Vous êtes ici

Difficultés d'interprétation du plan

La lecture de ce plan laisse plusieurs questions en suspens.

Comment passait-on du portique 2 à l'espace 6 ? Il ne reste aucune trace de passage. Par ailleurs, le mur ouest de 6a s'interrompt étrangement à la jonction entre cette pièce et 6b.Pourquoi le praefunium P2 se trouve-t-il dans le portique ? On peut penser que le chauffage de la salle 4 fut une amélioration de l'habitat. A ce moment, la salle 5 était déjà construite, et l'on ne pouvait plus placer P2 à l'extérieur. Cette hypothèse a pour corollaire que l'on avait pas prévu de chauffage dans la salle 5, et que, si elle en fut pourvue, ce ne put être qu'après que celui de 4 ait été installé.
Par rapprochements, on peut préciser les phases de construction de cette partie du bâtiment. La galerie 1 date des transformations du début IIe siècle, mais elle n'englobe pas la salle 5, sans doute parce que celle-ci fut ajoutée plus tard. Elle fut accolée à 4, comme le montrent les murs. On obtient ainsi la suite de faits : salle 4 existant avant la galerie ; construction de la galerie au début IIe siècle ; construction de 5 ; installation du chauffage en 4, avec son praefurnium sous le portique ; éventuellement, extension de l'hypocauste en 5, en utilisant le dispositif de 4.L'absence de relation entre l'espace 6 et la salle 7 est particulière. Ces salles sont les plus luxueuses de la maison, et les trouvailles qu'on y fit sont assez cohérentes.1. On s'attendrait à ce que 6a commande 7. Il se peut que ces deux pièces aient d'abord formé une vaste salle qu'on divisa ensuite pour avoir deux ensembles distincts. Cela expliquerait qu'on ait jugé nécessaire de percer une porte entre 7 et les thermes. D'autre part, l'escalier E2 est lié à la salle 7. Son revêtement de marbre en marque l'importance, mais il ne dessert qu'une cave, ce qui ne manque pas de surprendre.

Le site est aujourd'hui dans un état déplorable

Après les fouilles, le site avait été fort bien aménagé pour les visiteurs. L'état de conservation de la villa avait permis une restauration intelligente. Un panneau présentait l'historique du site et le plan du bâtiment. Pièce par pièce, d'autres indications donnaient les précisions essentielles à la compréhension de l'édifice.
Hélas ! Des vandales ont tout saccagé. Des panneaux ont été rayés, d'autres arrachés. Le site est désormais presque incompréhensible. On a forcé la porte des thermes, démonté les suspensura et les piles pour entourer un feu dans la galerie. L'arc du praefurnium P2 a été très endommagé par des jets de pierres. Peut-être est-ce pour cela que les fouilleurs ont préféré recouvrir les vestiges du vicus au lieu-dit Heidenkopf.

  • 1. Dans ces trois pièces furent en effet retrouvés de nombreux tessons de sigillée ornée de la Gaule de l'Est (Argonne, Rheinzabern, Blickweiler, Mittelbronn), de sigillée incisée et unie, de vases métallisés, sablés ou décorés à la barbotine, de gobelets à dépressions et de poterie commune. Le vase le plus remarquable est un grand récipient ovoïde en sigillée, décoré de reliefs (amours chasseurs), qui provient de la production d'un atelier de Gaule centrale au milieu du IIe siècle. Les fouilles de ces salles ont aussi livré de nombreux objets métalliques : clef en fer, forces, fibules, amulettes, pyxide en bronze, manche de couteau en forme de lion couché.

Référence à citer

Marc Heilig, Sarreinsming, la villa du Grosswald, Un site dévasté, archeographe, 2003. https://archeographe.net/Sarreinsming-la-villa-du