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Interprétation des découvertes
La raison du naufrage
Bien qu'il ne faille pas songer à retracer le déroulement de la catastrophe, nous pouvons émettre une hypothèse à la lumière d'un papyrus antique conservé à l'abbaye de Hautecombe. Jusqu'à présent le texte en était resté énigmatique, mais cette découverte sous-marine lui rend aujourd'hui tout son sens. On y lit :
Au matin du 13ème jour après les premiers semis, le soleil levant a été soudain caché. Les personnes sur la côte s'affolèrent mais les plus téméraires restèrent pour observer le phénomène. Puis le soleil réapparut, révélant un navire d'une taille gigantesque. Dans la matinée, il apparut dans toute sa démesure. Il s'approchait rapidement alors même qu'aucune voile n'était déployée. La moitié de nos compagnons s'enfuit dans la plus grande panique. Seuls les plus jeunes d'entre-nous restèrent. Vers midi, le vaisseau était en passe d'entrer dans le port. Il ne semblait pas vouloir ralentir et nous nous demandâmes s'il fallait craindre pour notre vie. Nous allions tous nous sauver quand on entendit un craquement sinistre. Une longue brèche déchirait le flanc gauche de la coque et l’eau s’y engouffrait rapidement. Le bateau se coucha peu à peu et, tandis qu'il poursuivait sa route, pris dans son élan, il heurta le phare. Sous le choc, le monument fut décapité et des hommes de guet furent projetés dans le vide. Des cris épouvantables s’élevaient de la soute du navire, poussés par les marins qui s’y trouvaient enfermés. Une échelle de corde fût déployée mais cela n'était pas suffisant pour évacuer tout le monde. La bousculade était telle que la plupart d'entre eux périrent noyés ou broyés par les poutres qui se disloquaient. Sur les 1000 hommes d'équipage, seuls 32 furent sauvés.
La suppression de la mention de la catastrophe
Nous savons désormais que la construction de ce bateau s'est opérée dans le plus grand secret, puisque les paysans d'Alexandrie que mentionne le texte en ignoraient tout. Il ne fait aucun doute que les autorités égyptiennes veillèrent à dissimuler ce désastre et qu’elles y parvinrent d'une manière ou d'une autre. Comment expliquer, en effet, qu'on n'en trouve aucune mention dans la littérature hellénistique et romaine ? Les historiens n’auraient certes pas manqué de s’emparer d'un drame aussi funeste, ni la langue acerbe des philosophes d'en faire un poncif pour épingler les travers de l'orgueil et de la présomption des hommes de pouvoir.
Nous pensons qu'une vitesse trop importante à l'approche du port est responsable de cette catastrophe et que cela se passa lors du voyage inaugural. Il était alors encore possible d'étouffer l'affaire et, sans cette découverte archéologique, ce fait nous serait resté inconnu. Nous pourrions ainsi parler de « syndrome du Titanic », qui aveugla les Alexandrins au point d'accorder une confiance sans bornes aux capacités de leur ouvrage et à leur bonne fortune. Nous devons d’autre part reconsidérer la légende et l'histoire, qui prétendent que le Phare fut détruit par un séisme. En réalité, l'édifice s'écroula à la suite de la collision inattendue d'un bateau démesuré et incontrôlable.
La situation des vestiges apporte enfin un fait nouveau quant à la topographie d'Alexandrie : le Phare, ce monument emblématique de la ville et de la puissance de ses souverains, ne s’élevait pas, comme on l'a supposé jusqu'à nos jours, à l'emplacement du Fort de Qatbay (Fort Kayet Bay de notre plan), mais un peu plus à l'ouest, à l'endroit occupé par un autre fort, le Fort El-Ada (Fort Adda sur notre plan). Le site se prête d'ailleurs beaucoup mieux à cette localisation, comme le montre encore le paysage actuel où subsiste un phare de petites dimensions.
Poisson d'avril 2012 !