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La deuxième partie du pèlerinage

Revenons à notre pèlerinage. Sur notre chemin, une grotte de Lourdes et une belle Croix des Agonisants de 1826 matérialisent le fossé du Fallbrück. Marie-Madeleine est représentée au pied de la croix et, sur le socle, en bas-relief, un pécheur sauvé des flammes du Purgatoire. Puis viennent les effigies de Ste Catherine, St Georges, St Pantaléon ; et, de l’autre côté du chemin, St Christophe, St Denis, St Eustache et Ste Barbe.

 

Ste Catherine († 307, fête le 2 novembre) naquit à Alexandrie dans une famille de la noblesse. Elle se fit baptiser à la suite d’un songe ; Jésus lui apparut alors et la prit pour épouse. Elle suivit l’enseignement des maîtres chrétiens de la ville. Lors d’une célébration religieuse, elle eut le front de comparer la foi chrétienne aux superstitions du paganisme devant l’empereur Maximin. Il la confronta aux meilleurs docteurs païens ; Catherine sut les convertir par son discours. Maximin pensa encore la circonvenir en lui proposant de l’épouser. Furieux de son refus, il la soumit au supplice de la roue mais un Ange fracassa le chevalet. L’empereur ordonna enfin que Catherine fût décapitée. Elle avait demandé au Christ que cessent les persécutions et que son corps ne soit pas profané ; il fut transporté par des Anges sur le mont Sinaï.

 

Ste Catherine est la patronne des filles célibataires et des professions intellectuelles, étudiants, orateurs, avocats…. On l’invoque également contre les maladies de la langue. Elle est représentée une branche de palmier à la main, avec à ses côtés une roue brisée, symbole de son martyre. Notre tailleur s’est conformé à cette image, bien que la palme semble avoir disparu.

 

St Georges († déb. IVe s., fête le 23 avril) eut, selon la légende, une vie pleine d’aventures merveilleuses. Aussi n’est-il pas surprenant que la dévotion populaire, dans tout le monde chrétien, l’ait vénéré avec une immense ferveur. Né en Cappadoce dans une famille de haute condition, Georges fut élevé par sa mère dans les vertus chrétiennes et devint un bel homme, intelligent et cultivé. Il embrassa la carrière militaire et ne tarda pas à en gravir les grades. Il délivra la fille du roi de Pamphylie, qui avait été livrée à un dragon terrifiant. Sa foi chrétienne lui avait donné la force d’abattre le monstre, et tous les païens qui assistèrent à cet exploit se convertirent.

En 304, Dioclétien réunit les gouverneurs d’Orient à Nicomédie en vue de la grande persécution des chrétiens. Devant cette assemblée, Georges, au nom du Christ, fit de graves reproches à l’empereur. Celui-ci lui proposa de le couvrir d’honneurs s’il sacrifiait aux dieux de Rome, sans parvenir à ses fins. Alors il ordonna aux gardes de le frapper au ventre, mais leurs lances se tordirent aux premiers coups. Mis au cachot avec une lourde pierre sur la poitrine, Georges comparut pourtant le lendemain avec la même fermeté. On l’attacha à une roue suspendue au-dessus de lames qui lacéraient son corps lorsqu’on la faisait tourner. Il rendait pourtant grâce à Dieu et un Ange en habit de lumière vint le délivrer. Plongé ensuite dans une fosse de chaux vive, Georges en sortit sain et sauf trois jours plus tard. Puis on le força à marcher dans des chaussures garnies de pointes incandescentes. Il échappa encore à l’empoisonnement et ressuscita, devant le mage qui lui administrait le poison, un mort qui confessa le Christ aussitôt. La légende rapporte encore bien d’autres miracles au sujet de St Georges, qui fut finalement décapité. Tout cela agrémenté de maintes conversions devant de tels prodiges, y compris celle de l’impératrice Alexandra.

 

St Georges est le patron des soldats. On l’invoque contre les dartres et pour la santé des animaux domestiques. Il symbolise la confiance dans le Christ, la vaillance et la patience dans l’affliction. On le représente en chevalier romain, perçant un dragon de sa lance, de même que sa foi avait vaincu le dragon de l’enfer. Il est ici en soldat avec une longue épée.

 

St Pantaléon († 303, fête le 27 juillet), médecin à la cour de l’empereur Maximien, était fort apprécié pour l’exercice de son art. Converti au christianisme, il soigna les malades au nom du Christ, osant même affronter les prêtres d’Esculape. On le dénonça mais il parvint à déjouer six arrestations. Comme il refusait toujours d’abjurer, il fut décapité en 303, après avoir été lourdement torturé.

 

Patron des médecins et des nourrices, il est invoqué contre les maladies de consomption et le strabisme. On le représente avec des attributs de médecin, en train de soigner des malades ou, comme ici, avec les mains clouées.

