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La chapelle St-Jean-Baptiste

En face du château actuel, de l'autre côté de la cour, s'élève le dernier vestige de l'ancien domaine de Mercy, la chapelle castrale St Jean-Baptiste. Elle fut construite en 1626 par Jean Bertrand de Saint Jure1, ainsi que le mentionne l'inscription surmontée des armes des Saint Jure qu'il fit placer au-dessus de la porte d'entrée : L’an mil six cent vingt six / Sieur Jean Bertrand de Saint Jure / [écuyer] seul seigneur de ce lieu / a fait bastir ceste chapelle / pour y célébrer le service de Dieu2.

Entre 1855 et 1870, du temps où elle occupait le domaine de Mercy, la famille du Coëtlosquet utilisait cette chapelle pour ses dévotions quotidiennes et y assistait à la messe, que venait dire le curé de Mercy deux fois par jour. Ce petit sanctuaire avait résisté à bien des conflits au cours des siècles mais il avait été fort endommagé au cours des combats de 1870. Il fut restauré et réaménagé par Maurice du Coëtlosquet. Il ouvrit une nouvelle entrée à l'ouest afin qu'on entre désormais dans l'axe de la nef plutôt que latéralement3. Il fit remonter à cet endroit le portail du XVIIe  s. de la chapelle de l'hôpital Ste Élisabeth de Metz, qu'il avait récupéré lors de la démolition de cette institution. Ce porche est le seul élément remarquable de cette chapelle, dont l'architecture se résume à un simple vaisseau couvert d’un toit en bâtière. Au sud, on voit encore les restes de petites salles qui lui étaient accolées.

L'intérieur est divisé en deux par le mur d'autel qui forme une sorte un jubé : l'espace sacré à l'est, celui réservé aux fidèles à l'ouest. Le vaisseau est éclairé par des fenêtres cintrées : deux au nord, auxquelles répondent deux autres au sud ; deux fenêtres semblables, de part et d'autre d'une baie centrale plus large, percent le mur est, derrière l'autel. Le plafond est soutenu par sept consoles de bois de chaque côté du bâtiment. Le vicomte Maurice du Coëtlosquet avait installé un autel néo-gothique provenant d'un autre sanctuaire et une chaire en chêne du XVIIIe s.

La chapelle apparaît à un niveau un peu inférieur à celui de la cour, à cause du nivellement de terrain effectué pour construire le château actuel. Il est surprenant qu'on ait accordé si peu d'intérêt à ce petit monument, alors que Maurice du Coëtlosquet y était très attaché et qu'il venait de le restaurer. Après la Seconde Guerre mondiale, les Canadiens le restaurèrent en 1955 et le décorèrent selon leurs goûts : le site officiel d'Ars-Laquenexy mentionne « une belle collection de saints « sulpiciens », parmi lesquels se trouve une statue de Christophe Colomb4 ».

Les tombes
La chapelle St Jean-Baptiste abrite les tombes des familles Saint Jure et d'Écosse, ainsi que celle du vicomte Maurice du Coëtlosquet.

Le tombeau des Saint Jure est à gauche de l’autel : deux plaques tombales encastrées dans le sol. Bien qu'elles soient trop abîmées pour qu’on puisse en lire entièrement les inscriptions, on distingue encore parfaitement les armes des Saint Jure : écusson ovale comprenant une croix à l'intérieur et surmonté d'une couronne, avec une licorne de part et d'autre. Les épitaphes sont reprises sur deux tableaux de pierre accrochés aux murs. Sur le premier, on peut lire :
Hault et Puissant Seigneur / Messire Charles de St Jure / Chevalier et Seigneur de Mercy le Hault. / né à Metz le 1er mai 1629. / décédé à Besançon le 13 avril 1673. / Son cœur repose en cette Chapelle.

Grande et Noble Dame / Anne de Ragois / épouse de Messire Charles de Saint Jure. / décédée à Metz et inhumé dans cette Chapelle / le 13 mars 1708.


