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Livre Premier. Chapitre V

L'expédition du Capitaine Cook termine son exploration des Iles Kerguelen.

Départ du Havre de Noël. Navigation le long de la côte, afin de découvrir sa position & son étendue. Description de plusieurs Promontoires & Baies, & d'une Péninsule, auxquels j'ai donné des noms. Dangers des bas fonds. Un autre Havre & un Canal. Observations de M. Anderson, sur les productions naturelles, les animaux, le sol, &c. de la Terre de Kerguelen.1776.
Déc.
Dès que les vaisseaux furent hors du havre de Noël, nous mîmes le cap au Sud-Est un demi-rumb Sud le long de la côte, avec une jolie brise du Nord-Nord-Ouest, & un ciel serein. Cette dernière circonstance étoit d'autant plus heureuse, que, depuis quelque temps, nous avions eu chaque jour des brumes plus ou moins épaisses : si l'atmosphère eût toujours été nébuleuse, je n'aurois pu achever la reconnoissance de la terre de Kerguelen. Nous marchâmes la sonde à la main ; mais une ligne de cinquante ou soixante brasses trouva rarement fond.
A sept ou huit heures, nous étions en travers d'un Cap que j'ai appelé Cap Cumberland ; il est situé à une lieue & demie au Sud-Est un demu-rumb Sud, de la pointe méridionale du havre de Noël. Il y a dans l'intervalle une baie, dont les deux bras sembloient offrir un abri aux vaisseaux. On voit, par le travers du Cap Cumberland, une Isle peu étendue, mais assez élevée, au sommet de laquelle gît un rocher qui ressemble à une guérite de sentinelle : je lui ai donné ce nom. On apperçoit deux milles plus loin à l'Est, un groupe de petites Isles & de rochers, dont le terrein est haché ; nous passâmes entre ce groupe & l'Isle de la guérite de sentinelle ; le canal a un mille de large & plus de quarante brasses de profondeur, car on ne trouve point de fond avec une ligne de cette longueur.
Tandis que nous le traversions, nous découvrîmes au côté Sud du Cap Cumberland, une baie qui se prolongeoit à trois lieues dans l'Ouest. Elle est formée au Nord par ce Cap, & au Sud par un promontoire, que j'appelai Pointe Pringle, du nom de mon digne Ami, le Chevalier Pringle, Président de la Société Royale. Le fond de cette baie fut appelée Baie de Cumberland ; un isthme étroit doit la séparer de la mer qui bat la côte Nord-Ouest de ce pays ; du moins les apparences favorisoient cette conjecture.
Au Sud de la pointe Pringle, la côte forme une cinquieme baie, dont cette pointe est l'extrémité septentrionale ; de-là jusqu'à l'extrémité Sud, il y a environ quatre milles dans la direction du Sud-Sud-Est-quart-Est. Cette baie, que j'ai nommée Baie Blanche, à cause de quelques pointes de terre ou rochers blancs, qu'on apperçoit au fond, renferme plusieurs baies ou anses moins étendues, qui paroissoient à l'abri de tous les vents : on voit en travers de la pointe méridionale, plusieurs rochers qui élèvent leurs têtes au-dessus des flots, & vraisemblablement il y en a beaucoup d'autres qui ne se découvrent pas.Jusqu'ici notre route fut parallèle à la côte, dont nous n'étions pas éloignés de plus de deux milles. Nous fîmes un usage continuel de nos lunettes, & nous vîmes aisément, qu'excepté les fonds des baies & des anses qui aboutissent communément à des grèves de sable, les côtes étoient remplies de rochers & fourmilloient d'oiseaux dans un grand nombre d'endroits ; mais le pays se montroit aussi nud & aussi stérile qu'aux environs du havre de Noël.
Nous avions tenu à bas-bord la terre que nous avions vu du Cap S. Louis1, se prolonger au Sud 53d Est ; j'avois cru que c'étoit une Isle, & que nous trouverions un passage entre cette Isle & la grande Terre. Je reconnus alors mon erreur : c'est une péninsule jointe au reste de la côte par un isthme peu élevé. J'ai appelé Baie repulse, la baie que forme cette péninsule ; l'une de ses branches me parut courir assez avant au Sud-Sud-Ouest ; je gouvernai ensuite vers la pointe septentrionale de la péninsule, que j'ai nommé pointe Howe, en l'honneur de l'Amiral Howe.
En approchant nous découvrîmes des rochers & des brisans près de la partie Nord-Ouest ; nous apperçûmes aussi à une lieue & demie à l'Est des brisans, deux Isles, qui nous semblerent d'abord n'en former qu'une. Je m'avançai entre les brisans & la pointe Howe2, & je me trouvai à midi au milieu du canal. Notre latitude observée étoit alors de 48d 51' Sud : nous avions fait vingt-six milles de longitude à l'Est du Cap S. Louis3.
