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La représentation de l'homme et de l'animal sur quelques vases classiques et post-classiques du Musée de Quito

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Le Musée de la Banque Centrale de Quito1 est l'un des plus beaux musées précolombiens d'Amérique du Sud. Bien que la céramique précolombienne de l'Equateur soit souvent ornée de motifs géométriques, on s'est restreint ici à parler du décor qui, sur certains vases d'époques classique et post-classique de l'importante collection du musée, prend l'homme et l'animal pour thème. Cela exclut les figurines en terre cuite dont chaque culture depuis celle de Valdivia a proposé ses propres modèles et qui devraient être envisagées pour elles-mêmes.

La succession des civilisations de l'Equateur préhispanique se traduit par une évolution régulière qui, partant d'un groupe restreint, conduit aux premières agglomérations urbaines de l'époque classique (entre 800 av. J.-C. et 500 après), aux confédérations indépendantes post-classiques (de 500 à 1400), pour aboutir à l'empire fortement centralisé des Incas que les conquérants espagnols anéantiront en plein essor. A partir de l'époque classique, les cultures de cette région entretiennent des relations commerciales de plus en plus assidues avec le Pérou et l'Amazonie, mais aussi avec l'Amérique Centrale, la Polynésie et le Japon. Malgré cela, les civilisations équatoriennes ne semblent pas avoir été grandement influencées par leurs voisins, ni avoir largement diffusé leur savoir-faire. Alors que l'époque formative est marquée par le développement de l'agriculture et de la céramique, les peuples des périodes suivantes, à l'exception des Incas, paraissent surtout évoluer sur les acquis précédents.
Sur le continent sud-américain, en effet, c'est à Valdivia, en Equateur, qu'apparaît la céramique (vers 3000 - 1800 av. J.-C.). Elle acquiert rapidement, en particulier à travers les horizons Machalilla (vers 2000 - 1000 av. J.-C.), Chorrera (vers 1800 - 1500 av. J.-C.) et Narrio (vers 1500 av. J.-C. - 500 après), un ensemble de techniques qui ne sera guère accru par la suite. Les vases sont modelés ou montés au colombin, et dès Chorrera, la cuisson est parfaitement maîtrisée. Sans doute d'origine péruvienne, le moule représente le seul apport important des cultures classiques : elles répondent ainsi à une demande plus forte que satisfait la production en série. A cause de ces modes de fabrication, les vases garderont toujours un aspect globulaire inspiré des récipients végétaux. Seule l'utilisation du tour eût pu rendre les formes plus élancées. Les potiers s'ingénièrent par contre à les diversifier, en combinant avec une grande habileté et un goût souvent sûr des surfaces concaves, convexes ou rectilignes rythmées par des arètes vives. Chaque culture élabora ainsi des formes particulières, dont certaines, comme la coupe, l'amphore ou le gobelet, connurent une vogue moins limitée.
Les techniques utilisées pour le décor se sont aussi perfectionnées durant la période formative. La gravure, faite d'incisions et de marques de poinçon, apparaît la première et persistera jusqu'aux Incas. La peinture, qui la supplante, est bicolore, plus rarement tricolore, et joue du contraste entre le clair et le sombre. Il faudra attendre la céramique inca pour que l'on fasse un large usage de la polychromie. Le décor plastique, enfin, sous la forme de pastillage, de modelage et de relief appliqué, apporte d'autres possibilités d'ornementation. Tous ces procédés sont parfois employés ensemble.

  • 1. En 1976, au cours d'un voyage d'étude en Amérique Latine, je pus visiter ce superbe musée. Je suis heureux aujourd'hui de pouvoir répondre à l'aimable accueil qu'on me fit alors.

Référence à citer

Marc Heilig, La représentation de l'homme et de l'animal sur quelques vases classiques et post-classiques du Musée de Quito, archeographe, 2003. https://archeographe.net/La-representation-de-l-homme-et-de