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Évocations gallo-romaines
Dans le parc ont été placés quelques témoins de la civilisation gallo-romaine plus ou moins en rapport avec cette bourgade5. Les copies de deux statues équestres monumentales encadrent l’escalier d’entrée du musée. Les originaux6, découverts en 1887 dans une carrière proche de Breitfurst, sont en grès ; ils représentent des cavaliers à cheval mais sont restés inachevés.
On a aussi reconstitué une colonne de Jupiter à l’anguipède, un monument fréquent dans la Gaule du nord-est qui se compose de plusieurs éléments superposés. Ici, une base quadrangulaire à quatre dieux (Junon, Minerve, Hercule et Mercure) supporte un tambour octogonal, dont sept faces représentent les divinités qui régissent les jours de la semaine7. La huitième porte une dédicace à Jupiter Optimus Maximus et Junon Regina ; elle précise que le monument a été offert par les habitants d’un vicus dont le nom n’est pas conservé :
IOM
ET IVNONIREG
VICANI ////
VSLLM
Au-dessus de ce soubassement se dresse une colonne à décor d’écailles surmontée d’un chapiteau corinthien simplifié ; entre les volutes apparaissent les visages allégoriques des quatre saisons. L’ensemble est couronné d’un groupe sculpté représentant Jupiter à cheval, brandissant le foudre et terrassant un monstre à queue de serpent8. Le monument est peint de couleurs assez vives, comme c’était sans doute le cas dans l’Antiquité9.
Le temple de Mercure, enfin, évoque celui du Klosterwald à Bierbach, près de Schwarzenacker. Situé sur le Rödersberg10, il faisait partie d’un sanctuaire qu’entourait un mur de pierres. Les fouilles ont retrouvé à l’intérieur de ce péribole deux temples, un trésor et une fontaine, ainsi qu’une colonne de Jupiter. L’endroit était fréquenté par les habitants de la région. Le temple adopte la forme gauloise du fanum : une cella rectangulaire entourée d’un portique à supports de bois ; l’intérieur, où se trouve l’effigie du dieu, est orné de peintures murales. Nous savons que l’édifice était consacré à cette divinité grâce à la statue et à l’ex-voto de consécration :
DEO MERCVRIO SOLINVS SATVRNINI11
Ce Solinus, fils de Saturninus, avait fait le vœu de consacrer un temple au dieu Mercure si ses affaires étaient couronnées de succès. Ce devait être un marchand ou un propriétaire d’une certaine aisance pour assumer une telle dépense. L’inscription ne précise pas son origine12.
- 5. Le parc accueille aussi la reproduction gigantesque d’un dodécaèdre, dont un exemplaire se trouve au musée.
- 6. Ils sont conservés au musée du Palatinat de Spire. Ce sont les plus grandes statues équestres antiques découvertes au nord des Alpes. Les copies de Schwarzenacker sont de même taille que les originaux.
- 7. A partir de la gauche de la dédicace : Vénus (vendredi), Saturne (samedi), Hélios (dimanche), Luna (Lundi), Mars (mardi), Mercure (mercredi), Jupiter (jeudi).
- 8. Ce sont les éléments ordinaires de ces colonnes de Jupiter. Elles ont essentiellement été élevées dans le nord-est de la Gaule. Les musées de la région (Metz, Sarrebourg, Haguenau, Saverne, Strasbourg…) présentent souvent des groupes de Jupiter à l’anguipède, mais aussi des « stèles à quatre dieux », qui sont des bases de ces monuments. Nous avons consacré sur archeographe plusieurs articles à ce sujet : HEILIG, Deux vestiges de colonnes de Jupiter en Alsace (2002), La Colonne de Bexbach (2002) et La Colonne de Jupiter de Hausen an der Zaber (2005).
- 9. Des fragments inclus dans cette reconstitution proviennent des environs d’un petit sanctuaire situé au centre de la ville autour duquel avaient été aménagées des fosses sacrificielles.
- 10. A cet endroit s’éleva plus tard l’abbaye de moines bénédictins de Wörschweiler, fondée en 1130 par le comte Frédéric Premier de Sarrewerden. En 1171, Louis de Sarrewerden, petit-fils du fondateur, décida d’affilier le monastère à l’abbaye cistercienne de Villers-Brettnach, en Lorraine.
- 11. Au dieu Mercure, Solinus, fils de Saturninus, a promis ce temple par un vœu.
- 12. Cette indication est souvent mentionnée dans ce genre d’inscription ; elle nous aurait peut-être appris le nom de Schwarzenacker à l’époque romaine