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Grandeur et déclin de l’évêché de Toul
Comme ceux de Metz et de Verdun, l’évêché de Toul fit d’abord partie de la Lotharingie1, avant de passer sous l’emprise du Saint-Empire au Xe s. Les Trois Évêchés dépendaient de la province ecclésiastique de l’Archidiocèse de Trèves. Jusqu’au milieu du XVIe s., ces trois principautés épiscopales restèrent au sein de l’Empire des États autonomes dont les territoires étaient extrêmement morcelés ; ils y formaient des enclaves francophones qui, assez naturellement, recherchaient la protection du royaume de France. Aussi furent-ils des enjeux de premier ordre pour les deux souverains. Dans ce contexte de rivalité, le roi de France Henri II soutint en 1552 les princes allemands protestants ; ceux-ci, en contrepartie, acceptèrent que les Trois-Évêchés soient placés sous tutelle française.
Ils furent définitivement annexés à la France en 1648, lors des traités de Westphalie qui mirent un terme à la Guerre de Trente Ans. Jusqu'alors, l’évêché de Toul avait joui d’un grand prestige, même s'il avait toujours connu quelque difficulté à conserver ses possessions territoriales face à ses voisins, l'évêque de Metz et les ducs de Lorraine et de Bar. Outre leur titre apostolique, les évêques de Toul portaient celui de comte de Toul car ils étaient les seigneurs temporels du comté depuis le Xe s. ; par la suite, ils ajoutèrent à leur titulature celui de prince du Saint-Empire.
En 1602 déjà, le duc de Lorraine Charles III avait porté un premier coup à l'évêché de Toul en cherchant à établir un évêque à Nancy. Cette entreprise échoua, contrecarrée par la France qui possédait les Trois-Évêchés et s'opposait à l'indépendance, aussi bien spirituelle que politique, du duché de Lorraine, mais le duc obtint néanmoins du pape Clément VIII l’érection d’un chapitre primatial qui relevait directement de Rome2. Avec les traités de Westphalie, l’évêché de Toul perdit peu à peu de son autorité et de son influence religieuse. Il fut démembré en 17783 pour créer les évêchés de Nancy et de Saint-Dié, puis supprimé en 1790 au profit de Nancy. En 1824, l'évêché de Nancy devint l'évêché de Nancy-Toul.
- 1. Constituée en 855, la Lotharingie est le royaume de l’arrière-petit-fils de Charlemagne Lothaire II. Après la mort du roi, ce domaine devait être en définitive rattaché au Saint-Empire sous Henri Ier l’Oiseleur en 923/925. Érigé en duché au début du Xe s., il fut divisé en deux à la fin du siècle : le duché de Basse Lotharingie (Pays-Bas entre Meuse et Rhin) et celui de Haute Lotharingie, qui deviendra le duché de Lorraine.
- 2. Malgré les Guerres de Religion, le règne de Charles III (1543-1608), duc de Lorraine et de Bar, fut une ère de prospérité pour le duché de Lorraine. Allié du royaume de France par son éducation et son mariage, mais aussi au Saint-Empire par sa mère Catherine de Danemark, nièce de Charles Quint, Charles III sut maintenir un certain équilibre entre le roi et l'empereur. Fervent catholique, il s'opposa au protestantisme et à l'accession au trône de France de Henri IV, jusqu'à ce que celui-ci se convertisse au christianisme.
- 3. La bulle d’érection de l’évêché de Nancy par le Pape Pie VI est datée du 19 novembre 1777 : elle fut enregistrée au Parlement de Metz le 18 janvier 1778.