Dans cette position, la terre la plus avancée au Sud, nous restoit au Sud-Est ; mais depuis la pointe Howe, le prolongement de la côte étoit plus méridional. Nous avions au Nord les Isles qui gissent en travers du havre de Noël, & au Nord 60d Ouest, à la distance de trois milles, la partie septentrionale de la pointe Howe. La terre de cette pointe ou péninsule, est d'une élévation modérée & remplie de collines & de rochers qui se projettent en saillie ; on apperçoit entre ces pointes de rochers de petites anses, terminées par des grèves sablonneuses, qui, à cette saison de l'année, étoient presque toujours couvertes d'oiseaux de mer ; nous y vîmes aussi quelques veaux marins.Dès que nous fûmes hors des rochers & des Isles dont je viens de parler, je donnai ordre de gouverner au Sud-Est-quart-Sud le long de la côte ; mais, avant qu'on pût suivre cette route, nous apperçûmes de vastes lits d'algues de rochers sur l'espace entier de mer que nous avions devant nous. Je savois que ces plantes marines tenoient au fond, & qu'elles croissoient sur des bancs de rochers ; j'avois trouvé souvent une profondeur d'eau considérable sur de pareils bancs, & j'avois rencontré presque aussi souvent des rochers à la surface des flots. Il est toujours dangereux de passer dessus sans les avoir bien examinés, & principalement lorsqu'il n'y a point de lames qui puissent faire découvrir l'écueil. Nous nous trouvions dans ce cas ; la mer étoit aussi unie que l'étang d'un moulin. Je pris des précautions sans nombre afin de les éviter ; je marchai au milieu des canaux tortueux qui les séparent ; & nous eûmes constamment la sonde à la main, mais jamais on ne toucha le fond avec une ligne de soixante brasses. Cette circonstance accrut le danger ; car il nous étoit impossible de mouiller, quoi qu'il arrivât. Après avoir navigué plus d'une heure de cette maniere, nous découvrîmes un rocher caché immédiatement au-dessous de la surface de la mer. Il nous restoit au Nord-Est-quart-Est, à la distance de trois ou quatre milles, & il gissoit au milieu d'une de ces vastes couches de plantes marines : ce fut pour nous un nouvel avertissement de ne pas y conduire les vaisseaux.Nous étions alors par le travers d'une large baie située environ huit milles au Sud de la pointe Howe. Il y a plusieurs Isles basses, des rochers, & des bancs de plantes marines, au-devant de l'entrée de cette baie & dans son intérieur ; mais il nous parut que l'intervalle de ces écueils offroit des canaux tortueux. Après avoir continué notre route une demi-heure de plus, les bancs dont je faisois la description tout-à-l'heure, nous embarrasserent tellement, que je résolus de gagner le large du côté de l'Est ; je jugeai que c'étoit le meilleur moyen d'échapper au danger qui nous menaçoit : mais cette manœuvre, loin de répondre à mes espérances, augmenta le péril. Il devint d'autant plus nécessaire de mener, s'il étoit possible, le vaisseau dans un lieu sûr avant la nuit, que l'atmosphère s'obscurcissoit & que nous craignions une brume. J'apperçus des entrées au Sud-Ouest de nous, & la Découverte tirant moins d'eau que la Résolution, je chargeai le Capitaine Clerke de marcher le premier & d'attaquer la côte. Il exécuta mon ordre.
Pour regagner la côte, nous fûmes obligés de raser les bords de quelques-uns des bancs de rocher, sur lesquels nous trouvâmes de dix à vingt brasses d'eau ; l'instant qui suivoit, une ligne de cinquante brasses ne donnoit point de fond. Après avoir fait un petit nombre de bordées, pour doubler la pointe d'une Isle que nous avions sous le vent, les signaux du Capitaine Clerke m'avertirent qu'il avoit découvert un havre : nous y mouillâmes sur les cinq heures par quinze brasses, fond de joli sable noir, & à environ trois quarts de mille de la côte. La pointe septentrionale du havre nous restoit au Nord-quart-Nord-Est un demi rumb Est à un mille ; les petites Isles qui gissent à l'entrée & en-dedans desquelles nous jettâmes l'ancre, se prolongeoient de l'Est au Sud-Est.
Les vaisseaux furent à peine au mouillage, que le vent souffla avec beaucoup d'impétuosité ; nous crûmes devoir amener les vergues de perroquet : l'atmosphère cependant ne s'obscurissoit pas ; au contraire, le vent dispersoit le brouillard qui s'étoit établi sur les collines, & le ciel se trouvoit clair. Dès que les ancres eurent pris fond, j'ordonnai de mettre deux canots à la mer. M. Bligh, Master de la Résolution, qui en prit un, alla examiner la partie supérieure du havre, & chercher du bois ; car on n'appercevoit pas un seul arbrisseau. Je recommandai aussi au Capitaine Clerke de faire sonder le canal qui est au côté Sud des petites Isles, entre ces petites Isles & une autre assez étendue, située près de la pointe méridionale du havre. Après ces arrangements, je montai le second canot, accompagné de M. Gore, mon premier Lieutenant, & de M. Bayly ; & je débarquai sur la pointe septentrionale, afin de voir s'il étoit possible de découvrir quelque chose.
