Vous êtes ici

Histoire de la faïencerie de Toul

Statue de Bernard Palissy à Saintes.

La faïence émaillée apparaît à Faenza3 à la fin du XIVe s. et atteint son apogée en Italie au siècle suivant. Au début du XVIe s., des Italiens installent les premiers ateliers à Paris, à Lyon, à Rouen, à Saintes... Bernard Palissy reste célèbre pour les recherches qu'il mena dans cette dernière ville.  L'engouement pour la faïence en France tient beaucoup à la politique de Louis XIV : en 1672, le roi établit un impôt élevé sur la vaisselle de table en métal précieux4 ; il en interdit même la fabrication en 1689. Ainsi la faïence remplaça-t-elle tout naturellement la vaisselle métallique. Il faut toutefois attendre le début du XVIIIe s. pour qu'éclosent des fabriques françaises, à Nevers, à Moustiers, à Rouen, à Strasbourg... A cours du siècle, de grandes faïenceries ouvrent en Lorraine et dans les évêchés de Metz et de Toul, où elles trouvent en abondance la terre, le bois et l'eau, éléments indispensables de cette industrie : Lunéville-St Clément vers 1730, Toul en 1756, Sarreguemines en 1790, Longwy en 1798...

 

Plaque émaillée montrant da faïencerie de Toul dans le courant du XIXe s.

Fondée en 17565 par Charles François6 au lieu-dit Bellevue7, la faïencerie de Toul fut cédée en 1771 à Charles Bayard, originaire de Lunéville, et à son associé François Boyer. Ils lui donnèrent une certaine expansion et obtinrent en 1773 le titre de Manufacture Royale pour quinze ans. La situation de la fabrique à Toul présentait de grands avantages fiscaux. La France, en effet, avait acquis en 1552 les territoires des Trois-Evêchés, Metz, Toul et Verdun. Toul était ainsi en terre française, où les taxes sur les ventes étaient bien moins fortes que dans le duché de Lorraine. Cela permettait de mieux pénétrer le marché français8. A la mort de son collaborateur, en 1774, Bayard poursuivit seul. La production était variée mais nous la connaissons mal ; il semble qu'elle ait été aussi importante, si ce n'est plus, que celles de Lunéville et de Saint Clément réunies. Plaque publicitaire émaillée montrant la faïencerie de Toul à l'époque de Georges Aubry. Les troubles de la Révolution firent péricliter l'entreprise, qui passe sous la direction de Martin Bayard en 1803. La production diminue considérablement. Frédéric Botta rachète néanmoins la manufacture en 1806, pour la revendre dès l'année suivante à Georges Sigisbert Aubry. Véritable dynastie industrielle, la famille Aubry devait en rester propriétaire jusqu'à la fermeture en 1939 et en porter la production et la renommée à son apogée. Se succédèrent à la direction :

  • Georges Sigisbert Aubry de 1807 à 1839,
  • Sigisbert Aubry de 1839 à 1858,
  • Jules Aubry de 1858 à 1898,
  • Georges Aubry de 1898 à 1923
  • Roger et Xavier Aubry de 1923 à la fin.

La période la plus florissante fut certainement celle de Jules Aubry ; la plupart des pièces majeures du musée viennent de cette époque. La fabrique fut en partie reconstruite en 1861 et en 1887. Les ateliers de fabrication furent construits en 1905 par Félicien César, architecte à Nancy.

  • 3. La poterie émaillée tire sont nom de faïencede celui de cette ville italienne.
  • 4. Il comptait ainsi financer les guerres qu'il conduisait.
  • 5. La date exacte semble rester incertaine : certains disent 1753, d'autres encore 1758. Toutefois, 1756 est la date que mentionne la plaque publicitaire de 1899.
  • 6. Ou Lefrançois.
  • 7. Actuellement au n° 58 de l'avenue Clémenceau. Il subsiste à cet endroit quelques vestiges qui appartiennent à une phase postérieure de la faïencerie : deux ateliers de fabrication, trois fours et le logement patronal.
  • 8. L'acquisition par la France des Trois-Evêchés fut définitivement reconnue par les Traités de Westphalie en 1648.
    C'est pour cette même raison de fiscalité que Jacques Chambrette, créateur vers 1730 d'une faïencerie à Lunéville, alors capitale du duché de Lorraine, désira s'implanter à Saint-Clément, localité voisine mais sur le territoire de l'évêché de Metz.