Vous êtes ici
Visite du site
La plupart des maisons dégagées laissent apparaître une activité professionnelle. Du portique de la rue on pouvait voir par de grandes portes les artisans vaquer à leurs occupations. Le long de la rue principale, on peut ainsi visiter l’atelier d’un charron (4), où deux roues étaient encore fixées au mur au moment de la fouille. La maison donnait sur le trottoir par deux seuils de largeur différente, l’un pour la porte et l’autre pour un grand portail par lequel on faisait entrer les chariots dans la cour pour les réparer21. Le bâtiment disposait d’un grand coffre à rafraichir et d’une salle en sous-sol où l’on a retrouvé de magnifiques stucs et des fresques murales. Les maisons mitoyennes attestent d’activités liées à la nourriture, notamment à la boulangerie, avec des fours (2, 3) et des meules (5)22.
Au croisement des deux rues, le bâtiment rectangulaire qui se déploie le long du decumanus, était selon toute vraisemblance une auberge (6). La fouille a livré des morceaux de grands récipients qui servaient à mélanger et à réchauffer. Certains portent l’inscription CAPITOLINVS, sans doute le nom du propriétaire de cette taberna. On a récolté dans ce bâtiment de grandes quantités d’os et de tessons, ainsi que des fragments de plâtre peint23. L’aubergiste tenait au confort de ses clients car son établissement disposait de latrines. Des blocs de pierre perforés permettaient une évacuation dans la canalisation qui passe sous la taberna jusqu’à l’égout principal du cardo.
En face, de l’autre côté du decumanus, un grand bâtiment servait d’hôtellerie (7). Les voyageurs pouvaient y passer la nuit et y entreposer des marchandises, des services qu’il est tentant d’associer à la taberna. Les chambres étaient disposées autour d’une grande cour au sol dallé de grès. Cet établissement était lui aussi relié au réseau d’égouts.
Dans le decumanus, un passage de pierre traversait la canalisation et donnait accès à l’entrée de la Maison de l’oculiste (8). Le nom provient d’un timbre de prescription qu’on y a trouvé, avec les médicaments d’un côté et le nom du médecin de l’autre : Sextus Ajacius Launus24. On entrait d’abord dans une vaste cour où se trouvent un grand coffre à rafraichir, une cuisinière et des fours. A proximité, une salle, dans la partie est de la demeure, avait une table de pierre. A l’ouest, le rez-de-chaussée comprenait une pièce sous laquelle se trouvait une cave avec soupiraux, niches et étagères murales ; on y a retrouvé onze amphores du IIIe s. apr. J.-C. La pièce de réception, équipée d’un chauffage par le sol et les murs, était aménagée avec un certain luxe 25.
Au sud s’élève la Maison à la cave à colonnes (9). La qualité des trouvailles qu’on y a faites et de ses peintures murales pourrait indiquer le caractère administratif de ce bâtiment, mais il est également possible qu’il ait servi de lieu de réunion pour une guilde d’artisans. En effet, le sous-sol est particulièrement vaste et présente un dispositif original : cinq colonnes toscanes sont alignées dans l’axe central ; deux d’entre elles ont à mi-hauteur des dalles circulaires en forme de table. Cinq piliers répondaient à ces colonnes le long des parois nord et sud. Du côté nord, des soupiraux permettaient d’éclairer cette salle souterraine26. L’accès se faisait par un escalier assez étroit mais aux parements soignés. Lors d’une deuxième phase, on a comblé la partie ouest, élevé un mur et installé un système de chauffage. Colonnes et piliers supportaient le plancher en bois d’une grande salle qui se déployait au-dessus. Elle était richement décorée et ses fenêtres, au nord, étaient protégées par des barreaux métalliques.
Plus au sud, le grand bâtiment que l’on a baptisé Maison du marchand de matériaux de construction (10) comprend une aile résidentielle et une aile commerciale. Plusieurs pièces étaient pourvues de portes avec seuil de pierre. L’appartement était situé dans la partie centrale de l’édifice ; à l’est une cuisine et des fours et, à proximité, une petite cour. Un mur à colombage séparait probablement deux autres pièces du trottoir couvert et de la rue. La maison disposait d’une cave et d’un puits. Une gouttière déversait les eaux du toit dans un canal qui courait entre cette maison et la précédente et les conduisait à l’égout du cardo.
Dans la maison voisine (11), les pièces de logement et de service occupaient la partie est du bâtiment, derrière une grande cour d’où un escalier descendait au sous-sol. Lors des dernières phases de construction, on avait aménagé dans la partie sud-ouest de la cour plusieurs pièces dont les murs en bois reposaient sur de grands blocs de grès. On a observé dans cette maison des empreintes d’amphores qui attestent que des aliments y étaient entreposés.
Plus à l’est du decumanus, les édifices se poursuivent sur des bandes de terrain étroites et allongées (12-17). On y retrouve les aménagements principaux caractéristiques de la ville : sous-sols et coffres à rafraichir.
- 21. On a retrouvé dans ce bâtiment une perceuse à cuillers.
- 22. De nombreux morceaux de ces meules ont été retrouvés. On faisait fonctionner les moulins à la main ou, selon la taille de la meule, par une ou deux personnes, voire par un animal comme on le voit à Pompéi.
- 23. Un aubergiste pouvait donc bien gagner en servant des repas et des boissons.
- 24. Ce cachet servait à estamper la cire qui scellait les prescriptions.
- 25. Cette pièce a été entièrement restaurée. Dans le chauffage par le sol, on a trouvé le cadavre d’un chien.
- 26. On avait supprimé les soupiraux du côté sud en raison de la proximité de la maison voisine.