Du sommet de la plus haute colline, je découvris assez bien la côte de la mer jusqu'à la pointe Howe ; elle est très-dentelée ; plusieurs pointes de rochers paroissoient s'avancer en saillie, & offrir des anses & des entrées d'une étendue inégale. L'une des entrées, dont je ne pouvois appercevoir le fond, étoit séparée de celle où mouilloient les vaisseaux, par la pointe sur laquelle je me trouvois. Je vis épars le long de la côte, au Sud aussi-bien qu'au Nord, un grand nombre de petites Isles, de rochers & de brisans, & je n'apperçus point de meilleur canal pour sortir du havre, que celui par lequel nous y étions arrivés.Tandis que je continuois mes observations avec M. Bayly, M. Gore fit le tour de la colline, & il nous joignit par un chemin différent, à l'endroit où j'avois ordonné au canot de nous attendre. Excepté les précipices qu'offroient les cavernes des rochers, rien n'embarrassa notre marche ; car le pays étoit au moins aussi nud & aussi stérile qu'aux environs du Havre de Noël. Si quelques districts de cette terre avoient une sorte de fertilité, nous aurions dû le remarquer dans ce canton, qui est complètement à l'abri des vents froids du Sud & de l'Ouest. Je vis à regret que des quadrupèdes d'aucune espèce ne pourroient y trouver de la nourriture ou un abri, & qu'ils périroient infailliblement, si je voulois en laisser. La grève de l'anse où le canot nous attendoit, étoit remplie de Manchots, & je lui ai donné le nom d'Anse des pinguins ; on y trouve un joli ruisseau d'eau douce, où il est facile d'arriver. Il y avoit d'ailleurs de gros veaux de mer, des nigauds & un petit nombre de canards : un très-petit oiseau de terre fut vu un moment par M. Bayly, mais il s'enfuit au milieu des rochers, & nous ne pûmes l'examiner. Nous fûmes de retour à bord sur les cinq heures.
M. Bligh revint bientôt après : il me dit qu'il avoit remonté le havre l'espace de quatre milles ; (il croyoit avoir été peu loin du fond) que sa direction est Ouest-Sud-Ouest, & que sa largeur, un peu au-dessus de l'endroit où mouilloient les vaisseaux, n'excède pas un mille, mais qu'il se rétrécit vers le fond ; que les sondes sont très-irrégulières, & qu'elles varient de trnte-sept à dix brasses ; qu'excepté sous les couches de plantes marines, qui, en plusieurs endroits, se prolongent de la côte à environ un demi-mille sur le canal, le fond est de beau sable. Il débarqua sur les deux bandes qu'il trouva nues & remplies de rochers, sans aucune espèce d'arbres ou d'arbrisseaux ; il y vit à peine quelques points de verdure : des veaux marins, des pinguins, & d'autres oiseaux de mer occupoient le rivage, mais en moindre quantité qu'au havre de Noël. ++++ 1776.
Déc.
30.Rien ne m'encourageoit à continuer mes recherches ; le vent & l'aspect du ciel étant favorables, au point du jour du lendemain, nous levâmes l'ancre & nous remîmes en mer. J'ai donné à ce havre le nom de Port Paliser, en l'honneur de mon digne Ami, l'Amiral Sir-Hugh Paliser. Il gît par 49d 3' de latitude Sud & 69d 37' de longitude orientale, à cinq lieues de la pointe de Howe, dans la direction du Sud25d Est ; on trouve en-dedans & en-dehors de l'entrée, plusieurs Isles, rochers & brisans : la carte ci-jointe & le plan du havre indiquent leur position4. A notre entrée & notre sortie, nous passâmes dans l'intervalle qui les sépare de la pointe Nord, mais je suis persuadé qu'il y a d'autres canaux.
Tandis que nous sortions du Port Paliser, nous découvrîmes au Sud 72d Est, à environ neuf lieues, une colline ronde de la forme d'un pain de sucre. Elle paroissoit une Isle située à quelque distance de la côte ; mais nous reconnûmes ensuite qu'elle fait partie de la grande Terre. Pour regagner le large, nous pouvions suivre les canaux tortueux qu'on trouve au milieu des bancs de rocher ; mais nous eûmes la hardiesse de passer sur quelques-uns de ces bancs : la sonde n'y rapporta jamais moins de dix-huit brasses, & souvent une ligne de vingt-neuf brasses ne donna point de fond, ensorte que nous ne les aurions pas découverts, sans les plantes dont ils se trouvoient parsemés.
Quand nous fûmes à trois ou quatre lieues de la côte, nous trouvâmes une mer nette, & nous prîmes le cap à l'Est jusqu'à neuf heures ; à cette époque, la colline en pain de sucre dont je parlois tout-à-l'heure, & que j'ai appelée le Mont Campbell, nous restoit au Sud-Est, & nous avions dans le Sud-Sud-Est à quatre lieues, une petite Isle qui gît au Nord de la colline : je fis alors route plus au Sud, afin de regagner la terre. A midi, la latitude observée par différentes hauteurs, étoit de 49d 8' Sud, & nous avions parcouru environ quatre-vingt milles de longitude orientale depuis le Cap S. Louis5. Le Mont Campbell nous restoit au Sud 47d Ouest à quatre lieues ; nous avions au Sud-Sud-Est à environ vingt milles, une pointe basse au-delà de laquelle on n'appercevoit point de terre, & nous étions à-peu-près à deux lieues de la côte.La terre est ici peu élevée & unie6. Les montagnes finissent à environ cinq lieues de la pointe basse, il reste un grand espace qui n'a pas beaucoup de hauteur ; c'est là qu'on trouve la mont Campbell à environ quatre milles du pied des montagnes, & à un de la côte de la mer. Ces montagnes sont d'une élévation considérable, ainsi que la plupart des autres situées plus avant dans le pays. Elles me parurent formées de roches nues, dont les sommets étoient couverts de neige ; l'aspect des vallées n'étoient pas plus agréable ; nous dirigions en vain nos lunettes de divers côtés ; on n'appercevoit que des cantons stériles.
