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Connaissance de la personnalité

Sujet à la mode depuis le XVIIe siècle, la diversité du tempérament humain séduit plus encore les milieux éclairés du XVIIIe. Oberlin y voit une quête de la vérité et, pour en démêler les arcanes, il cherche à ordonner et classifier les traits de caractère. Il suivra de nombreuses pistes, comme les écrits mystiques de Jane Leade, pour qui la couleur de chaque pierre précieuse symbolise une vertu.

Tableau de pierres précieuses. Musée Oberlin de Waldersbach.

Autre méthode, la phrénologie entend définir la personnalité par la forme du crâne. Selon F.-J. Gall (1758-1828), l'inventeur de cette théorie, chaque qualité d'un individu correspond à un endroit bien précis de son cerveau, et plus elle est développée, plus elle modèle les os du crâne.

Crâne humain annoté selon la théorie de F. J. Gall. Musée Oberlin de Waldersbach.

La physiognomonie, surtout, intéressa beaucoup Oberlin. Elle s'attache aux traits du visage pour analyser le caractère, selon les recherches de J.-K. Lavater (1741-1801)1. Le pasteur Oberlin installa au presbytère de Waldersbach un dispositif qui lui permettait de prendre la silhouette d'un visage2. Il réalisa ainsi de nombreux profils, persuadé de la relation entre physique et tempérament.

Pantographe utilisé par Oberlin pour réduire les silhouettes. Musée Oberlin de Waldersbach.Silhouettes. Musée Oberlin de Waldersbach.

Certaines de ces théories nous semblent aujourd'hui obsolètes, voire erronées. Beaucoup ont été abandonnées. Elles correspondaient cependant à l'esprit des Lumières, qui tend à tout considérer avec un raisonnement scientifique. En cela, Oberlin est parfaitement de son temps. Il sait de plus tenir un regard critique, comme il le fit sévèrement pour les écrits de Gall. Nul doute que les travaux de Freud l'auraient passionné .

Les nombreux écrits d'Oberlin, notes ou mémoires, nous permettent de nous faire une idée de ces conceptions « scientifiques » pour percer les mystères du tempérament. En voici quelques extraits, au travers desquels on verra que ces théories sont loin d'être oubliées de nos jours.

  • 1. LAVATER Johann Kaspar, Fragments physiognomoniques destinés à l'amélioration de la connaissance et de l'amour des hommes, 1775-1778.
  • 2. Le mot « silhouette » vient de celui d'Étienne de Silhouette (1709-1767), qui fut contrôleur général des finances. Il souleva contre lui les privilégiés lorsqu'il voulut exiger des terres nobles une subvention territoriale et réduire les pensions. On le ridiculisa par le procédé de la silhouette, dessin de profil en suivant l'ombre projetée par le visage.