Vous êtes ici
Le propos de cette exposition.
Sur le site du Parc Archéologique Européen de Bliesbruck-Reinheim, cette exposition inédite veut éclairer les découvertes faites sur l'emplacement d'une petite ville gallo-romaine et d'une villa aristocratique du nord-est de la Gaule à la lumière des découvertes du site de Pompéi, réel conservatoire de la civilisation romaine. De nombreux objets, parmi plus de 640 présentés, sont exceptionnels. Beaucoup de pièces ne sont en effet jamais sorties de Pompéi ; certaines, conservées dans les réserves du site italien, ont même été restaurées spécialement pour cette exposition1 Visiter Pompéi, c'est marcher dans une ville, avec ses rues pavées, ses trottoirs, ses alignements de façades, des enfilades de pièces et de jardins, et les décors, magnifiques ou modestes, de ses maisons. C'est retrouver le cadre de la vie romaine de tous les jours. L'éruption du Vésuve en octobre 79 de notre ère, et les cinq à six mètres de cendres et de lapilli retombés sur cette ville jusqu'alors ordinaire l'ont en effet scellée. Des siècles plus tard, elle sera découverte, extraordinairement bien conservée.La ville antique de Bliesbruck s'est au contraire transformée progressivement. Elle n'avait pas 50 ans lors de l'éruption du Vésuve mais a poursuivi son développement pour atteindre son expansion maximale deux siècles plus tard. Les archéologues tentent aujourd'hui de reconstituer la vie des Gallo-Romains qui y ont vécu. Les vestiges des bâtiments et les objets dégagés, s'ils demeurent précieux, constituent des traces trop souvent fragmentaires. Les éléments architecturaux et les objets complets de Pompéi permettent de mieux les comprendre. L'énigme du perroquet nous en donne une excellente illustration. Pendant longtemps, l'objet le plus mystérieux découvert à Bliesbruck fut un petit perroquet. Que faisait cet oiseau exotique dans cette bourgade, et sur quoi était-il perché ? L'exposition permet de résoudre ce mystère. En effet, dans la maison de Fabius Rufus à Pompéi, les archéologues ont retrouvé un vase en bronze en forme de panier ressemblant à une coquille d'escargot. L'anse est surmontée d'un perroquet2 perché sur une branche, tourné vers le bec du vase ; la tête est légèrement penchée sur le contenu du récipient. Le perroquet de Bliesbruck ornait sans aucun doute un récipient de ce genre. Dans l'exposition, les deux pièces sont présentées côte à côte.En dépit du décalage chronologique, le rapprochement entre ces deux villes de l'Empire romain est pleinement justifié d'un point de vue historique car leur territoire fut occupé de longue date3. Elles ont d'autre part été romanisées, Pompéi dès le IIIe s. av. J.-C. et Bliesbruck à partir du Ie s. de notre ère. Cette exposition permet donc d'aborder la romanisation progressive de la population de Bliesbruck-Reinheim et de sa région aux IIe et IIIe s.Le visiteur est invité à se promener dans une rue antique, à entrer dans une maison romaine de Bliesbruck et dans une maison de Pompéi, à découvrir la vaisselle de bronze et d'argent d'un coffre de Marcus Epidus Primus, à flâner dans le jardin au milieu des masques de théâtre... La présentation incite aussi à la réflexion, sur la pénétration de la culture romaine, sur les racines culturelles communes des Européens, sur la fragilité des civilisations... Un voyage dans le temps, avec le sentiment de pénétrer la culture et les valeurs romaines.Les pièces exposées et la scénographie plongent le public au cœur même de la vie quotidienne gallo-romaine, de ses rites, de son luxe parfois. Bien que la surface de Pompéi ait été trois fois supérieure à celle de Bliesbruck, toutes deux tiraient leur prospérité des terres environnantes. La demeure aristocratique de Reinheim peut ainsi être mise en perspective avec celles des riches propriétaires terriens de Pompéi. Toutefois, il ne faudrait pas réduire Pompéi aux fastes de ses grandes demeures, et oublier que cette ville était, comme Bliesbruck, surtout constituée de maisons d'artisans-commerçants qui exerçaient les métiers les plus divers.
- 1. Philippe Brunella, Conservateur du patrimoine pour la Conservation d'archéologie du Conseil Général de la Moselle et Directeur-adjoint du Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim, est le Commissaire executif de l'exposition "de Pompéi à Bliesbruck-Reinheim : vivre en Europe romaine".
Précisions sur l'illustration de cet article :
Les nombreuses photos du site de Pompéi, dues à E. Pierrez, n'appartiennent pas à l'exposition. Nous les avons choisies pour illustrer le propos.
Les objets prêtés par Pompéi pour l'exposition sont indiqués par la mention Surintendance archéologique de Pompéi dans la légende. Les photos des objets qui proviennent de Bliesbruck-Reinheim sont suivies de la mention Conservation de l'archéologie du Département de la Moselle. Beaucoup de ces photos ont été réalisées par M. Heilig, lors de la visite inaugurale organisée par le Conseil Général de la Moselle. Certaines, offertes par le Conseil Général de la Moselle, figurent sans auteur, mais avec les mentions sus-citées.Nous tenons à remercier la Surintendance archéologique de Pompéi et la Conservation de l'archéologie du Département de la Moselle, qui ont permis que nous prenions ces photos et que nous les utilisions dans cet article.
Nos remerciements vont aussi à Mme Dupuis-Rémond, qui dirige le service de presse du Conseil Général de la Moselle, et à toute son équipe, pour leur cordiale collaboration. Leur excellent dossier de presse fut d'une aide précieuse pour la rédaction de ce texte.
L'équipe d'archeographe, Emmanuel Pierrez et Marc Heilig. - 2. Les Romains connaissaient le perroquet, qui venait de la Perse et de l'Inde. Le phénix, symbole du renouveau, lui a emprunté sa forme et ses couleurs chatoyantes. La représentation d'un oiseau exotique n'est pas seulement décorative. Elle traduit aussi la volonté d'avoir chez soi des témoignages de l'ensemble de l'Empire, signe de ce besoin d'universalité qui caractérisait les Romains.
- 3. Occupations grecque, étrusque et samnite à Pompéi, celte à Bliesbruck.