Vous êtes ici

Les collections régionales

Préhistoire

Présenter les faciès de la Préhistoire en France permet de situer les pièces régionales dans un contexte plus général. Le musée dispose en effet de très beaux ensembles d'outils préhistoriques provenant du sud de la Lorraine et du Toulois. Cette période comprend le Paléolithique, âge de la pierre taillée, et le Néolithique, âge de la pierre polie, qui sont séparés par une phase de transition Épipaléolithique – Mésolithique1. La différence entre les deux grandes périodes préhistoriques est toutefois plus profonde que le seul traitement de la pierre. En effet, pour prélever leur subsistance dans leur environnement, les chasseurs-cueilleurs paléolithiques doivent se déplacer souvent et parcourir de grandes distances. L'homme du Néolithique se sédentarise au contraire car l'agriculture et l'élevage lui permettent de contrôler ses moyens de subsistance.

a - Le Paléolithique

Choppers. Dommartin-lès-Toul.

L'occupation humaine de la région débute au Paléolithique Inférieur. En proviennent les tout premiers instruments de l'industrie lithique : des galets aménagés de façon assez fruste sur une seule face (choppers), ou sur deux (chopping-tools).

Acheuléen.

L'Acheuléen, principal faciès du Paléolithique Ancien, est fort bien représenté par le biface, son outil caractéristique, qui marque une amélioration du débitage. Avec le temps, il deviendra plus régulier, et le tranchant sera retouché plus finement. Le silex étant absent de la région, on a utilisé des galets de quartzite provenant des alluvions de la Moselle. Le musée propose toutes les phases de cette culture qui, apparue pendant la glaciation de Mindel, connut une durée très longue jusqu'à la fin du dernier interglaciaire Riss-Würm2. Ces hommes étaient des archanthropiens, et se sont largement répandus en Europe.

Moustérien. Pierre-la-Treiche.

Le Paléolithique Moyen débute vers la fin de l'interglaciaire Riss-Würm et se poursuit durant 50 000 ans environ, jusque dans la première moitié de la glaciation de Würm. Les paléanthropiens constituent plusieurs faciès, mais leurs industries lithiques se rattachent au Moustérien. La période se caractérise par les industries sur éclats, qui apparaissent déjà à la fin de la phase précédente : la taille cherche à produire des éclats dont on tire des outils. Bien que le Moustérien reprenne le biface de l'Acheuléen, cette technique nouvelle diversifie l'outillage en pointes, racloirs, burins, grattoirs, perçoirs et couteaux, toutes formes qui se développeront par la suite.

A dr. : Paléolithique Supérieur. Pierre-la-Treiche. A g. : Mésolithique. Gye.

Vers 35 000 commence le Paléolithique Supérieur, à la fin d'une phase plus tempérée de la glaciation de Würm. Il se poursuit jusque vers 10 000, alors qu'apparaissent les conditions climatiques que nous connaissons encore. Les cultures de cette période sont l'oeuvre des néanthropiens, qui commencent à avoir des préoccupations proches des nôtres : l'esthétique, l'organisation de l'habitat, la parure... Deux grands faciès sont à retenir : le Solutréen, entre 18 000 et 15 000, produit un remarquable outillage lithique façonné par retouches rasantes et parallèles sur toute la pièce ; le Magdalénien, entre 15 000 et 9 000, a une industrie lithique diversifiée dans laquelle ressortent de petites lamelles en triangle allongé, mais il se singularise essentiellement par le développement du travail de l'os.

Mésolithique. Gye.

La fin du Paléolithique voit se côtoyer différents modèles sociaux et économiques. Des faciès épipaléolithiques conservent encore le mode de vie des chasseurs-cueilleurs alors que les cultures mésolithiques tendent déjà à la néolithisation. Les microlithes3 caractérisent la période, de très petits outils qui prennent souvent une forme géométrique. Les gisements de Bussy-la-Côte et d'Avrainville en ont livrés de nombreux exemplaires.

  • 1. Les transitions, aussi bien à l'intérieur des périodes qu'entre elles, restent toujours un peu floues : des faits anciens, comme des formes ou des techniques de l'outillage, voire des structures socio-économiques, accompagnent la montée des innovations.
  • 2. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que tout le Quaternaire est rythmé par une alternance de glaciations et de réchauffements. En Europe, il y eut au moins quatre glaciations, qui se succèdent comme suit :
    glaciation de Günz : 650 000 – 500 000
    interglaciaire Günz – Mindel : 500 000 – 400 000
    glaciation de Mindel : 400 000 – 320 000
    interglaciaire Mindel – Riss : 320 000 – 200 000
    glaciation de Riss : 200 000 – 120 000
    interglaciaire Riss – Würm : 120 000 – 75 000
    glaciation de Würm : 75 000 – 10 000
    Postglaciaire : depuis 10 000, la période dans laquelle nous sommes encore.
  • 3. Ces microlithes servaient d'armatures de flèches ; ils étaient souvent disposés en enfilade.