Messire Claude de St Jure / Premier Capitaine du Régiment Royal de Cavalerie / décédé à Metz et inhumé dans cette Chapelle / le 21 décembre 1721. R I P

Sur le second :
Hault et puissant Seigneur / Messire Joseph de St Jure / Chevalier Seigneur de Mercy le Hault, / Lieutenant Général de la Garde du Roi de Bavière, / dit le Régiment du Prince Electeur, / Fils de Messire Charles de Saint Jure et de Anne de Ragois son épouse, / décédé à Metz et inhumé dans cette Chapelle le 28 août 1721.

Hault et Puissant Seigneur / Messire Jean Baptiste de St Jure / Chevalier Seigneur de Mercy le Haut / Maréchal de camp, Chambellan / Colonel Commandant le Régt des Gardes / de Son Altesse Electorale de Bavière / Fils de Messire Charles de Saint Jure et de Anne de Ragois, son épouse / décédé à Metz et inhumé dans cette Chapelle le 29 janvier 1721. R I P

Le tombeau de la famille d’Écosse se trouve aussi dans cette chapelle. Le site d'Ars-Laquenexy mentionne qu'Antoine d’Écosse, mort en 1842, y est inhumé.

Toutefois, le monument funéraire qui nous intéresse au premier chef est celui de Maurice du Coëtlosquet. Il s'agit d'une composition néo-gothique en pierre de Jaumont, adossée au mur sud, dans l'angle sud-ouest du bâtiment. Elle est composée de trois baies en arc en plein cintre polybé surmonté d'un gâble en accolade dont le sommet porte un fleuron d'amortissement. Les baies sont délimitées par quatre colonnettes à chapiteau feuillagé et surmontées d'un pinacle. L'ensemble repose sur un parapet formé de trois panneaux séparés par le fût des colonnettes et ornés chacun d'une couronne.

Une plaque de marbre blanc veiné de rose garnit le fond de chaque entrecolonnement. Le vicomte Maurice du Coëtlosquet, dont les obsèques s'étaient déroulées à Rambervillers, fut inhumé ici ; il fut transféré par la suite dans la tombe familiale au cimetière de l'Est de Metz. Son inscription funéraire, surmontée des armes de la famille, occupe la baie centrale ; les deux autres sont restées vierges. On y lit :
Ici repose / Joseph Charles Maurice / vicomte du Coëtlosquet, / fils de Jean Baptiste Maurice / vicomte du Coëtlosquet / et de Anne Caroline de Wendel, / Commandeur de l’Ordre du St Sépulcre / né à Metz le 1er avril 1836 / décédé à Rambervillers le 18 mars 1904 / et inhumé dans cette Chapelle le 2 août 1904 / Priez pour ce généreux bienfaiteur / de la ville de Metz / et de ses maisons religieuses. / Beatus qui intelligit super egenum et pauperem / in die mala liberabit cum Dominus. Ps. XL. / R. I. P.


  • 1. Fils de Claudon Bertrand, dit Saint Jure, qui avait fait reconstruire le château de Mercy vers 1570, Jean Bertrand de Saint Jure occupa un rang privilégié à Metz, où il fut maître échevin en 1602. Ses fils Jean et Charles font partie des enfants de qui sont présentés au roi de France Henri IV lors de son entrée dans la ville.
  • 2. Le mot écuyer fut vraisemblablement ajouté par après.
  • 3. L'emplacement du bénitier médiéval montre bien que l'accès à la chapelle se faisait auparavant par la porte où se trouve l'inscription : à droite du fidèle qui désirait y tremper les doigts pour se signer. Par contre, il était situé à main gauche de quiconque entrait par le nouveau porche.
  • 4. Le site officiel d'Ars-Laquenexy mentionne aussi « deux tableaux religieux représentant une Assomption et une abbesse ». Tableaux et statues ont aujourd'hui quitté la chapelle.