Au moment où nous venions d'achever, à midi, de prendre les relèvemens, nous vîmes le terrein bas se prolonger, de la pointe peu élevée dont je viens de faire mention, au Sud-Sud-Est, l'espace d'environ huit milles. Je reconnus que cette nouvelle pointe forme l'extrémité orientale de la terre de Kerguelen, & je la nommai le Cap Digby ; il gît par 49d 23' de latitude Sud, & 70d 34' de longitude Est.
Entre la pointe Howe & le Cap Digby, la côte offrit (outre plusieurs baies & havres d'une moindre étendue) une grande baie qui se prolongeoit plusieurs lieues au Sud-Ouest, où elle sembloit se perdre en plusieurs bras, qui couroient entre les montagnes. Elle étoit remplie d'une quantité prodigieuse d'algues marines, qui me parurent de l'espèce nommée par M. Banks Fucus giganteus7. Quelques unes de ces algues se trouvent d'une longueur énorme, quoique leur tige ne soit pas plus grosse que le pouce. J'ai dit que sur les bases où elles croissent, la sonde ne donna point de fond avec une ligne de vingt-quatre brasses ; la profondeur de l'eau y est donc plus grande. Comme ces plantes ne poussent pas dans une direction perpendiculaire, comme elle font un angle très-aigu avec le fond, & que la partie étendue sur la surface de la mer, est extrêmemnt longue, je puis dire que leur longueur est quelquefois de plus de soixante brasses.A une heure, nous avions fait deux lieues au Sud-Est un demi-rumb Est depuis midi ; la sonde indiquoit dix-huit brasses, fond de beau sable. Appercevant un pli dans la côte à la bande septentrionale du Cap Digby, je portai dessus. Je voulois y mouiller, si je trouvois un ancrage sûr, & descendre sur le Cap, pour voir ce que produisois le bas des montagnes : après une lieue de chemin, on jeta de nouveau la sonde qui rapporta treize brasses ; presque au même moment nous découvrîmes un bas-fond qui sembloit aller jusqu'à la côte, dont nous étions éloignés d'environ deux milles. Cet écueil nous obligea de courir une lieue au large dans la direction de l'Est, quart Sud-Est, où la profondeur de la mer fut de vingt-cinq brasses. Nous gouvernâmes ensuite le long de la côte, & nous eûmes la même profondeur d'eau avec un fond de joli sable ; lorsque le Cap Digby nous resta dans l'Ouest à deux lieues, la sonde donna vingt-six brasses.
On jeta la sonde plusieurs autres fois sans trouver de fond : mais le vaisseau faisant beaucoup de chemin, entraînoit la ligne avant que le plomb pût toucher. Hors d'état de mouiller ou de débarquer, ainsi que j'en avois envie, je ne voulus pas diminuer les voiles, & je marchai en avant, afin de reconnoître le reste du jour le plus d'étendue de la côte qu'il me seroit possible. Du Cap Digby, elle court Sud-Ouest-quart-Sud, l'espace d'environ quatre ou cinq lieues jusqu'à une pointe basse, à laquelle j'ai donné le nom de pointe Charlotte, en l'honneur de la Reine d'Angleterre. Cette pointe est la plus méridionale de celles qu'on trouve sur les terres basses.
A six lieues au Sud-Ouest un demi-rumb Ouest du Cap Digby, la côte offre une pointe assez élevée, que j'ai appelée pointe du Prince de Galles :la pointe la plus méridionale de la terre de Kerguelen, que j'ai distinguée sous le nom de Cap George, en l'honneur du Roi, gît six lieues au-delà, dans la même direction, par 49d 54' de latitude Sud, & 70d 13' de longitude Est.
Entre la pointe Chalotte & celle du Prince de Galles, à l'endroit où le terrein au Sud-Ouest commence à redevenir montueux, il y a une entrée profonde, que j'a appelée le Canal Royal. Il court à l'Ouest jusqu'au pied des montagnes qui se terminent au Sud-Ouest. La terre basse dont je parlois tout-à-l'heure, le borne au septentrion. Il y a des Isles à l'ouverture & aussi loin que notre vue pouvoit s'étendre ; on en trouve d'autres en remontant. A mesure que nous nous avançâmes au Sud, nous observâmes au côté Sud-Ouest de la pointe du Prince de Galles, une autre entrée qui donne dans le Canal Royal, & nous vîmes alors que cette pointe est la pointe orientale d'une grande Isle, située à l'embouchure du canal que je viens de décrire. Cette entrée offre plusieurs petites Isles, & une en particulier qui est environ une lieue au Sud de la pointe du Prince de Galles.
