740, le Strasbourgeois Paul Hannong introduit la technique du petit feu, qui permet, par une seconde cuisson à basse température, d’appliquer une gamme de couleurs étendue.

Les statuettes de Lorraine connurent un grand succès. Paul-Louis Cyfflé, qui avait été sculpteur pour le duc de Lorraine Stanislas, racheta la manufacture de Lunéville en 1763 . Il y fabriqua des biscuits de grande qualité à partir d’une pâte de sa composition dont il gardait le secret. A partir du milieu du siècle, sous la direction de François Anstett, la manufacture de Niderviller utilisa la technique du petit feu pour des figurines en porcelaine, et ce malgré le privilège de Sèvres, grâce à du kaolin d’Autriche. Charles Gabriel Sauvage, dit Lemire, ancien élève de Cyfflé, accrût encore cette production. Cyfflé dut fermer sa manufacture en 1770 mais ses ouvriers perpétuèrent sa manière : ses moules et ses modèles furent repris par d’autres manufactures lorraine, telles que Toul-Bellevue, Saint-Clément, Épinal ou Niderviller.

Ces biscuits s’inspiraient des manufactures d’Allemagne, comme Frankenthal ou Meissen, mais aussi de celle de Sèvres, pour laquelle travaillaient Boucher et Falconet. Les thèmes sont assez variés. Certains touchent à la religion populaire (images de saints, Nativités...), à la famille royale (Louis XVI, Louis XVI et leurs épouses Marie Leszczynska et Marie-Antoinette), à la cour de Lunéville (le duc Stanislas), à la vie littéraire (Voltaire, Rousseau, La Fontaine...), ou encore à la mythologie. Toutefois le pittoresque reste la veine principale. Aussi voit-on fleurir les pastorales et les scènes champêtres (bergers et bergères, activités paysannes), les représentations de petits métiers (colporteurs, marchands de rue, artisans), en reflet de la mode du temps qui, comme le hameau de Marie-Antoinette à Versailles, les écrits de Rousseau ou l’Encyclopédie, traduit l’intérêt des personnes éclairées pour la vie des petites gens. Tout cela est donc traité avec grâce, parfois sur le mode de la galanterie, mais sans jamais céder à la mièvrerie. Le goût du détail, joliment illustré par les bouquets et les corbeilles de fleurs, la finesse des attitudes et les traits charmants des visages caractérisent l’art raffiné de ces céramistes.

Informations pratiques
L’Éclat du blanc
Biscuits de porcelaine lorrains du XVIIIe s.
du 13 mai 2023 au 8 janvier 2024

Musée du Pays de Sarrebourg
rue de la Paix
57400 SARREBOURG
Tél : 03 87 08 08 68

Ouverture :
Lundi, mercredi, jeudi vendredi, samedi : de 10h à 18h
Dimanche : de 14 à 18h
Fermé le mardi

Catalogue en vente au musée. 19,50 €



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Geolocation

Référence à citer

Marc Heilig, L'Éclat du blanc, archeographe, 2023. https://archeographe.net/eclat_du_blanc