 

Le culte de St Christophe († IIIe s., fête le 25 juillet), martyr au IIIe s., connaît la faveur de tout le monde chrétien car la dévotion s’est rapidement emparée de ce personnage attachant1. Christophe de Lycie était un homme de forte stature ; il était passeur et faisait traverser aux voyageurs un torrent impétueux. Un jour se présenta un petit enfant ; s’appuyant sur son bâton, Christophe le prit sur ses épaules pour le conduire sans danger vers l’autre rive. Comme il s’étonnait de son poids, qui devenait de plus en plus lourd, l’enfant lui répondit : « En me portant, c’est le monde entier que tu as porté ». A la demande de l’Enfant Jésus, car c’était lui, Christophe planta son bâton sec dans la terre et le vit soudain bourgeonner.

 

St Christophe est le patron des bateliers et des voyageurs, mais encore des portefaix, des arbalétriers, des foulons, des fruitiers… Pour les militaires, il est aussi celui du Train, qui accomplit sous sa protection les missions logistiques les plus difficiles. St Christophe protège des dangers du voyage, on l’invoque lors des orages, des tempêtes, contre la famine, l’incendie et la peste. Notre tailleur n’aurait pu se permettre aucun écart dans la représentation de ce saint fort vénéré en Lorraine : l’effigie nous montre un homme puissant, qui porte l’Enfant Jésus sur l’épaule gauche et tient son bâton de la main droite2.

 

St Denis († IIIe s., fête le 10 octobre) fut envoyé en Gaule par le pape au IIIe s. Il s’établit à Paris, dont il devient le premier évêque, et y subit le martyre par décapitation durant la persécution de Dèce, en 250, ou celle de Valérien, en 258. La légende affirme qu’il porta sa tête depuis le lieu de son supplice, à Montmartre, jusqu’au vicus Catulliacus, aujourd’hui St-Denis, où il est inhumé, dans la basilique que Ste Geneviève fit ériger en son nom.

 

St Denis est invoqué contre les possessions diaboliques, les maux de tête et les remords de conscience. On le représente vêtu de l'habit épiscopal et portant sa tête coupée entre les mains, comme la statue du pèlerinage de Hombourg.

 

St Eustache († 118, fête le 20 septembre) était général dans l’armée impériale. Lors d’une chasse, il vit un cerf qui portait une croix dans ses bois ; à la suite de cette apparition, il se convertit à la foi chrétienne avec toute sa famille. Capturés par des pirates au cours d’un voyage vers l’Égypte, ils furent vendus comme esclaves et séparés, mais ils parvinrent à se réunir quelque temps plus tard. Reconnus comme chrétiens, on les condamna au martyre en 118, enfermés dans un taureau de bronze chauffé à blanc.

 

On fait appel à St Eustache contre les discordes familiales et contre le feu, éternel ou temporel. L’effigie du pèlerinage de Hombourg, bien qu'un peu confuse, rappelle l’épisode de l’apparition du cerf avec la croix sur le chef.

 

Ste Barbe († 235, fête le 4 décembre) est une illustre martyre de Nicomédie dont le culte s’est largement répandu en Orient et en Occident dès le Ve s. Elle fut baptisée à l’insu de son père dans la tour où il l’avait enfermée. Dans le cirque, elle refusa de sacrifier en l’honneur de l’empereur. Elle fut affreusement suppliciée, mais Jésus lui apparut pour la consoler. Une autre légende rapporte qu’elle aurait été décapitée par son propre père lorsqu’il découvrit sa conversion et qu’il aurait été aussitôt foudroyé.

 

De là vient qu’on sollicite Ste Barbe contre les risques d’une mort subite par le feu ou l’électricité. Ste Barbe est la patronne des artilleurs, des arquebusiers, des canonniers et des artificiers, des mineurs et des carriers. On l’invoque donc contre la foudre et les dangers du feu. Son culte a depuis fort longtemps gagné le Pays Messin, dont elle est la patronne. Ses attributs sont une tour, un ciboire et l’hostie.

En 1448, Ste Barbe sauva miraculeusement un vieillard d’un incendie et prolongea sa vie d’un jour pour qu’il puisse recevoir l’extrême onction. D’autres ont obtenu d’elle la même grâce par la suite. Ste Barbe est ainsi la patronne des mourants afin qu’ils ne meurent pas sans sacrements. D’où le ciboire et l’hostie, les seuls attributs que le tailleur, oubliant la tour, a retenus.

 



  • 1. Le culte de St Christophe est attesté dès le Ve s. en Bithynie, où une basilique lui fut dédiée.
  • 2. On retrouve la même iconographie sur la belle statue de St Christophe de Montigny-les-Metz : plus récente que celle du pèlerinage de Hombourg, elle a été élevée rue de Pont-à-Mousson, à un emplacement qui marquait alors pour les voyageurs la sortie de la ville.