Tout le terrein au côté du Sud-Ouest du Canal Royal, jusqu'au Cap George, est formé de très-hautes collines qui s'élèvent directement de la mer, l'une derrière l'autre : la plupart de leurs sommets étoient couverts de neige, & elle paroissoient aussi nues & aussi stériles, qu'aucune de celles que nous avions déjà vues. Nous n'apperçûmes pas dans l'intérieur du pays ou sur la côte, le moindre vestige d'un arbre ou d'un arbrisseau, & je crois pouvoir assurer que cette terre n'en produit aucun. En examinant avec nos lunettes le terrein des environs du Cap Digby, ils nous parurent ressembler à tous les terreins bas que nous avions rencontrés, c'est-à-dire, qu'il étoit en partie nud & en partie revêtu d'une sorte de gazon, qu'on décrira tout-à-l'heure. La côte est formée de grèves sablonneuses, sur lesquelles on appercevoit une multitude de pinguins & d'autres oiseaux de mer ; une quantité immense de nigauds voltigèrent autour de la Résolution & de la Découverte, tandis que nous longions la côte.Je désirois atteindre le travers du Cap George, afin de m'assurer si c'étoit la pointe la plus méridionale de l'Isle, & je continuai à cingler au Sud toutes voiles dehors, jusqu'à sept heures & demie : à cette époque, je n'eus aucun espoir de remplir mes vues. Le vent avoit passé à l'Ouest-Sud-Ouest, c'est-à-dire, qu'il avoit la direction dont j'avais besoin pour la suite de mon voyage, j'en profitai & je m'éloignai de la côte.
Le Cap George nous restoit alors au Sud 53d Ouest, à environ sept lieues ; nous n'appercevions au Sud de ce Cap qu'une petite Isle qui gît par le travers de son extrémité, & une houlle du Sud-Ouest que nous rencontrâmes dès que le Cap George eut pour nous cette direction, acheva de nous persuader que la côte ne se prolonge pas plus loin que cette partie.
Je puis donner une preuve meilleure encore, que si la grande Terre s'étend au Sud du Cap George, ce prolongement n'est pas considérable. Je n'ai qu'à citer la route du Capitaine Furneaux, au mois de Février 1773, lorsque son vaisseau se sépara du mien durant mon second voyage. Son livre de Lock est sous mes yeux, & j'y trouve qu'il coupa le méridien de cette terre dix-sept lieues seulement au Sud du Cap George ; il l'auroit bien vu à cette distance par un ciel clair. Il paroît que le ciel fut serein lorsqu'il traversa ce parage, car il ne parle ni de brume ni de ciel gras ; au contraire, il dit expressément, qu'à cette époque on put faire des observations de latitude & de longitude, d'où il résulte qu'il auroit pu découvrir cette terre, si elle se prolongeoit au Sud plus loin que le Cap George.
Nous sommes donc en état de déterminer, à quelques milles près, l'espace en latitude qu'elle occupe ; il ne peut excéder de beaucoup un degré quinze minutes : quant à son étendue de l'Est à l'Ouest, ce point demeur indécis, mais nous savons qu'il ne s'étend pas à l'Ouest jusqu'à soixante-cinq degrés, puisqu'en 1773 je la cherchai vainement sous ce méridien8.Les Navigateurs François imaginèrent d'abord que le Cap Saint-Louis9 étoit la pointe avancée d'un continent austral. Je crois avoir prouvé depuis, qu'il n'existe point de continent austral, & que la terre dont il est ici question est une Isle de peu d'étendue10. J'aurois pu, d'après sa stérilité, lui donner fort convenablement le nom d'Isle de la Désolation ; mais, pour ne pas ôter à M. de Kerguelen la gloire de l'avoir découverte, je l'ai appelée la Terre de Kerguelen11.++++ M. Anderson, mon Chirurgien, qui ainsi que je l'ai déjà dit, a beaucoup étudié l'Histoire naturelle, ne laissa échapper aucune occasion, durant notre courte relâche au havre de Noël, d'examiner le pays sous tous ses rapports ; il me communiqua ses observations, & je vais les insérer ici telles qu'il me les a données.« Aucune des terres découvertes jusqu'ici dans l'une & l'autre hémisphere à la même hauteur, n'offre peut-être un champ moins vaste aux recherches des Naturalistes, que l'Isle stérile de Kerguelen. La verdure qu'on y apperçoit, lorsqu'on est à peu de distance de la côte, donne l'espoir d'y trouver un assez grand nombre de plantes ; mais on se trompe beaucoup ; en débarquant nous reconnûmes qu'une petite plante peu différente de quelques espèces de saxifrage, produit cette verdure ; elle croît en larges touffes dans un espace qui s'étend assez loin sur les flancs des collines : elle forme une surface assez grande, & on la rencontre sur de la tourbe pourrie, dans laquelle on enfonce à chaque pas d'un pied ou deux. On pourroit au besoin sécher cette tourbe & la brûler ; c'est la seule chose que nous ayions trouvée propre à cet usage.
Il y a une autre plante assez abondante sur les fondrières de la croupe des collines ; sa hauteur est de près de deux pieds, & elle ressemble beaucoup à un petit chou qui est monté en graines ; les feuilles des environs de la racine sont nombreuses, larges & arrondies, elles se montrent plus étroites à la base, & elles forment une petite pointe à l'extémité ; celles de la tige sont beaucoup plus petites, oblongues & épointées : les tiges dont on compte souvent trois ou quatre, offrent de longues têtes cylindriques, composées de petites fleurs. Elle a l'apparence & même le goût âcre des plantes anti-scorbutiques, mais elle differe essentiellement de toute cette famille, & nous la regardâmes comme une production particuliere à la terre de Kerguelen. Nous la mangeâmes souvent crûe, & sa saveur approchoit alors de celle du cochléaria de la Nouvelle-Zélande ; mais elle sembloit acquérir une odeur trop forte quand on la faisoit bouillir ; quelques personnes de l'équipage ne s'en appercevoient pas néanmoins, & la trouvoient bonne même dans cet état. Si on la transplantoit en Europe, il est vraisemblable qu'elle deviendroit meilleure par la culture & qu'elle augmenteroit la liste des plantes de bonne qualité qu'on emploie dans nos cuisines. Ses graines n'étoient pas assez mûres pour les conserver, & il fallut renoncer au désir que j'avois d'en porter en Angleterre.
