Vous êtes ici

Conclusion.

La place de Haguenau, d'abord délaissée puis détruite en 1677 par le Roi Louis XIV, a finalement été intégrée au dispositif de défense de la France, le pré carré imaginé par Vauban. Elle a pris une telle notoriété que son médaillon figure même en première page du recueil des principales places de guerre en 1786. L'intervention personnelle de Vauban à Haguenau ne fait aucun doute. Même si rien n'atteste qu'il ait été vraiment sur place, on peut être assuré que cet éternel voyageur, qui n'a rien laissé au hasard, est venu au moins une fois pour évaluer les lieux. Quoi qu'il en soit, on reconnaît ses idées dans l'évolution de la défense de la place forte de Haguenau, opérée par Tarade, directeur des fortifications et places d'armes en Alsace, architecte d'exécution de ses plans en Alsace de 1692 à 1712, et son futur successeur. En revanche, on ne voit pas l'influence du Vauban bâtisseur et urbaniste dans l'organisation de la ville civile, tracé des rues et habitat.

Incontestablement, Vauban s'est servi de pierres du château de Haguenau pour construire Fort-Louis, même s'il il était contre les murailles en pierre car les boulets les font éclater et traversent celles en brique. Les pierres du château de Haguenau retrouvées à Fort-Louis sont sculptées. Elles ont dû servir à décorer l'extérieur comme Vauban en avait l'habitude.
Tout en étant un homme de guerre, Vauban était un personnage très humain et tolérant. On ne peut lui reprocher des comportements qui sont ceux des militaires de son siècle. Son souci de la vie des hommes et ses positions contre le Roi en faveur des Huguenots en témoignent. Donc dire, comme certains1, qu'il a démoli le château de Haguenau pour faire disparaître les vestiges du Saint-Empire germanique semble sans fondement2. Pour Louis XIV, la guerre était une composante et un outil de sa politique ; pour Vauban, c'était un art.

Documentation.

Archives départementales du Bas-Rhin.
Archives municipales de Haguenau.
Archives du Génie à Vincennes.
Annuaires de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Ried Nord : Le tricentenaire de Fort-Louis, 1987 ; Trente siècles de fortifications dans le Ried Nord, 1999 ; La guerre de 1701 à 1714, 2001 ; Guerres et Paix sur la frontière du Rhin au XVIIIe siècle, 2007.
Code de Barth - Ref AMH 944 Gro.
Procès-verbaux du Conseil Municipal.
Jahresberichte des Hagenauer Altertums-Vereins.
Etudes Haguenoviennes 1948.
Die Kaiserpfalz Hagenau, Strassburger Neueste Nachrichten.
La route des fortifications dans l'Est, Les étoiles de Vauban.
Saisons d'Alsace N° 84, La défense du pays.
Vauban, Bâtisseur de Roi Soleil, Musée des plans-reliefs.

Encel F., L'art de la guerre par l'exemple.
Fischer A., Daniel Specklin aus Strassburg.
Guerber V., Histoire Politique et Religieuse de Haguenau, tome I.
Haettel J.-P., Vauban aux frontières de l'Est.
Klélé J., Guide de Haguenau, 1925.
Klélé J., Die Reichsstadt Hagenau.
Pujo B., Vauban.
Riegert H., Le journal historique de l'Alsace.
Ûbel R., Die Festungen an der Queich und Laute.Dendrochronologie – Archéolabs.
Fouilles archéologiques, INRAP.
Observations sur le terrain et suivi des chantiers en zone sensible de 1997 à 2007.

  • 1. V. Guerber, Histoire politique et religieuse de Haguenau, tome II, p. 167.
  • 2. Déjà cent ans plus tôt, Specklin avait démoli de prestigieuses constructions pour en récupérer les matériaux. Ainsi, en 1584, il détruisit le couvent de Niedermunster, déjà incendié par la foudre en 1542, pour fortifier Benfeld, tout en promettant qu'il serait reconstruit, ce qui ne fut jamais fait.