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La diversité du corpus ornemental

L'iconographie du décor sculpté de la gare de Metz est exceptionnelle. Elle illustre plusieurs thèmes que nous détaillerons ci-après, et elle est encore renforcée par une profusion de motifs ornementaux d'une grande diversité1.

Les emprunts au monde végétal sont omniprésents. On compte ainsi plusieurs sortes de fleurs sur les chapiteaux de la salle des pas-perdus et les frises qui courent à mi-hauteur des murs de la salle des départs et de celle d'arrivée. En bien des endroits, les motifs végétaux permettent de meubler les surfaces laissées libres par une architecture complexe : ils encadrent les frises des têtes des chevaliers, ornent la base du chevalier de la tour, distinguent les salles de restaurants (vigne pour les 1ère et 2e classes, houblon pour la 3e), agrémentent les chapiteaux, courent sur les arcs des portails etc. Ils couvrent même, sous formes de palmettes moulurées, le plafond de la salle des guichets. Dans ce domaine, on sent souvent le souffle du Jungendstil, qui affectionne tant les courbes végétales ; c'est un style très en vogue à l'époque mais assez peu représenté à Metz. 

Le décor de la gare puise aussi dans le règne animal, comme les aigles ou les hirondelles en vol qui reviennent plusieurs fois sur les chapiteaux de la salle des pas-perdus, les mufles de lion des naissances de gouttières, les têtes de chouette sur des consoles. Le monde fantastique y tient une bonne place ; il rappelle ce caractère quelque peu romantique, si particulier à l'architecture messine de ces années, qu'on peut voir sur les façades de la ville ou aux fontaines de l'Esplanade. Au delà du registre strictement ornemental, les aigles et les lions font référence au pouvoir impérial, les têtes de chevaux, sur les portails de l'entrée, à l'essor des techniques modernes, les chameaux au monde des transports.

Le corpus ornemental comprend en outre quantité de motifs simplement géométriques. Certains, comme celui du « ruban au diamant », sont plus élaborés que d'autres. Beaucoup s'inspirent de l'art roman, dont l'architecture proposait des modèles de moulures et l'enluminure les entrelacs de l'arc de la façade des départs et des superbes fenêtres ajourées de la salle des bagages, de l'appartement impérial ou de la salle des guichets.



  • 1. Une étude qui s'attacherait à ce corpus ornemental sur toute la ville révélerait certainement de nombreuses ressemblances avec d'autres bâtiments ou monuments construits à cette époque : les fontaines de l'Esplanade, par exemple, ou les consoles de l'immeuble du n° 11 avenue Foch, qui rappellent celles des horloges de la gare.
  • Départs. Console de l'auvent en muffle de lion. Photo Marc Heilig

Référence à citer

Marc Heilig, La sculpture ornementale de la gare de Metz, archeographe, 2018. https://archeographe.net/sculpture_ornementale_gare_Metz