Nous cueillîmes près des ruisseaux & des fondrières, deux autres plantes, que nous mangions en salade : la premiere ressembloit beaucoup au cresson de nos jardins, & elle est très-âcre ; la seconde est très-douce. Cette derniere, quoique petite, est digne d'attention ; elle offre non-seulement des mâles & des femelles, mais elle est quelquefois androgyne, pour me servir du langage des Botanistes.
L'herbe grossiere que nous recueillîmes pour notre bétail, est assez abondante, en quelques coins de terre qu'on trouve sur les côtés du Havre de Noël : on y voit aussi une autre sorte d'herbe plus petite, & plus rare. On rencontre sur les plaines, une espèce de pied d'oie12, & une autre plante plus petite qui lui ressemble beaucoup. En un mot, le Flora de la terre de Kerguelen, ne va pas à plus de seize ou dix-huit plantes ; encore faut-il y comprendre quelques mousses & une jolie espèce de lichen, qui croît sur les rochers, à une hauteur plus grande que les autres productions végétales. On apperçoit pas un seul arbrisseau dans toute l'Isle.On y trouve un peu plus d'animaux. A parler rigoureusement, on ne peut pas les dire habitans de l'Isle ; car ils sont tous marins, &, en général, ils ne vont sur la côte que pour y faire leurs petits, & s'y reposer. Les plus gros sont les veaux de mer, ou, comme nous avions coutume de les appeler, les ours de mer ; car c'est l'espèce de phoques qu'on y rencontre. Ils viennent faire leurs petits, ou se reposer à terre, mais ils ne sont pas en grand nombre ; & on ne doit pas s'en étonner, car on sait qu'ils préfèrent aux baies ou aux golfes, les rochers qui s'avancent dans la mer, & les petites Isles qui gissent près des côtes. Leurs poils tomboient à cette époque, & ils étoient si peu sauvages, que nous en tuâmes autant que nous le voulûmes.Nous ne vîmes pas d'autres quadrupèdes marins ou terrestres : mais nous trouvâmes une multitude considérable d'oiseaux, tels que des canards, des pétrels, des albatrosses, des nigauds, des goëlands, & des hirondelles de mer.
Les canards sont à-peu-près de la grosseur d'une sarcelle ou d'un millouin, dont ils diffèrent par la couleur. Ils se montroient en assez grande abondance sur les flancs des collines, & même plus bas : on en tua un nombre considérable ; nous les trouvâmes bons, & ils n'avoient pas le plus léger goût de poisson. Nous en avions rencontrés quelques-uns de la même espèce, à l'Isle de Géorgie, durant le second voyage de M. Cook.
Le pétrel du Cap, ou le pétrel damier ; le petit pétrel bleu, qu'on voit toujours à la mer ; & le petit pétrel noir, ou le poulet de la Mere Carey, n'y sont pas nombreux ; mais nous trouvâmes un nid de pétrel de la premiere espèce, dans lequel il y avait un œuf, de la grosseur de celui du poulet. Nous apperçûmes la seconde espèce, plus rare encore, dans des trous qui ressembloient à des terriers de lapins.
Une autre espèce, qui est la plus grande de tous les pétrels, & que les matelots, nommoient l'Oie de la Mere Carey13, étoit plus abondante, & si peu sauvage, que nous la tuâmes d'abord sur la grève, à coups de bâton. Ce pétrel est de la grosseur d'une albatrosse, & carnivore, car il mangeoit des phoques ou des oiseaux morts, que nous jetions dans la mer ; sa couleur est brune ; il a le bec & les pieds verdâtres ; c'est sans doute celui que les Espagnols appellent Quebrantahuessos, & dont on trouve une figure de la tête dans le voyage de Pernetti aux Isles Malouines14.
Nous n'apperçûmes sur la côte d'autres albatrosses que des grises, qu'on rencontre ordinairement à la mer, dans les hautes latitudes australes. J'en vis une, posée sur la pointe d'un rocher ; mais elles voltigerent souvent autour du havre ; & nous distinguâmes, à quelque distance de la côte, la grande espèce qui est la plus commune, ainsi qu'une autre plus petite dont la tête est noire.Il y a beaucoup plus de pinguins que d'autres oiseaux ; j'en ai remarqué trois espèces. J'avois déjà vu, à l'Isle de la Géorgie, la premiere & la plus grande15 ; elle est indiquée aussi par M. de Bougainville16 ; mais elle ne parut pas aussi solitaire qu'il le dit, car nous en appeçûmes des volées nombreuses. Sa tête est noire ; elle a la partie supérieure du corps d'un gris de plomb ; la partie inférieure, blanche, & les pieds noirs. Deux larges bandes d'un très-beau jaune, descendent des deux côtés de la terre, le long du cou, & se rencontrent au-dessus de la poitrine. Le bec est rougeâtre, en quelques parties, & plus long que dans les autres espèces.
