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Histoire du site de Bliesbruck-Reinheim.

Base de colonne du portique de la villa de Reinheim. Le site se trouve dans la vallée de la Blies, un affluent de la Sarre. La rivière, sa vallée fertile et l'éminence du Homerich expliquent les installations humaines successives. Un habitat est attesté, en bordure de la rivière, à la fin de l'Age du Bronze. Au premier Age du Fer, il s'est éloigné de l'eau pour s'établir au pied de la colline. Au début de La Tène apparaît une classe dirigeante qui entretient des contacts avec les Grecs et les Etrusques, occupe des résidences fortifiées et contrôle les voies de passage1. Il était aisé de surveiller du sommet du Homerich la voie qui transportait, entre autre, le sel du Saulnois.
La position sociale de ceux que les Grecs appelaient Celtes et César Gaulois se traduit par la construction de coûteuses structures funéraires. L'élite2 était inhumée avec les symboles de son pouvoir. La richesse de la tombe mise au jour à Reinheim en 1954 est telle que la dame qui y reposait ne pouvait être que d'un rang élevé, « princesse » et sans doute aussi prêtresse. Plusieurs tombes, antérieures ou contemporaines, ont été découvertes à proximité par la suite, confortant l'hypothèse d'un pôle princier celte dans la vallée de la Blies. Cave d'une maison de Bliesbruck. L'agglomération gallo romaine de Bliesbruck est née un peu avant le milieu du Ie s. ap. J.-C3. Située sur une rivière et sur un axe routier, elle fut directement en relation avec les autres villes de la région, petites ou grandes comme Metz et Trèves. Profitant de ce réseau de communications et de l'organisation de l'espace urbain et agraire de l'Empire romain, elle se développa peu à peu. A la fin du siècle, on construisit un quartier public, avec un forum, des portiques et des thermes monumentaux encadrés de deux ailes de boutiques. Fouilles de la villa de Reinheim.Fouilles de la villa de Reinheim. Au nord s'éleva une vaste villa. Elle comprenait une résidence luxueuse et une grande cour rectangulaire bordée de bâtiments secondaires.
Villa et ville connurent leur phase d'extension et de prospérité maximales dans la première moitié du IIIe s. Peu après, la région subit le contrecoup des difficultés qu'éprouva l'Empire à contenir les mouvements des peuples germaniques. La ville fut détruite et brûlée vers 260-275. Une partie seulement fut relevée. Les thermes furent transformés en ateliers et en logements, et la villa perdit son caractère ostentatoire. Les habitants tentèrent cependant de maintenir le cadre vie antérieur. Vers le milieu du IVe s. intervinrent de nouveaux troubles, accompagnés de destructions ou d'abandons. On reconstruisit pourtant. L'occupation cessa au début du Ve s.

