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Contexte historique

Les seigneurs de Faulquemont ont tenu la seigneurie pendant tout le XIIIe s. et la première moitié du XIVe. Le territoire appartenait à l’évêché de Metz, puis au duché de Lorraine, sans doute dès le XIIIe s. Comté depuis 1357, elle fut érigée en marquisat en 1629 et en prévôté bailliagère en 17281. A l’origine, et jusqu’en 1765, la chapelle St-Vincent était l’église paroissiale des villages de Faulquemont, Vahl et Chémery, ainsi que des annexes de Goldenholz et Bonhouse. Elle était en outre un célèbre lieu de pèlerinage à saint Vincent : de nombreux fidèles s’y rendaient pour les offices de la semaine et du dimanche, des malades qui cherchaient le soulagement de leurs maux auprès du saint. Cette vocation fut confirmée après 1765 lorsqu’elle perdit son statut d’église-mère2. Ainsi que l’écrit un membre du clergé, « la vénération à saint Vincent n’a jamais diminué ; trois fois par an on célèbre là-haut la sainte messe et tous les ans pour le 22 janvier s’y rendent de très nombreux chrétiens pour assister aux services religieux solennels3 ». Les offrandes des pèlerins revenaient au curé4.

Le déclin commença dès le XVIIe s. D’une part, les villages de Chémery et de Vahl firent construire leurs propres églises5. Leurs paroissiens purent donc assister à la messe chez eux, mais restaient cependant tenus de se rendre à St-Vincent pour les fêtes principales de l’année liturgique. Ainsi, à partir de 1622, la messe est-elle dite une fois sur deux à Chémery. D’autre part, en 1630, l’évêque de Metz, considérant les dangers de la guerre6, privilégia l’église Notre-Dame intra muros, limitant la fréquentation de l’église-mère aux quatre fêtes principales. A partir de 1765, cette église n’est plus qu’un lieu de pèlerinage « vénérable et ancien ». Elle fut sans doute incendiée par les Révolutionnaires en 1789, mais rapidement reconstruite, comme l’indique la date de 1790 gravée sur la clef de l’arc de l’entrée.

Différentes personnes intervenaient dans l’exercice du culte. Avant 1700, les fonctions pastorales étaient assurées par un curé, deux vicaires et deux altaristes7. En 1699, l’église disposait d’un sonneur, qui vivait là avec sa famille. L’archiprêtre Weiss nous apprend que la maison du gardien et le jardin attenant étaient propriété de la Fabrique8. Ces gardiens, que la population appelait Bruder, vivaient pauvrement ; jusqu’en 1893, ils recevaient une attribution de la Fabrique9. Nous connaissons le nom de plusieurs d’entre eux : Nicolas Bravelet, veuf († 1823 à l’âge de 80 ans), François Droicourt, veuf († 1859 à l’âge de 86 ans), Georges Nicolai († 1860 à l’âge de 59, Jean Lorentz († 1888), peut-être de Guessling, Colbus gardien de 1889 à 1893, originaire de Boulay, probablement marié.

  • 1. Sous l’Ancien Régime, le bailli est un officier du roi. Dans sa juridiction (bailliage), il peut exercer plusieurs rôles dans les domaines des finances, de l’administration et de l’ordre public, mais il est avant tout un officier de justice subordonné au souverain, qui peut modifier ses décisions.
  • 2. Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, on pouvait voir dans le chœur des béquilles et des ex-voto que les pèlerins avaient laissés en remerciement de leur guérison La sacristie conserve encore quelques-unes de ces plaques-souvenirs.
  • 3. Cité par l’abbé Loevenbruck (1929-1940).
  • 4. L’un des desservants de l’église, le curé Sinn, avait installé un tronc près de l’autel pour les recueillir. Cité par l’abbé Schweiss (1671-1707).
  • 5. Celle de Chémery en 1622 et celle de Vahl en 1714.
  • 6. La Guerre de Trente Ans a ravagé l’Europe entre 1618 et 1648. L’évêque se montrait prévoyant car lorsque Richelieu fit détruire le château, en 1634, la ville ne fut plus défendue. Deux ans plus tard, le comte de Morhange et les Suédois en profitaient pour l’attaquer et l’incendier, tuant le maire, le curé et 60 bourgeois.
  • 7. Prêtre assigné à la célébration de la messe sur un autel spécifique d’une église, subsistant grâce aux revenus d’un bénéfice ecclésiastique établi par un donateur ou fondateur. (définition du Dictionnaire français du site lalanguefrançaise.com)
  • 8. En 1900, le Reichsland Elsass-Lothringen mentionne une maison et trois habitants.
  • 9. Elle est attestée pour du pain en 1868.

Référence à citer

Marc Heilig, La chapelle du cimetière de Faulquemont, archeographe, 2024. https://archeographe.net/chapelle-cimetiere-Faulquemont