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Le vicus du Heidenkopf

Les fouilles, dirigées par Jean Schaub dans les années 70, n'ont dégagé qu'une petite partie du vicus du Heidenkopf. L'agglomération fut occupée de la fin du Ie siècle au IVe. Elle disposait d'un important réseau d'adduction d'eau1. Une partie au moins des voies de circulation était empierrée. Les vestiges sont aujourd'hui recouverts et ne figurent plus sur les cartes IGN au 25 000e. Au nord-ouest, le grand bâtiment 1, construit à la fin du Ie siècle et détruit dans à la fin du IIIe, fut relevé au milieu du IVe. Son plan se compose d'un hall d'entrée et d'une pièce à chaque angle. De celle du nord-est on descendait par un escalier dans une cave pourvue de niches d'éclairage et de soupiraux. Les murs en étaient protégés par un enduit peint de bandes rouges2.
Dans le bâtiment situé au nord-est du précédent (2), on mit au jour, autour d'un foyer, un atelier de fausse monnaie de l'époque de Tétricus3.

L'est du site comprend une suite de constructions adjacentes. La première au nord (3), détruite à la fin du IIe siècle, rebâtie au IIIe, fut définitivement abandonnée vers 275. Elle abritait un atelier monétaire clandestin qui fonctionna sous les empereurs gaulois4. On y a découvert un foyer, un pot en terre à feu rempli de plomb fondu et des objets de bronze qu'on avait rassemblé là pour les fondre5. Les monnaies avaient une forte teneur en plomb6.
En 4, une installation permettait de capter et de filtrer les eaux souterraines. Une cuve rectangulaire, entourée de murs et remplie de pierres calcaires, recevait les eaux. Elles s'y filtraient et passaient dans une citerne attenante, en pierres sèches et recouverte d'enduit dans sa partie supérieure, où l'on puisait une eau purifiée.
Un troisième atelier monétaire occupait la bâtisse suivante (5) ; il produisit de la fausse monnaie à la fin du IIIe siècle, fut détruit vers 280 et reprit son activité peu après.Le site comprenait d'autres bâtiments à l'ouest et à l'est et au sud, mais il semble qu'on n'ait pas exploré le centre du vicus ni ses abords. Au sud, le bâtiment 6 fut occupé de la seconde moitié du Ie siècle à la fin du IIe. Sur cet emplacement fut alors construit le bâtiment 7, dans une orientation différente. Ses trois salles servirent d'atelier à un bronzier, jusqu'à la destruction de la bâtisse dans le troisième quart du IIIe siècle.

  • 1. Les conduits, comme à la villa du Grosswald, étaient en bois avec des joints de fer.
  • 2. On y a retrouvé de la céramique commune et de la sigillée, une balance, des outils, des serrures, des clefs, et un ensemble d'une quarantaine de pièces de Constantin.
  • 3. Traces de coulée et de fonte de bronze, bâtonnets de bronze avec marques de sciage, pastilles de bronze, certaines déjà aplaties pour la frappe, et une trentaine de monnaies défectueuses.
  • 4. On désigne sous ce nom des usurpateurs du pouvoir impérial, qui furent reconnus en Gaule (sauf des régions à l'est du Rhône), en Bretagne (Grande Bretagne) et dans la péninsule ibérique : de 260 à 274 se succédèrent Postumus, Laelianus, Marius, Victorinus, Tétricus et Tétricus le Jeune.
  • 5. Dont un petit Amour ailé aux yeux incrustés d'argent.
  • 6. Cela facilitait la frappe, augmentait le poids et économisait l'étain.

Référence à citer

Marc Heilig, Sarreinsming, la villa du Grosswald, Un site dévasté, archeographe, 2003. https://archeographe.net/Sarreinsming-la-villa-du