La seconde espèce de pinguins n'a guères que la moitié de la grosseur de la premiere. La partie supérieure du corps, est d'un gris noirâtre ; elle a sur le haut de la tête, une tache blanche, qui s'élargit en s'approchant des côtés. Le bec & les pieds sont d'une teinte jaune : M. Sonnerat a publié une figure & une description de cette espèce de pinguin & de la précédente17.
Personne de l'équipage n'avoit jamais la troisieme. Sa longueur est de vingt-quatre pouces, & sa largeur de vingt. La partie supérieure du corps, & le cou sont noirs ; le reste est blanc, excepté le haut de la tête, qui offre un arc d'un beau jaune, & qui finit de chaque côté en longues plumes molles, que l'oiseau dresse comme une crête.
Les deux premieres espèces paroissoient en troupes sur la grève ; les plus gros se tenoient toujours ensemble, mais ils se promenoient avec les autres qui étoient plus nombreux, & qu'on voyoit à une assez grande hauteur sur les flancs des collines. Nous vîmes constamment ceux de la troisieme espèce séparés des deux premieres, mais formant des volées nombreuses, sur les parties extérieures du havre. Nous étions au temps de la couvée, & ils déposoient sur des pierres nues, un seul œuf blanc, & du volume de celui des canards. Tous ces pinguins, de quelque espèce qu'ils fussent, se montrerent si peu sauvages, que nous en prîmes à la main, autant que nous le jugeâmes à propos.J'ai vu deux espèces de nigauds, le petit cormoran ou la corbine d'eau, & un autre qui est noir dans la partie supérieure du corps, & qui a le ventre blanc, le même qu'on rencontre à la Nouvelle-Zélande, à la Terre de Feu, & à l'Isle de Géorgie.
Nous trouvâmes aussi le Goëland commun, des Hirondelles de mer de deux espèces, & la Poule du Port Egmont ; ces derniers oiseaux étoient peu sauvages & en grand nombre.
Il y a un autre oiseau blanc très-singulier, dont nous apperçûmes des volées entieres autour de la baie. Il a la base du bec couvert d'un bourlet de la nature de la corne18 ; il est plus gros que le pigeon. Il a le bec noir, & ses pieds qui sont blancs, ressemblent à ceux du courlis. Quelques personnes de l'équipage, le jugerent aussi bon que le canard.On jeta la seine une fois, mais nous ne prîmes que quelques poissons de la grosseur d'une petite merlus. L'espèce ne ressembloit en rien, à celles que nous connoissions. Ce poisson a le museau alongé ; la tête armée de fortes épines ; les rayons des nageoires de derriere longs & très-forts ; le ventre gros : son corps n'est pas couvert d'écailles. Nous ne trouvâmes en coquillages qu'un petit nombre de moules & de lepas19. Nous ramassâmes sur les rochers quelques étoiles & anémones de mer.Les collines sont médiocrement élevées ; cependant la plupart de leurs sommets étoient couverts de neige, à cette saison de l'année qui répond à notre mois de Juin. Le pied ou les flancs de quelques-unes, offrent une quantité considérable de pierres, entassées d'une maniere irréguliere. Les flancs des autres, qui forment du côté de la mer des rochers escarpés, sont séparés du haut par des fissures, & ils semblent d'autant plus prêts à tomber, qu'il y a dans les crevasses des pierres d'une grosseur énorme. Plusieurs de nos Officiers penserent que ces crevasses pouvoient être l'effet de la gelée, mais il me paroît qu'il faut recourir aux tremblemens de terre, ou à d'autres commotions violentes, si l'on veut expliquer l'état de bouleversement où se trouve les collines.
Il doit presque toujours pleuvoir sur cette Isles ; car les lits des torrens, qu'on apperçoit de tous côtés, sont très-vastes, & le pays, même sur les collines, n'est presque qu'une fondriere & un sol marécageux, où l'on enfonce à chaque pas.
Les rochers qui servent de base aux collines, sont composés principalement d'une pierre très-dure, d'un bleu foncé, entremêlée de petites particules de mica ou de quartz. Il semble que cette pierre est une des productions les plus universelles de la nature ; car elle remplit toutes les montagnes de la Suède, de l'Ecosse, des Isles Canaries, & du Cap de Bonne-Espérance. Une autre pierre cassante & de couleur brune, forme, à la terre de Kerguelen, des rochers considérables : une troisieme, qui est plus noire, & qu'on trouve en fragmens détachés, renferme des morceaux de quartz grossier. On y rencontre aussi de petits morceaux de grès, d'un jaune pâle, ou couleur de pourpre, & d'assez gros morceaux d'un quartz demi-transparent, qui est disposé irrégulièrement en cristaux polyèdres, de forme pyramidale, & qui offre de longues fibres luisantes. On voit dans les ruisseaux de petits morceaux de la pierre ordinaire, arrondis par le frottement ; mais aucun d'eux n'avoit assez de dureté pour résister à la lime. L'eau-forte ne mordoit pas sur les autres pierres, & l'aimant ne les attiroit point.
