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Miniaturisation et dégradation

La miniaturisation apparaît comme le trait original du sanctuaire du Favier, mais son importance doit être atténuée. En effet, bien qu'on ait jusqu'ici retrouvé quelque 950 exemplaires de ces miniatures, le nombre n'en est pas si élevé qu'il y paraît au premier abord : mis en relation avec la durée probable des dépôts, une centaine d'années tout au plus, il ne revient guère qu'à une dizaine d'objets déposés par an.

Toutes les réductions qu'on a retrouvées sont en métal1. Le corpus ne comprend pas que des armes : il comprend aussi des outils, des mors de chevaux et des céramiques.

Les objets miniaturisés ont assurément un caractère votif. Ce sont des images d'objets réels, que leur forme générale suffit à évoquer, sans qu'on ait éprouvé le besoin de préciser les détails2 Le sanctuaire du Flavier prolonge ainsi la coutume gauloise du dépôt d'armes, mais en leur substituant des réductions. Cela peut être l'indice d'une évolution du rituel originel : une représentation réduite symboliserait désormais une arme véritable, tout comme c'était déjà le cas lorsqu'on n'en offrait qu'une partie, selon le principe de la « pars pro toto ».

La dégradation volontaire représentait une autre caractéristique de la consécration des armes à la fin de la période gauloise. Ce rituel a aussi été pratiqué sur des armes miniatures, comme on a pu l'observer, non loin du Flavier, à Baâlons-Bouvellemont (Ardennes)3. Au Flavier, il s'agit de pliures, d'entailles, de percements... Cela ne concerne toutefois qu'un petit nombre d'objets. Seuls 12 boucliers présentent des marques de dégradation4, principalement sur les umbones, qui peuvent être enfoncés, entaillés, percés ou écrasés ; d'autres parties présentent des pliures plus ou moins accentuées. On relève une proportion semblable pour les épées, avec 14 exemplaires 5. Elles ont été repliées sur elles-mêmes, leur tranchant ou la garde ont entaillé, ou leur lame sectionnée ; quelques unes ont été dégradées en deux endroits.

 

Illustrations

Boucliers miniatures du sanctuaire du Flavier. Musée de Charleville-Mézières. Photo Marc Heilig

Boucliers miniatures du sanctuaire du Flavier. Musée de Charleville-Mézières. Photo Marc Heilig

Boucliers miniatures du sanctuaire du Flavier. Musée de Charleville-Mézières. Photo Marc Heilig

Boucliers miniatures du sanctuaire du Flavier. Musée de Charleville-Mézières. Photo Marc Heilig

Boucliers miniatures du sanctuaire du Flavier. Musée de Charleville-Mézières. Photo Marc Heilig

Boucliers miniatures du sanctuaire du Flavier. Musée de Charleville-Mézières. Photo Marc Heilig

Épées miniatures du sanctuaire du Flavier, dont certaines ont été volontairement dégradées. Musée de Charleville-Mézières. Photo Marc Heilig



  • 1. Mais il est possible qu'il y en ait eu bois. C'est en effet attesté ailleurs, comme au sanctuaire de Minerve à Bath.
  • 2. Ainsi les boucliers sont-ils tous plats, alors qu'il eut été facile de leur donner la courbure qui caractérise les objets originaux.
  • 3. De même pour des lances à Woodeaton (Oxfordshire).
  • 4. Il est plus difficile de l'affirmer pour 13 autres.
  • 5. Cela reste incertain pour 24 épées.

Référence à citer

Marc Heilig, Le sanctuaire gallo-romain du Flavier, archeographe, 2020. https://archeographe.net/sanctuaire-gallo-romain-flavier