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La cathédrale Saint-Étienne

L’édifice actuel est le sixième construit à cet endroit1. Le premier groupe épiscopal, édifié dans la seconde moitié du Ve s., comprenait trois églises, l’une consacrée à la Vierge Marie, la deuxième à St Étienne et la troisième, qui servait de baptistère, à St Jean-Baptiste. Entre 963 et 967, l'évêque Gérard entreprit la construction d'une cathédrale romane, qui connut plusieurs modifications aux XIe et XIIe s. On adopta vraisemblablement un plan roman-rhénan, avec un chœur flanqué de tours2.

La reconstruction gothique s'étend sur trois siècles, au cours desquels le bâtiment roman disparaît peu à peu. Elle commence dans le premier quart du XIIIe s.3 et s’achève en 1497. Les travaux sont exécutés en plusieurs phases entrecoupées d’arrêts assez longs. Comme souvent, la construction a commencé par le chœur. Le chantier en est entrepris avant ou pendant l'épiscopat de l'évêque Eudes II de Sorcy4 et s’achève en 1235. Le nouveau chœur, à cinq pans, est flanqué de deux tours qui sont un rappel de l’édifice roman précédent. A l’intérieur, celles-ci s’ouvrent en chapelles surmontées de tribunes. Cette conception originale permet d'accroître l'impression d'espace et contribue à la clarté de l'édifice. Le majestueux transept, édifié entre 1275 et 1297, jouit d’une belle luminosité grâce à de vastes verrières. Cette phase comprend aussi la dernière travée de la nef5, ainsi que le portail du cloître et ses premières travées. De 1333 à 1400 sont élevées les dernières travées de la nef, qui remplace peu à peu la construction romane. L'architecte Pierre Perrat est engagé en 1381 pour les voûtes6. La cathédrale de Toul adopte un plan de type basilical avec collatéraux et transept ; le chœur et son abside à cinq pans ne sont pas ceints de chapelles rayonnantes mais est encadrés de deux chapelles qui correspondent aux tours du « chevet lorrain ». C'est un édifice majestueux et équilibré, qui tient aisément la comparaison avec les plus belles réalisations de l'époque. A partir de 1400, le conflit entre les duchés de Lorraine et de Bourgogne interrompt le chantier pour une soixantaine d'années7.

  • 1. A cet emplacement s’élevait sans doute un temple romain, qui fut détruit par les Huns.
  • 2. La cathédrale de Toul est le modèle de ce type de chevet, appelé « chevet lorrain », que l'on rencontre en Lorraine, en Champagne et dans le pays rhénan.
  • 3. Ce premier chantier est entrepris vers 1221, peu après le début de la reconstruction gothique de la cathédrale de Reims, dont la cathédrale de Toul s'inspire.
  • 4. Eudes de Sorcy est le 48e évêque de Toul, de 1219 à 1228.
  • 5. La construction de cette travée était essentielle à ce moment des travaux car elle donne sa stabilité à l'ensemble.
  • 6. Pierre Perrat (1340-1400) travailla en même temps pour les cathédrales de Toul, de Verdun et de Metz. Il semble qu'il ait aussi conçu la reconstruction gothique du cloître de Toul.
  • 7. Ce conflit prit fin avec la mort du duc de Bourgogne Charles le Téméraire devant Nancy en 1477.