La campagne à l'époque gallo-romaine.

De vastes exploitations agricoles (villae) se créent1 La résidence du propriétaire représente le cœur du domaine, autour duquel se groupent les divers bâtiments. La densité de ces établissements est particulièrement importante le long des voies de communication (vallée de la Sarre et routes), surtout dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres autour de Sarrebourg (Imling, Xouaxange, Laneuville-lès-Lorquin, Berthelming, Sarraltroff...). Les fouilles de ces villae ont livré quantité de petits objets qui illustrent la vie quotidienne des habitants.

Le domaine de Saint-Ulrich, à Dolving, est l'un des mieux connu.

La villa de Saint-Ulrich, partiellement fouillée par K. Wichmann entre 1894 et 1898, fut surtout dégagée, entre 1968 et 1981, par M. Lutz et la section de Sarrebourg de la Société d'Histoire et d'Archéologie de la Lorraine.

Une équipe de l'Université de Strasbourg et du CNRS, sous la responsabilité de X. Lafon et de A. Lemaire, en a poursuivi l'étude de 1983 à 1988. La villa devient propriété du Département de la Moselle en 1970 ; elle est classée monument historique en 1988. Son entretien et la restauration des ruines sont partagés entre l'Etat (Direction des Antiquités de Lorraine - Conservation Régionale des Monuments Historiques), le Département de la Moselle et la Ville de Sarrebourg.

Pour s'y rendre, le visiteur sortira de Sarrebourg par la rue de Verdun et, après la forêt, prendra à droite la petite route qui mène au couvent St-Ulrich2.

Le domaine fait 9 000 m² dans sa période la plus étendue, dont 3 000 m² de cours et de jardins. C'est l'un des plus vastes connu en Gaule. Il se compose d'une résidence et de nombreux bâtiments agricoles : on en a repéré une trentaine (fermes, hangars, forge, logements d'ouvriers etc.), dont un fanum. Ils formaient une sorte d'allée qui menait à la demeure du maître. La partie dégagée de l'édifice a été restaurée dans son état du IIe s. La villa fut occupée de 30 ap. J.-C. au IVe s.

Le bâtiment principal a été construit dans la première moitié du Ie s. ap. J.-C. Durant le IIe s. les transformations et les agrandissements en modifièrent fortement l'aspect primitif, par l'agrandissement des cours à portiques et des bains en particulier. L'aménagement des salles était très luxueux (peintures murales) et bénéficiait d'un confort certain (chauffage par hypocauste, évacuation des eaux...). Aux IIIe et IVe s., la villa est considérablement remaniée (abandon du péristyle, des [#cryptoportiques] et des caves, surhaussement du secteur central)3. Elle est occupée comme habitation jusqu'au milieu du IVe s. Elle sert de nécropole aux Ve et VIe s., avec peut-être encore quelques habitants dans ses ruines. L'abandon et le pillage se firent sans incendie.

En raison de la pente du terrain, la villa comprend un secteur supérieur, soutenu par un puissant mur à contreforts, et un secteur inférieur, essentiellement réservé aux bains.

La première construction se limitait à la partie centrale du secteur haut, organisée autour d'un portique en U.

De part et d'autre d'une grande salle, de façon symétrique suivant l'habitude romaine, l'architecte avait disposé les autres pièces4. Cet axe de symétrie prolonge ainsi l'organisation et de l'orientation de l'ensemble du domaine.

La partie basse, où se trouvaient des thermes et des cours, est d'une lecture plus difficile car les murs que l'on voit aujourd'hui correspondent le plus souvent au niveau des fondations. Les sols antiques pouvaient se situer, en particulier au nord, à plus de 2 m au dessus du terrain actuel. Toutefois, la destination des différentes salles est connue grâce à leur plan caractéristique et à certains détails, comme le dispositif de chauffage.

• 1. Certaines ont remplacé des fermes gauloises.
• 2. Visite du printemps à l'automne uniquement. Se renseigner au Musée du Pays de Sarrebourg.
• 3. Malheureusement, les travaux des archéologues du XIXe s. nous ont privés des données indispensables à la compréhension de cette phase finale.
• 4. Les agrandissements successifs de la partie haute ne remettront jamais en cause ce principe, sauf pour des détails mineurs.