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Le cimetière St-Hilaire
De l’autre côté de la vallée, le cimetière s’étend sur le mont St-Hilaire, sous la protection de l’église qui fut jusqu’au XIIIe s. le premier sanctuaire de Marville. Construite dans le style roman, l’église St-Hilaire ne comporte qu’une nef à charpente apparente et un chœur, plus étroit et voûté d’ogives. Au XVe s., on établit des autels latéraux dans des niches creusées dans le mur. L’autel du Saint-Esprit fut consacré en 1408 par Bertrand d’Arrancy et son épouse ; on y a placé une statue en bois de St Hilaire (XVIIIe s.). Un autre autel, précédé d’un ciborium1, présente une belle Vierge à la Rose (XIVe s.).
Après avoir perdu son statut paroissial, cette église prit un caractère plus funéraire. Au XIVe s., la nef s’agrandit de la chapelle du St-Sépulcre, fondée par le curé de Marville Hues († 1345), qui s’y fit inhumer ; son gisant le représente comme un homme jeune aux traits sereins. À l’entrée de cette extension se dresse la pierre tombale d’Isabelle de Musset († 1506) ; son effigie, encadrée des saints Jérôme, Christophe, Gilles et Michel, est accompagnée de ses armoiries et de celles de son époux. Dans le sol de l’église est encastrée la dalle de Marguerite de Dandelin († 1569) et de sa fille Jeanne de Hezecques († 1575).
Le cimetière accueille les gens du pays depuis fort longtemps, et parmi eux des notables et des bourgeois des XVe-XVIIIe s. Les stèles les plus anciennes ont été mises à l’abri dans l’église mais de nombreuses sculptures bordent encore les allées : un Christ aux Liens du XVIe s. attribué à l’école de Ligier Richier, des Pietà, ou encore un ensemble de quatre stèles du début du XVe s. où sont représentés tous les apôtres, sauf Judas dont la place est laissée vide. Le cimetière St-Hilaire fut aussi la dernière demeure des lépreux de la maladrerie située à proximité : le Christ des Lépreux veille à l’entrée de l’enclos.
Contre le mur d’enceinte, un ossuaire de la fin du XVe s. ou du XVIe s. rassemble des crânes et des ossements de sépultures abandonnées. Le gardien Constant Motsch, qui repose aussi dans ce cimetière, le rangea vers 18902. On y voit aussi des « boites à crânes » en bois3, selon une pratique qui avait cours aux XVIIIe-XIXe s. Des panneaux avertissent les visiteurs : « Nous avons été comme vous, Vous serez comme nous, Priez Dieu pour nous ».
- 1. Le ciborium est un édicule en forme de baldaquin élevé au-dessus d’un autel.
- 2. Selon un écriteau, l’ossuaire contiendrait 40 000 crânes, mais on n’en dénombra que 6 000 lors de la restauration du bâtiment (2015-2021). La confusion vient sans doute de ce qu’on avait compté tous les os, et pas seulement les crânes.
- 3. Quelques années après l’inhumation, on séparait la tête du défunt et on la plaçait dans un coffre en bois ; le reste du squelette était jeté à la fosse commune. Cette coutume est particulièrement représentée en Bretagne, où Mérimée la décrit en 1836 et Flaubert en 1847. Elle paraissait déjà insolite à leur époque.