A partir du VIIe s., des populations franques s'établirent un peu à l'écart de l'ancien bourg gallo-romain. Il reprit vie dans la seconde moitié du XVe s. et dans la première du XVIe. car, comme l'attestent les fouilles et des textes juridiques, une partie des ruines des thermes devint un burg, une maison-forte. Au fil des vicissitudes liées à la Guerre de Trente Ans, aux conflits de réunion de Louis XIV et enfin à la Révolution française, Bliesbruck et Reinheim devinrent deux villages frontaliers, et la vallée de la Blies fut traversée par une frontière. Base de colonnette dans la cave d'une maison de Bliesbruck. Un rapport de droit de 1578 réglemente la propriété des objets de valeur découverts « au-dessus et dans la terre » : si sa valeur excédait cinq shillings, la trouvaille revenait au seigneur, sinon elle restait propriété de l'inventeur. La recherche systématique se poursuivit toutefois, puisqu'elle fut interdite à nouveau un siècle plus tard.
Les ruines antiques réapparurent d'abord à Reinheim, avec notamment des fouilles effectuées sur le bâtiment principal de la villa en 1806, 1809 et 1879. En 1952, l'exploitant d'une sablière découvrit un anneau de bronze et, deux ans plus tard, un manche de miroir en bronze qui se révéla être celui de la « princesse ». Cette découverte entraîna la fouille de sa tombe et de deux autres sépultures voisines.
On ne s'intéressa à Bliesbruck qu'en 1971, lorsqu'on se rendit compte que la sablière détruisait des vestiges gallo-romains, mais les véritables fouilles commencèrent en 1979, sous la conduite de Jean Schaub. Ce sauvetage fut programmé jusqu'en 1983. Les fouilles reprirent après l'acquisition du site par le Conseil Général de la Moselle, qui décida en 1985 sa mise en valeur avec le soutien de l'Etat. Les quartiers artisanaux ouest et est, ainsi que l'ensemble thermal, furent mis au jour et consolidés entre 1982 et 1994. Une petite ville apparaissait, parfait modèle de ces agglomérations de la Gaule qui constituaient, dans les campagnes, les relais des chefs-lieux, en l'occurrence Metz, centre de la Cité des Médiomatriques.
En parallèle, les autorités sarroises lançaient en 1986 un programme ambitieux de recherches et de valorisation de la partie allemande. Les fouilles de la villa débutèrent en 1987. Elle se poursuivent depuis chaque année. Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim. Quartier artisanal ouest. De l'amitié des archéologues, des responsables administratifs et des élus sarrois et mosellans est né en 1989 le projet du Parc Archéologique Européen de Bliesbruck-Reinheim. La première réalisation fut le pavillon muséal des thermes, inauguré en 1995. La seconde a été la reconstitution muséographique de la tombe princière de Reinheim, achevée en 1999. Le jour de son inauguration fut signée une convention qui permet une billetterie et des animations communes. En 2002, on ouvrait le parcours du quartier artisanal ouest. La villa de Reinheim, quant à elle, fait l'objet d'une mise en valeur et de restitutions partielles qui permettent de mieux saisir l'organisation de ce grand ensemble.
Dès la création du Parc, les promoteurs se sont fixé un objectif scientifique plus ambitieux encore, l'étude de l'homme dans son milieu naturel et dans son contexte historique de la Préhistoire au Haut Moyen Age. Après avoir établi de nombreux partenariats avec des universités et des institutions scientifiques, on mit en place un conseil scientifique commun aux deux parties du site. Le projet collectif de recherche pour la période 2006-2009 commence à donner des résultats qui font progresser les connaissances des archéologues de façon significative.
Symbole de la coopération entre le Conseil Général de la Moselle et la Sarre, le Parc Archéologique est exceptionnel à plusieurs titres. Les visiteurs peuvent approcher la vie gallo-romaine et des habitudes quotidiennes d'artisans et de boutiquiers imprégnés de culture romaine ; ils y voient aussi les témoignages de la vie prestigieuse des riches aristocrates pour qui fut construite une villa de dimensions impressionnantes. Centre de Ressources et d'Expositions du Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim. En cette année 2007, une nouvelle structure a vu le jour sur le site, le Centre de Ressources et d'Expositions, qui accueille la grande exposition inaugurale De Pompéi à Bliesbruck-Reinheim : vivre en Europe romaine. Certains équipements du centre ont été spécialement réalisés pour cet événement4.
Ce centre devrait offrir de meilleures conditions aux diverses animations. Le Parc reçoit en effet régulièrement des groupes scolaires et leur propose différents ateliers pédagogiques où les élèves se familiarisent avec la culture gallo-romaine. Une bibliothèque-médiathèque viendra compléter cet ensemble. L'objectif premier est de proposer un vaste panel d'expositions, de spectacles et de conférences. Le Parc Archéologique Européen de Bliesbruck-Reinheim conserve dans ses ateliers et ses laboratoires de nombreuses découvertes encore méconnues du public. L'idée est de restaurer ces pièces et de les présenter au travers d'expositions. Centre de Ressources et d'Expositions du Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim. -----Rue à Pompéi.

  • 1. Ce phénomène est attesté plus tôt entre la Bohême et la Bourgogne.
  • 2. Nous les appelons « princes » et « princesses » par commodité, mais ils pouvaient tenir leur position sociale de leur rôle économique, politique ou religieux.
  • 3. Nous ne connaissons pas, malheureusement, le nom de cette petite ville.
  • 4. Le CREX est implanté à quelques mètres de la frontière, au centre du Parc et à côté du restaurant Le Silène.