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La distribution

Le château d'eau selon Vitruve.

Vitruve explique que le castellum divisiorum doit comporter trois bassins après le réservoir qui reçoit l'eau de l'aqueduc1. Celui du milieu se remplit par l'excédent des deux latéraux et sert aux fontaines publiques de la ville. Les deux autres desservent, moyennant une redevance, l'un des maisons particulières, l'autre les bains. En cas de pénurie, le bassin central est donc le premier à se vider alors que les deux autres continuent à fonctionner2. Des tuyaux de plomb conduisent l'eau à leur destination finale, en passant par des châteaux d'eau secondaires qui diminuent la pression. Ce dispositif met en oeuvre toute une plomberie de tuyaux3, robinets4, soupapes5, tubes mesureurs6 etc.

Fontaine publique à Herculanum.Bouche de fontaine trouvée à Hippone.

Entreprise publique, la construction d'un aqueduc comprend aussi les fontaines des rues7. Dans son ensemble, le projet installe ainsi dans la ville un réseau d'alimentation en eau. Elles participent parfois à l'embellisement de l'espace urbain : certaines ont des jets d'eau8, ou prennent une apparence véritablement monumentale9.

Fontaine publique à la jonction de deux rues de Pompéi.

Fontaine publique à Pompéi.Fontaine publique à Pompéi.Fontaine de Timgad.

D'ordinaire, toutefois, les fontaines ne sont qu'un bassin quadrangulaire en pierre10. Une bouche, placée sur un pilier ou dans un mur, y déverse l'eau. Ce sont donc des monuments de petite taille11, dont la fonction utilitaire n'est agrémentée que par le masque ou la gueule d'animal qui peut orner la bouche. Puisqu'elle font partie du projet initial, il n'est pas rare que les fontaines d'une même ville se ressemblent. Elles sont placées le long des rues ou à un carrefour de sorte qu'on y ait accès facilement12 : les villes de Gaule en installent beaucoup dès le Ie s. ap. J.-C. car fournir aux habitants une eau saine et abondante est une marque du progrès qu'apporte le civilisation romaine. Le nymphée de Jérash.

On peut encore voir un bel exemple de nymphée à Jerash. Ces constructions monumentales sont peu fréquentes en Gaule, et apparaissent surtout à partir du IIe s. Là encore, il s'agit de monuments publics.Ils sont souvent insérés dans les thermes. Trèves en offre deux exemples différents : accès depuis la rue aux thermes de Constantin, ou de l'intérieur de l'édifice aux thermes de Santa Barbara.

Situation du nymphée dans les thermes impériaux de Trèves.

Divodurum disposa assez tôt, semble-t-il, d'un nymphée luxueusement orné et pourvu d'un portique. L'édifice fut financé par des sévirs augustaux. Nous en connaissons l'existence grâce à la découverte d'une dalle remployée dans un sarcophage, portant l'inscription mutilée suivante .ONOREM DOMV
HOVNVS SEX MASSIVS GEN
LIANVS C CELSIVS MATTOS
GVSTALES AQVAM AB ORIGII
NT ET NYPHAEVM CVM SV
POSV

L'inscription du nymphée de Divodurum.

Malheureusement, puisque cette plaque n'était pas en place, la situation de ce nymphée nous reste inconnue13.

  • 1. Mais on n'a jamais retrouvé de château d'eau qui corresponde exactement à ce que décrit l'architecte romain.
  • 2. Cf ADAM (J.-P., La construction romaine, p. 278.
  • 3. Fistula ou plumbum.
  • 4. Epistomium.
  • 5. Assis.
  • 6. Calix .
  • 7. Lacus.
  • 8. Saliens.
  • 9. Nymphaeum.
  • 10. Les demeures luxueuses disposent souvent de leur propre fontaine.

    Fontaine de la Maison de la grande fontaine à Pompéi.

    Détail de la décoration de la fontaine d'une villa de Pompéi.

    Ces petits édifices sont alors bien plus ornés que leurs équivalents publics.

  • 11. A Lyon, la fontaine du Clos du Verbe Incarné fait 2,45 x 1,85 m ; celle de l'Odéon 2,50 x 2 m.
  • 12. A Pompéi, par exemple, elles sont espacées de 70 ou 80 m, et l'on n'en est jamais à plus de 40 m.
  • 13. Il fut longtemps confondu avec le château d'eau. Voir ci-après.