Vous êtes ici

Une bourgade très active

Deneuvre, près de Baccarat, fut, avant la conquête romaine, un bourg de la cité des Leuques. Situé sur un éperon rocheux, il surplombait le confluent de la Meurthe avec le ruisseau de la Pexure. Cette position stratégique était clairement affirmée par l’aménagement de l’endroit en éperon barré : un fossé traverse en effet le village actuel d’est en ouest.

A l'époque romaine, l’agglomération s’étendait plutôt sur le flanc sud de l’éperon et sur le plateau en contrebas. C’était un vicus actif, un relais situé près d’un gué sur la Meurthe et au carrefour de routes importantes qui favorisaient les échanges commerciaux1. A la fin du règne d’Antonin le Pieux, Hercule eut là un sanctuaire très fréquenté2 autour duquel, assez naturellement, se développa un artisanat de carriers et de tailleurs de pierre, mais aussi de potiers dont on a retrouvé les fours et les dépotoirs. Ils produisaient une céramique commune plus ou moins fine : les formes sont assez variées mais le décor se limite le plus souvent à la couleur de l’engobe3. Ils fabriquaient aussi des tuiles plates et rondes, qui servaient pour les toitures, les canalisations, voire pour un dallage ici ou là.

Le site du sanctuaire herculéen a été découvert en 1974, lorsqu’un agriculteur de Deneuvre fit appel à un sourcier pour creuser un puits. Ils découvrirent une colonne et l’on décida d’entreprendre des fouilles. Elles furent conduites par Gérard Moitrieux4, de la Société d’Archéologie de Deneuvre, et se poursuivirent jusqu'en 1986. Ces campagnes archéologiques furent difficiles car l'eau coulait toujours dans ce sol argileux, mais elles mirent au jour les vestiges du plus grand sanctuaire de sources dédié à Hercule que l’on connaisse en Gaule.
Il faut souhaiter que les recherches archéologiques se poursuivent. Non seulement le sanctuaire n’a été fouillé qu’en partie, mais bien des vestiges attendent encore qu’on les découvre : l’habitat et les activités artisanales du vicus, ses édifices religieux – on parle d’un temple de Jupiter, par exemple - et certainement des bâtiments publics ou militaires dont la Tour du Barcha est un témoin impressionnant.


  • 1. Deneuvre était sur le cours d’une voie SO-NE qui rejoignait la grande voie Metz-Strasbourg entre Tarquimpol et Sarrebourg et se poursuivait au delà. Un axe NO-SE passait aussi à Deneuvre : longeant la vallée de la Meurthe, il rejoignait d’un côté la grande voie Lyon-Trèves à Toul ; de l’autre, il gagnait les Vosges qu’il traversait par les cols du Donon et du Bonhomme.
  • 2. Le site du sanctuaire d’Hercule se trouve au sud du village actuel.
  • 3. Vases, mortiers, pots, coupes et plats, écuelles et assiettes, gobelets et bols… Ces récipients étaient couverts d’un engobe gris, beige, rouge, ocre rouge, parfois même noir vernissé ou métallescent.
  • 4. Gérard Moitrieux a publié l'ouvrage de référence du site : Gérard MOITRIEUX, Hercules salutaris, Presses Universutaires de Nancy, 1992. La Musée archéologique de Deneuvre a aussi édité une brochure, Une visite aux Sources d'Hercule, qui donne les renseignements essentiels.

Référence à citer

Marc Heilig, Les Sources d'Hercule, archeographe, 2015. https://archeographe.net/sources-Hercule