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Cultures classiques

Tuncahuan

La céramique tuncahuan, dont les formes sont variées, privilégie la coupe et le type nouveau de l'amphore. Le décor peint, en sombre sur clair (fig. 2) ou en clair sur sombre (fig. 1 et 3), est généralement bicolore, noir et crème ou brun et crème. Sur certains vases, ces trois couleurs sont utilisées ensemble. La vasque de la coupe appelle naturellement un décor intérieur : il est souvent ordonné avec symétrie, rayonnant ou en frise, comme le singe de la fig. 3 qui se répète quatre fois sur le pourtour du vase ; mais le grand oiseau de la fig. 1 occupe à lui seul tout le champ disponible. Les motifs, surtout géométriques, accusent une forte stylisation lorsqu'ils s'inspirent du monde animal : si l'on reconnaît bien un singe, un oiseau ou un masque de félin, il est impossible de préciser l'espèce, ni même d'être certain que l'on n'a pas glissé dans l'imaginaire.

Panzaleo et Jama-Coaque

Les vases de ces horizons ont des formes grossières, dans leur aspect général comme dans le détail. Le décor est ordinairement sommaire et peu soigné, mais la fig. 5 montre une œuvre panzaleo de grande qualité : le personnage, dont la riche parure est rendue par la peinture (collier, peintures corporelles) et par le modelage (boucles d'oreilles), est représenté en action, tenant une petite coupe. Le corps humain s'identifie de façon assez naturelle à la forme du vase : la tête occupe le col, le tronc la panse, et les jambes servent à l'assise de l'objet. Seuls les bras, maigres et disproportionnés, font exception. Cela surprend quelque peu car dans leur geste se concentre la raison d'être du vase. Cette prise de possession de l'objet par le sujet se retrouve, quoique moins puissante, sur le vase jama-coaque de la fig. 4. Celui de la fig. 6, de l'horizon panzaleo, est assez lourd et porte sur le col une tête de chouette qui tient toute sa force de la simplicité des lignes.

La Tolita
Avec maîtrise et fantaisie, les potiers de La Tolita se plaisent à élaborer des formes complexes qui suffisent à donner au vase son caractère esthétique. La forme à deux goulots et anse en étrier, crée au Pérou et importée en Equateur, semble très appréciée. Le vase de la fig. 7 en est un exemple : la panse toute entière est modelée en forme de tête de jaguar dont l'expression est presque humaine ; la moitié droite est rouge, l'autre, ainsi que les yeux, est blanche.

Carchi

De couleur brune, la céramique carchi a un bel aspect lustré et ses formes peuvent être très fines. Les vases sont peints de motifs géométriques noirs. L'homme et l'animal, en noir sur fond crème, s'ordonnent en amples compositions à l'intérieur des coupes. Ainsi, debout sur une sorte de roue, les petits personnages de la fig. 8 semblent former une ronde ; le cervidé de la fig. 11, répété en frise, court tout autour de la vasque. Le décor peut prendre tout l'intérieur de la coupe, comme les oiseaux fantastiques de la fig. 13, ou le toucan de la fig. 10 qui est inlassablement repris sur trois rangées superposées. Le félin sert aussi de modèle : celui de la fig. 12 occupe le fond d'une coupe, et ceux de la fig. 9, tête-bêche de part et d'autre d'un motif, ornent une flûte en forme d'escargot. La stylisation répond à des critères semblables à ceux de la culture Tuncahuan. Toutefois, la ronde des personnages casqués (fig. 8) se rapproche peut-être d'une ébauche de narration. De même, la douleur qu'on lit sur le visage du vase de la fig. 14 témoigne de la volonté de rendre une expression ; elle est encore accentuée par le corps informe de l'homme, réduit à la tête et aux bras sommairement modelés.

Référence à citer

Marc Heilig, La représentation de l'homme et de l'animal sur quelques vases classiques et post-classiques du Musée de Quito, archeographe, 2003. https://archeographe.net/La-representation-de-l-homme-et-de