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La Pompösen Bronn de Lemberg

La frise en bas-relief de la Pompösen BronnSur les cartes françaises, le lieu est indiqué sous le nom de Source Saint-Hubert. Le bas-relief est sculpté sur la paroi d'un rocher du Schlossberg, près de Lemberg ; il domine une source, qui s'écoule dans deux bassins. Forrer a consacré plusieurs pages à ce site 1. Espérandieu2 donne les dimensions approximatives de la frise sculptée : 0,90 m pour la hauteur actuelle de la sculpture, et 3,50 m de largeur. Seule la moitié inférieure du relief est conservée. Les personnages devaient être à peu près grandeur nature. Diane se reconnaît aisément. Elle est accompagnée d'un dieu qui porte une lance. Ils sont entourés d'animaux.

La déesse est vêtue d'une courte tunique et chaussée de hautes bottines. A sa gauche se trouve un arc, qu'elle devait tenir. Le bras droit a disparu avec la partie supérieure du relief, mais il pouvait avoir la même position qu'à Roppeviller, saisissant une flèche dans un carquois. Le dieu porte la jupe plissée des militaires ; il tient une lance de la main droite.

A la droite de Diane, un chien assis tourne la tête en arrière ; derrière lui, un autre chien se tient debout, le museau près des jambes de la déesse. Près de son arc, un chien assis tourne le museau vers elle.

Un sanglier court derrière le dieu et un grand chien vient à sa droite. Au dessus de ce chien, un relief assez grand représente deux cerfs affrontés. Leur taille, plus petite, donne un arrière-plan forestier. Deux arbres morts symbolisent le cadre naturel, l'un derrière le chien près de l'arc, l'autre à la gauche du dieu.

Tous ces éléments -dieux, animaux et arbres- constituent l'ensemble principal du bas-relief. Ils sont de la même main et ont des proportions semblables. C'est le travail d'un sculpteur habile : le mouvement est bien observé, le rendu est plein de vie grâce au jeu de reliefs plus ou moins forts. La situation, juste au dessus du jaillissement de l'eau, met fortement en relation la frise et la source.

Cette partie fut complétée, peut être plus tard et à différentes époques, par plusieurs ajouts à l'extrémité gauche de la frise. Au dessus des deux chiens qui sont à la droite de Diane, un cadre enferme une femme assise et un Amour volant. Le relief en est aujourd'hui très émoussé. Forrer y voyait un ex-voto représentant une scène de bain : la femme, portant un drap, serait assise au bord d'un bassin.

Au delà, deux figures ont été placées librement sur la paroi : une tête monstrueuse, exécutée sommairement, qu'Espérandieu et Lutz interprètent comme la Chimère ; un petit chien courant, qui est assez bien vu. Ces deux petits reliefs sont sans doute associés à l'ensemble, bien que rien ne puisse l'affirmer.

Les bassins, vus de la source Forrer parle avec raison d'un sanctuaire à bain curatif. La frise n'est en effet qu'une partie d'un complexe qu'il est impossible de restituer sans faire de fouilles. Il se peut, comme le pense le savant alsacien, que l'endroit ait été couvert et clôturé à l'époque romaine3. A la sortie du rocher, la source coule dans une rigole taillée dans le grès et longe le bas-relief sur 12,50 m. L'eau se déverse dans un premier bassin creusé dans la roche ; les rebords en sont garnis de blocs de grès équarris. A peu près carré (2,40 x 2,10 m), il est profond de 0,30 m.
L'eau passe ensuite dans un second bassin, à un niveau légèrement inférieur. Il est fait de la même façon que l'autre et a la même profondeur, mais les dimensions et la forme en sont différentes (2,40 x 1,50 m). Enfin, par un espace laissé entre deux blocs du rebord, l'eau poursuit son cours en petites cascades dans la forêt, traverse des prés et rejoint le Lächerbach.

L'expansion du christianisme fut certainement responsable de l'abandon du sanctuaire. Néanmoins, la dévotion, comme il est fréquent, s'est peut-être simplement déplacée. Forrer mentionne la chapelle d'Enchenberg dédiée à Sainte Vérène. Les fidèles s'y rendent en procession chaque année le 1e mai. L'édifice n'est pas très éloigné de la source, il est construit sur son cours, en aval du sanctuaire romain. Qui plus est, l'attribut de la sainte est une cruche remplie d'eau qu'elle dispense aux malades.

  • 1. FORRER, op. cit., p. 28 et suiv. Nous reviendrons plus bas sur son interprétation.
  • 2. ESPERANDIEU, op. cit., V, 4473.
  • 3. Une mortaise rectangulaire, près de la source, serait l'indice d'une charpente. Une rainure verticale pratiquée dans le roc aurait servi à maintenir une palissade.

Référence à citer

Marc Heilig, Reliefs rupestres gallo-romains de la région de Bitche, archeographe, 2003. https://archeographe.net/Reliefs-rupestres-gallo-romains-de