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Les secondes funérailles de Padié. Une aventure presque ignorée.

Le Père Pierre Knops a eu la chance de pouvoir témoigner d'un fait rarissime. C'est lui qui nous dévoile toute une partie du déroulement des secondes funérailles du chef Padié (1890-1900) dont la case funéraire s'était effondrée (fig. 18). Fig. 18. Padié fut le dernier chef guerrier de Sinématiali. Contrairement à ce qui est de coutume, ce ne sont pas les jeunes du poro qui à cette occasion sont responsables de ces secondes funérailles mais la classe d'âge la plus ancienne, celle qui a connu Padié. C'est un cas absolument unique. Tous les acteurs sont des hommes d'un certain âge. Ils ont conscience d'accomplir un acte d'apaisement vital pour tous, envers un ancêtre puissant qui a été dérangé dans sa sérénité ancestrale. Voici un récit qui nous a été transmis à ce sujet par l'Abbé Etienne D. Yeo. Il dit combien la geste des funérailles est importante pour l'équilibre de la société senufo. Nous le citons de mémoire.

Un chant du bois sacré dit que le jour où il y eut le premier mort dans le village, Klotiolo (Dieu) envoya successivement et sans succès tous les grands masques, kahgba et nasolo, pour expliquer la mort. Il envoya aussi wabou mais tous mirent en fuite les habitants, tant ils avaient peur. Alors il envoya l'araignée en compagnie de nangpelege, un masque encapuchonné qui parle à travers un mirliton et porte un fusil factice pour chasser le mal. Tous deux se fabriquent un village conçu comme une toile d'araignée, avec quatre cases et quatre chemins. Cette disposition correspond à celle des bois sacrés où l'on enseigne le respect des traditions comme le moyen de réaliser le destin de l'homme qui part de l'initiation pour aboutir à la condition éternelle d'ancêtre.

Tout commence donc au bois sacré où l'on a convoqué tous les anciens (fig.19). L'ordonnance des funérailles est décidée et l'on prépare nasolo (fig. 20), le taurillon. Les wabele (fig.21) et les masques capuchons sont prêts, tout le monde peut se disperser (fig. 22) tandis que le protocole se déroule dans l'ordre et la discipline avec les capuchons et les musiciens du poro. L'honneur des anciens et du bois sacré est en jeu (fig. 23 et 24). La cérémonie elle même et la danse des masques invités n'ont pu être photographiées, de même que les femmes n'en ont pas vu grand chose (fig.25 et 26). C'est un interdit qui reste encore valable dans beaucoup de villages. Padié, dont on a pu photographier la momie, pourra enfin reposer en paix (fig. 27). Le poro rentre au zingsang et la dépouille est de nouveau confiée à la terre (fig. 28 à 30).

Référence à citer

Jacques Varoqui, Pierre Knops et l'ancien pays senufo. Etiologie, notes et photos., archeographe, 2009. https://archeographe.net/Pierre-Knops-et-l-ancien-pays