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Productions particulières - Les vases à décor laqué de Majorelle

A la fin du XIXe s., la faïencerie de Bellevue se fit une spécialité d'un décor qui cherchait à imiter sur la céramique la laque d'Extrême-Orient qui ornait les meubles. Japonisant s'applique parfaitement à cette veine dans laquelle s'est illustré Auguste Majorelle.

Auguste Majorelle (1825 – 1879), originaire de Lunéville, s'était spécialisé dans la peinture sur faïence. Il travailla pour Keller et Guérin, qui dirigeaient la manufacture de Lunéville, avant de s'installer à Toul en 1858.

Coupe à décor japonisant or sur fond noir représentant un dragon ailé.Coupe à décor japonisant or sur fond noir représentant un dragon ailé.

Ami de la famille Aubry, il put exercer à la faïencerie de Bellevue ses talents de décorateur. Il y mena des recherches pour imiter le style japonais, et en particulier le vernis Martin15 : il déposa en 1864 un brevet pour la décoration en genre chinois d'objets en faïence grâce à un un vernis laqué appliqué à froid de son invention ; en 1876, il en déposa un autre pour une technique qui allie laquage et émaillage16. Paire de cache-pots à décor laqué or et blanc sur fond rouge.Grand vase laqué noir à décor japonisant doré de grands personnages, oiseaux et fleurs.Petit cache pot à décor japonisant laqué doré sur fond rouge.

Sur la couche de fond, noire, rouge ou brune, est réalisé le décor. Sa particularité tient au léger relief qui est donné à certaines parties : on l'obtenait grâce à une pâte épaisse modelée avec délicatesse selon les contours du dessin. On appliquait enfin une dorure, soit à la feuille, soit avec une peinture de poudre d'or à laquelle on mêlait parfois des pigments de couleur.

  • 15. Inventé en 1728 par les frères Martin, de Paris, le vernis Martin, connu aussi sous les noms de vernis parisien ou vernis de Paris, voulait concurrencer les laques importées de Chine et du Japon. Moins coûteux, il permettait en outre d'harmoniser les raccords sur des meubles fortement galbés en panneaux de véritable laque. La composition du vernis Martin est aujourd'hui perdue ; de nombreuses tentatives cherchent à en retrouver le secret.
  • 16. Bien qu'il eût ouvert en 1860 un commerce de meubles et d'objets d'art à Nancy, il poursuivit sa collaboration avec la faïencerie de Bellevue. A sa mort, son fils Louis (1859 – 1926), le célèbre ébéniste et décorateur de l'école de Nancy fondée par Émile Gallé en 1901, interrompit les études de peintre qu'il menait à Paris pour reprendre les rênes de l'entreprise familiale. Celle-ci employait alors une vingtaine d'ouvriers et profitait des conditions économiques favorables au lendemain de l'Annexion de l'Alsace et de la Moselle. Une exposition sur Auguste Majorelle s'est tenue au musée de Toul du 2 mai au 30 août 2009.
    Roselyne Bouvier et Michel Hachet ont consacré une étude détaillée des recherches d'Auguste Majorelle. Cf Roselyne BOUVIER, Michel HACHET, Le décor laqué, Études Touloises.