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Conclusion.

L'image de Caricin Grad que nous offrent les recherches récentes est donc sensiblement différente de celle que nous pouvions avoir il y a une vingtaine d'années, et les traits qui distinguent la ville protobyzantine d'une ville romaine apparaissent désormais plus clairement.Cette ville est certes reliée au réseau routier, mais elle est implantée à distance prudente des grands axes. Les remparts en dur, qui étaient depuis longtemps un élément important du poleôs schêma, y protègent surtout un ensemble de bâtiments publics, tous dus à la munificence impériale, et non plus comme autrefois à de multiples évergètes. Ils traduisent par leur étagement la place éminente des représentants sur place du pouvoir d'état : l'église et l'armée. C'est dans ce cadre très restreint que se développe un urbanisme exigeant, où les plans peuvent subir des retouches et des réajustements, et où l'on retrouve plusieurs thèmes hérités des temps antérieurs, notamment celui des grandes rues à portiques.L'habitat n'est certes pas exclu de l'espace intra muros, mais il y est réduit à la portion congrue. Il se regroupe donc autour du centre fortifié et doit se contenter de défenses assez sommaires (fossés, levées de terre, remparts en pierre sèche, palissades), selon un système connu ailleurs1. Au total, l'espace effectivement occupé pouvait être de plus de 20 ha, sans tenir compte du réseau de fortins qui faisaient partie de la défense rapprochée de la ville. La structure de cet habitat commence seulement à nous être connue. Elle comportait certainement une forte composante rurale, même pour les couches de la population qui ne vivaient pas du travail de la terre : ce qu'on appelle souvent la « ruralisation » de la ville n'est donc pas à Caricin Grad le signe d'une désintégration de la structure urbaine, mais s'identifie plutôt au processus même de peuplement du site.

  • 1. On pense surtout à certaines villes de Scythie Mineure (Histria, Noviodunum, Troesmis).