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La statuaire

La statuaire de Deneuvre est principalement composée de stèles ou d’autels votifs qui présentent une image de divinité. On reconnaît Mercure, accompagné de sa parèdre Rosmerta : le dieu est figuré en jeune homme nu, le manteau sur les épaules, avec ses attributs ordinaires (pétase, bourse et bâton) ; la déesse, vêtue d'une robe, porte un voile sur la tête et tient une corne d'abondance. Un Génie, représenté nu, pose une bourse en offrande sur un autel ; dans la main gauche, il tient une corne d'abondance. Les divinités féminines portent une longue robe et adoptent une posture hiératique. L'une d'elle personnifie la source : elle a été retrouvée en place près d'un bassin et porte un vase d'où coule de l'eau, symbole de la source sortant de terre.

Mais à tout seigneur tout honneur ! L'image d'Hercule est de loin la plus fréquente1. Il porte toujours sa massue et la léonté2, mais certains attributs apparaissent parfois qui font aussi référence à sa légende ou à ses exploits : pommes du Jardin des Hespérides, carquois dont les flèches lui permirent d’abattre les oiseaux du lac Stymphale, voire le serpent qui pourrait rappeler ceux qu’Héra avait envoyés pour l’étouffer alors qu’il n’était qu’un tout petit enfant. D'autres restent plus énigmatiques, comme la tête humaine qui apparaît sous la massue sur cinq monuments.
Hercule adopte quatre attitudes différentes :
- au repos, il s'appuie sur sa massue et porte la léonté sur le bras gauche, selon un modèle grec fort répandu en Gaule ;
- combattant, il brandit sa massue du bras droit au dessus de sa tête et enserre de l’autre bras le mufle d’un lion ;
- marchant, la massue sur l'épaule, la posture la plus fréquente dans l’art romain ;
- sacrifiant, enfin, sur un autel à côté de lui, un type qui ne se trouve qu’en Gaule.

Ces statues ont été réalisées sur place par des ateliers qui utilisaient la pierre locale, un grès tendre facile à travailler3. La sculpture, en bas-relief plus ou moins fort, n’occupe qu’un côté et laisse les autres à l’état brut4. Comme un peu partout en Gaule, elle se répartit en deux courants. L’un est un art savant, qui s’inspire des modèles hellénistiques, toujours en vogue à l’époque ; l’autre, plus malhabile, s’éloigne des poncifs gréco-romains mais retrouve avec un certain pittoresque des traits de l'art celte.


  • 1. Les représentations d’Hercule retrouvées à Deneuvre constituent à elles seules près d’un tiers de celles de la Gaule.
  • 2. La léonté est la peau du lion de Némée qu'Hercule tua au cours de ses célèbres travaux.
  • 3. C'est un grès bigarré propre à cet éperon rocheux et différent de celui qu'on trouve ordinairement dans les Vosges.
  • 4. On pouvait pourtant voir les monuments sous plusieurs angles. Peut-être faut-il voir là une indication du coût élevé de ces productions.

Référence à citer

Marc Heilig, Les Sources d'Hercule, archeographe, 2015. https://archeographe.net/sources-Hercule