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Habitat et activité artisanale, suite.
Une seconde génération d'artisans reprend l'activité vers 180. Le potier Comitalis, qui a sans doute fait partie de la première génération, s'entoure de potiers de Trèves (Censor, Alpinus). Leurs moules et leurs vases sont souvent signés. Ces artisans réutilisent aussi des poinçons du premier atelier, ou les reproduisent. Cette officine se maintient durant une vingtaine d'années, puis cesse après un certain déclin. On continue pourtant à fabriquer sur le site une sigillée, ornée ou non, en même temps qu'une céramique ordinaire et des tuiles pendant le IIIe siècle, et peut-être encore au IVe1.L'industrie de la céramique s'était fortement développée sur le territoire des Médiomatriques2. Dans la région thionvilloise, à Hombourg-Budange Grande Corvée, une officine produisit une sigillée que l'on date de la 2e moitié du IIIe s., mais aussi de la terra nigra et de la céramique commune entre le IIIe et le Ve siècle. Parmi les artisanats qui utilisaient l'argile, on relève encore l'atelier d'un tuilier à Illange Vor Durrenbruch, qui s'est révélé par des fours, des ratés de cuisson, des tubuli et des carreaux de briques. La découverte à Montenach Leinstroff d'une tuile portant un décompte de journées de travail témoigne peut-être de l'activité d'un briquetier3.Le pays thionvillois ne limitait pourtant pas son activité à la céramique. Un peu partout on a mis au jour des traces de métallurgie4. On l'a rencontrée à Moyeuvre Grande et à Neuchef, où des fours, des ferriers et des fosses d'extraction l'attestent de façon certaine. L'art du verre, en particulier, est fort bien représenté au Musée de La Tour aux Puces. Les vases qui y sont exposés sont de belle qualité, mais leurs formes restent sobres, sans jamais faire preuve des prouesses techniques des verreries des musées de Trèves ou de Cologne.
Le commerce, enfin, devait être fort actif. La densité du réseau routier ne pouvait que faciliter des échanges très fournis et l'arrivée sur les marchés d'objets et de denrées importés5.
- 1. Les tuiles ont donné les estampilles de plusieurs artisans : Crecenti, Viva et Adjutex, qui travaille au début du IVe siècle.
- 2. Plusieurs grosses officines de sigillée ont été étudiées en Moselle : Chémery, Boucheporn, Blickweiler, Mittelbronn.
On pourra consulter sur ce sujet :
LUTZ Marcel, La sigillée de Boucheporn, XXXIIe supplément à Gallia, 1977, CNRS.
LUTZ Marcel, L'atelier de Saturninus et de Satto à Mittelbronn, XXIIe supplément à Gallia, 1970, CNRS. - 3. Cette tuile plate porte une inscription gravée au stylet avant cuisson :
cum Anaillo dies...
cum Tertio dies I
inbricis dies III
inbricem baiolandum mortari VI dies III
tegulae in campo Rassurae dies I
[P]atercli dies
Il s'agit d'un décompte de journées de travail que l'on traduit comme suit :
avec Anaillus --- journées de travail, avec Tertius un jour, trois jours pour transporter des tuiles creuses, trois jours pour six fournées d'argile dans un pétrin, un jour pour transporter des tuiles plates dans le champ de Rassura, un jour pour en transporter dans celui de Paterclus.
Cette découverte fut faite dans un endroit jonché de tuiles. Cf CA de la Moselle 57/1, p. 610, sv Montenach. - 4. Cela ne saurait surprendre dans une région où cette industrie fut prépondérante jusqu'à récemment.
- 5. La récente exposition Bliesbruck – Pompéi qui s'est tenue à Bliesbruck en 2007 a bien mis en évidence cet aspect des choses. Cf [->art147] sur archeographe.