Nous n'avons rien découvert, qui eût l'apparence d'un minerai ou d'un métal. » 

  • 1. Le Cap François.
  • 2. Quoique les vaisseaux de M. de Kerguelen n'aient pas osé, en 1773, reconnoître cette partie de la côte, ce qu'en dit M. de Pagès est d'accord avec les observations du Capitaine Cook. « Du 17 au 23 on ne prit d'autre connoissance que celle de la figure de la côte qui, courant d'abord au Sud-Est, & revenant ensuite au Sud-Est, & revenant ensuite au Nord-est, formoit un grand golfe. Il étoit occupé par des oiseaux & des rochers ; il avoit aussi une Isle basse, & assez étendue, & l'on usa d'une bien soigneuse précautions pour ne pas s'affaler dans le golfe. « Voyage de M ; de Pagès, tom. II, pag. 67.
  • 3. Il faut toujours lire Cap François.
  • 4. Notre exemplaire de l'ouvrage de Cook ne comporte ni carte ni plan. Ndr.
  • 5. Cap François.
  • 6. Il paroît que les François virent, le 5 janvier 1774 cette partie de la côte. Voici ce qu'en dit M. de Pagès : « Nous reconnûmes une nouvelle côte, étendue de toute vue dans l'Est & dans l'Ouest. Les terres de cette côte étoient moins élevées que celles que nous avions vues jusqu'ici ; elle étoient aussi d'un aspect moins rude. » Voyage de M. de Pagès, tom. II, pag. 68.
  • 7. Premier voyage de Cook, dans la collection de Hawkelsworth, tom. II, pag. 42 de l'original.
  • 8. Si l'on peut compter sur les Observations des François que le Capitaine Cook a marquées sur sa carte, ou sur celles que M. de Kerguelen lui-même a publiées dans son Journal, cette Terre ne se prolonge pas à l'Ouest jusqu'au soixante-huitieme degré. Le Cap Louis, qui y est représenté comme la pointe la plus occidentale, se trouve placé à l'Est de ce méridien.
  • 9. M. de Kerguelen ne put croire, au retour de son second voyage, que le Cap Louis est la pointe avancée d'un continent austral ; car il trouva, durant ce second voyage, que le Cap François gît au moins un tiers de degré plus au Nord sur la même Terre. Au reste, on est sûr que M. de Kerguelen, n'a plus aujourd'hui cette opinion, il le dit expressément, en des termes qui font honneur à sa candeur & aux talens du Capitaine Cook. « La Terre que j'ai découverte est certainement une Isle, puisque le célèbre Capitaine Cook a passé au Sud, lors de son premier voyage, sans rien rencontrer ; je juge même que cette Isle n'est pas bien grande. Il y a aussi apparence, d'après le voyage de M. Cook, que toute cette étendue des mers méridionales est semée d'Isles & de rochers ; mais qu'il n'y a ni Continent ni grande Terre. Voyage de M. de Kerguelen, page 92.
  • 10. M. de Kerguelen, ainsi qu'on le voit dans la derniere note, est d'accord sur ce point avec le Capitaine Cook ; mais il ajoute : « j'en connois environ quatre-vingt lieues de côte, & j'ai lieu de croire qu'elle a environ deux cents lieues de circuit ».
  • 11. L'Editeur du troisieme voyage de Cook a fait ici une note pour observer que M. de Pagès, Officier de l'un des vaisseaux de M. de Kerguelen, affecte de ne point nommer le Commandant de l'expédition. Il lui reproche de ne l'avoir pas même cité dans la liste qu'il donne des Navigateurs François qui ont reconnu l'hémisphere austral, depuis Gonneville jusqu'à M. Crozat ; de vouloir s'approprier la gloire de la découverte ; d'avoir mis sur l'une de ses cartes, Isles nouvelles australes, vues par M. de Pagès en 1774. On sait d'où vient cette réticence, & j'ai cru devoir traduire seulement en abrégé la premiere partie de cette note de l'original. En voici la fin rendue d'une maniere littérale.
    « Il faut observer que M. de Kerguelen n'a pu achever la reconnoissance de la Terre qu'il avoit découverte ; il ne put, ni dans le second, ni dans le premier voyage, venir à bout de mouiller sur la côte. On a vu dans ce Chapitre, ainsi que dans le précédent, que le Capitaine Cook, rencontra moins d'obstacles, ou qu'il les surmonta d'une maniere plus heureuse. » Note du Traducteur.
  • 12. Dans l'original Goose grass.
  • 13. Dans l'original Mother Careys's Goose.
  • 14. Fig. 3, planche 8.
  • 15. M. Pennant lui donne le nom de Pentagonian Penguin, Voyez le Genera of Birds, table 14, p. 66.
  • 16. Voyez son Voyage autour du Monde, pag. 69.
  • 17. Voyage à la Nouvelle-Guinée, pag. 181, 182, tab. 113, 115.
  • 18. L'original dit Horny Crust, & il indique en note le Sheat bill de M. Pennant. Genera of Birds, pag. 43.
  • 19. Il y a dans l'original limpets.

Référence à citer

Capitaine COOK, Capitaine CLERKE, Capitaine GORE, Troisieme-voyage-de-Cook, archeographe, 2003. https://archeographe.net/Troisieme-voyage-de-Cook