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Rapports de la cour avec l'extérieur

Maison A V 10.Maison A VI 5.Maison A VII 4.Maison A VII 6.Maison A VII 8.Villa de la Bonne Fortune. L'étude du rapport de la cour avec l'extérieur permet de remarquer qu'elle est ceinte d'un mur de briques crues (herkos) lorsqu'elle est adjacente à une rue. Pourtant, on ne semble pas avoir cherché à l'isoler plus que nécessaire (A VII 6, A VII 4, A VI 5, A V 10, A VII 8 Villa de la Bonne Fortune) : ou l'atteint rapidement dans les maisons de la rangée Sud, soit directement (A VII 6), soit par un vestibule (A VII 4). Dans la rangée Nord, si le cheminement parait plus long, cela tient surtout à la situation de la maison dans l'insula et représente plutôt un inconvénient car l'entrée doit traverser les pièces d'habitat du Nord et en rompt l'ordonnance (A VI 5, b). Les maisons des rangées Sud, celles des angles de l'insula (A V 10) et les grandes maisons à péristyle (Villa de la Bonne Fortune) disposent assez fréquemment de deux entrées. D'ordinaire, l'entrée est double. Elle comporte une porte étroite pour les piétons, et une porte cochère qui permettait d'accéder à la cour avec des véhicules1 : on pouvait donc y remiser un chariot ou, selon Robinson, parquer des animaux, soit dans la cour même, soit dans un vaste enclos attenant dont nous savons qu'il était découvert (A VIl 8, h)2.Nous pouvons trouver quelque peu surprenant qu'on accède aussi rapidement à la cour, car elle est un espace important de la vie familiale. Plutarque, dans son essai sur la curiosité, nous donne une peinture truculente des activités de la cour3 .« Néanmoins, ce n'est pas l'usage d'entrer dans la maison de quelqu'un d'autre sans avoir d'abord au moins frappé à la porte ; mais de nos jours, il y a des portiers et, autrefois, les portes étaient munies de heurtoirs afin qu'on puisse avertir de son arrivée ; ainsi, l'étranger ne risquait pas de surprendre la maîtresse de maison ou les filles non encore mariées, ni de voir un esclave qu'on venait de corriger ou des servantes en train de pousser de grands cris ».Si la cour ne paraît pas, comme d'autres salles, caractérisée par une occupation définie, elle est pourtant le centre de la vie familiale. Le foyer est ailleurs, dans une pièce réservée à cette fonction4, et l'on n'a retrouvé que peu d'exemples de ces réchauds si fréquents sur d'autres sites. Mais la citerne, lorsqu'il y en a une, a sa place dans la cour, où les fouilles ont en outre mis au jour des restes de bassins, de mortiers, de pressoirs etc.Du passage de Plutarque nous déduisons quelle inconvenance il y aurait à surprendre la maisonnée dans ses activités. Le texte sous-entend aussi que, pour peu que le visiteur prévienne de son arrivée, on aura su rendre à la cour un aspect plus digne d'une visite. Ainsi remplit-elle aussi un rôle semi-public : on y reçoit l'étranger. S'il y a lieu d'avoir avec lui une relation plus approfondie, la maison dispose d'autres salles, comme l'andron, dont la destination est plus accentuée.

  • 1. Les traces de roues subsistent quelquefois dans le sol de l'entrée.
  • 2. Cela semble toutefois mal s'accorder avec le luxe de certaines maisons à péristyle (Villa de la Bonne Fortune, Maison du Comédien).
  • 3. Plutarque, De la Curiosité, 516 E - 516 F.
  • 4. Le foyer est toujours dans l'œcus. A Priène et à Collophon, le foyer est parfois dans la cour.

Référence à citer

Marc Heilig, Les fonctions de la cour dans les habitations d'Olynthe, archeographe, 2006. https://archeographe.net/Les-fonctions-de-la-cour-dans-les